en une : Cours philo : Dieu

Sujet de discussion: "la formule de l'homme heureux de demain, ce sera le conformisme" que pensez-vous de cette affirmation?

Philosophie > sujets expliqués - Question simple
                
Bonjour,
J'ai un sujet de discussion à faire:

« La formule de l'homme heureux de demain, ce sera le conformisme. »
Que pensez-vous de cette affirmation ?

Cette citation est tirée de cet extrait de Jean Cazeneuve "Bonheur et civilisation" (1996):

"On pourrait ici reprendre la classique distinction établie par Riesman(1) entre trois étapes successives
dans l'évolution générale des civilisations. Jusqu'à une époque relativement récente, c'est-à-dire surtout
dans les sociétés archaïques antiques et médiévales marquées par une économie de pénurie où l'instinct
grégaire et celui de la survie régnaient par nécessité, c'était la tradition qui façonnait l'idéal des individus.
Chacun d'eux avait sa place dans le groupe comme l'abeille dans sa ruche, avec sa fonction, son but et, en
vérité, il n'avait pas à se poser de problèmes. C'est ce même type de vie collective que Bergson2 a bien
décrite sous le nom de «société dose». Dans ce contexte, on n'avait guère à se demander en quoi
consistait le bonheur, ou bien si l'on avait le loisir d'y réfléchir, on ne songeait qu'à une sagesse valable
pour tous et finalement à une sorte de félicité liée à l'accomplissement de la fonction sociale ou, à la
rigueur, humaine telle que la voulait la société.
La seconde phase, selon Riesman, commence à l'époque de la Renaissance, et c'est elle qui se prolonge
encore dans la plupart de nos pays, sauf dans ceux où, comme c'est le cas dans les régions les plus
hautement industrialisées des Etats-Unis, la civilisation de masse fait déjà poindre la troisième étape de
l'évolution. La différence entre cette seconde forme de civilisation et la première, c'est que l'économie de
pénurie y est peu à peu surmontée, en même temps que la population s'accroît Le poids de la tradition,
que justifiaient l'immobilisme du groupe et sa lutte collective pour la survie, est peu à peu rejeté, et
quand on entrevoit le règne de l'abondance et de l'expansion, chacun se lance pour soi-même dans
l'aventure de la vie. Bref, c'est le triomphe de l'individualisme, que le XVIIIème siècle érigera en doctrine.
On comprend que les théories du bonheur y aient fleuri, aussi diverses que prometteuses. Il n'y a plus de
règles rigides, plus de ligne de conduite assignée à chacun, de génération en génération, mais seulement
des orientations générales données par la famille et qui laissent une bonne marge d'action pour que
l'intérêt de chacun s'accommode de celui des autres ; il n'y a plus une collectivité, mais des personnes qui
ont à se forger leur propre impératif, leur but et leurs moyens, et à se faire leur place selon leur talent,
leur ambition et leur chance. [...I
Mais voici que commence la troisième forme de la société humaine, celle qui est au-delà du
traditionalisme et de l'individualisme, celle de la masse. Dans tes nations hautement industrialisées, plus
particulièrement dans les très grandes villes, surtout dans le Nouveau Monde et déjà partiellement chez
nous, on en voit se dessiner les traits principaux, et c'est en tout cas, si l'on en croit Riesman, vers ce type
de société que nous sommes en marche. L'homme ne sera plus formé par une éducation rituelle stéréotypée comme il l'était dans les sociétés archaïques semblables à la ruche ou à la fourmilière ; il ne
sera plus fortifié dans son individualité par une imprégnation familiale comme il l'était dans les sociétés
des siècles derniers. Il sera une sorte de robot pensant, soumis à l'action des moyens de communication, à
la télévision, à la publicité. Son caractère sera façonné non dans le foyer de ses parents mais dans le
milieu social, celui des gens de même âge, de même profession. Modelé sans le savoir par une collectivité
apparemment débonnaire, il sera autant que possible semblable à ses voisins, efficace et sociable comme
il se doit, et n'aura guère d'autre vocation que de se perdre dans la foule. Son idéal sera d'être intégré
dans le monde moderne, d'y acquérir le confort et d'étendre ses relations. Même dans ses loisirs, il
renoncera à sa personnalité et « suivra le mouvement ». Bref, la formule de l'homme heureux de demain,
ce sera le conformisme. La personnalité de base, c'est-à-dire l'empreinte culturelle, est donc en train de
redevenir aussi forte qu'elle l'était dans les sociétés archaïques, mais d'une tout autre manière. L'individu,
en effet, n'est plus transcendé par le groupe, il n'est pas plus soutenu par le mécanisme des traditions et
pas plus arraché à sa solitude qu'il ne l'était dans la phase individualiste; mais en même temps il n'a plus
vraiment son libre arbitre ni surtout son originalité, n n'est ni un élément d'une totalité organisée ni un
centre de décision personnelle, mais le reflet indéfiniment répété d'un être social anonyme."

1. Riesman : sociologue américain, auteur de La Foule solitaire.
2. Bergson : philosophe français (1859-1941).

Je suis en mathspé (classe préparatoire scientifique 2ème année). Le thème de l'année en français-philo est le bonheur.Les 3 oeuvres du programme sont "Le chercheur d'or" de Le Clézio, "Oncle Vania" de Tchekov et "La Vie heureuse, La briéveté de la vie" de Sénèque.
Je pense avoir trouvé une problématique répondant à la question:
Dans quelles mesures le conformisme permettra t'il à l'homme d'être heureux dans les prochaines années?
Mais je ne suis pas sûr du plan que je vais suivre et je ne vois pas trop où mettre en évidence les oeuvres du programme.
I- Le conformisme est un moyen de faire vivre une société dans le bonheur.
II-Le conformisme ne répond pas forcément au bonheur de chacun.

De quoi doit-on parler exactement?
Pouvez-vous me proposer un plan détaillé si possible?
Merci.
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