en une : Le lexique de français

Suffit-il de voir le meilleur pour le suivre ?

Philosophie > sujets expliqués - Question simple
                
Votre travail préparatoire me semble tout à fait satisfaisant : les idées
sont bonnes et vous avez le sens de l'analyse.
Il vous reste cependant à bien les articuler en fonction d'une problématique
précise, et d'un plan qui découle du problème que vous posez à l'occasion de
ce sujet. Il faut donc d'abord continnuer l'analyse du sujet jusqu'à ce que
cela vous conduise à voire une contradiction nécessaire (=problématique).
Ici le travail doit porter avant tout sur les termes de "voir" et de
"meilleur". Voir, certes peut signifier comprendre (saisir par
l'entendement), mais le terme grade quelque chose de son sens premièrement
sensible (par le vue, on voit certes l'objet, mais on en est séparé, on est
dans l'observation extérieure). De sorte que la question à poser est celle
de savoir s'il suffit en effet d'avoir simplement conscience (d'avoir une
IMAGE) de la possibilité de bien agir pour bien agir. Voyez en ce sens les
thèses de Spinoza : la connaissance du bien et du mauvais en tant qu'elle
vient simplement de la raison est impuissante par ele-même à réduire une
affection contraire (une passion). Voyez ainsi Ethique, IV, 18 scolie où il
rend compte de la contradiction éthique que résume un mot de Médée : "je
vois le meilleur et je l'approuve, je fais le pire" (vous retrouvez ici les
deux termes de votre sujet : et, puisque vous posiez une question à propos
des ex., il me semble que l'exemple de Médée rendue folle par la jalousie
qui la pousse à y sacrifier ses enfants est ici un très bon ex. qui vous
permet de confronter d'un côté l'idée d'un modèle d'action "morale" fourni
par la conscience et de l'autre la force des affects ou des passions qui
rend impuissant une efficace de la conscience morale).
Il faut cependant, en plus d'analyser le sens de voir de son sens sensible à
son sens intellectuel, se poser la question de savoir comment se définit le
meilleur, et s'il n'est pas ici question de l'agir moral. Ici alors faire le
meilleur signifie faire ce qu'il FAUT. La perspective de la compréhension
intellectuelle est dépassée et supplantée par celle de la volonté absolument
bonne qui n'a pas d'autre règle pour être bonne que d'être pure (cad
justement ne pas suivre un quelconque modèle de vertu donné dans
l'expérience ou par l'imagination). Sur ce sujet voir Kant.
Bien sûr, vous avez raison, un tel sujet qui concerne la définition du
meilleur ou la question de savoir quelle vie faut-il mener pour qu'elle soit
la meilleur, est un thème éminemment platonicien. Je cous invite à lire
l'échange entre Calliclès et Socrate dans le Gorgias (confrontation entre
deux genres de vie : la vie que mène celui qui se laisse conduire par ses
désirs/la vie que mène l'homme sage qui n'a qu'un but : l'autonomie ou la
maîtrise de soi).
Voilà donc quelques indications qui je l'espère vous seront utiles.
Bon courage.
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