en une : Cours philo : Dieu

La question de l'auteur au xxe siècle

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Bonjour Clémence,

Votre analyse n’a pas été suffisamment attentive et rigoureuse et je pense que les réflexions que vous me soumettez sont hors-sujet. Voici la lecture sommaire que je vous propose de la citation sur laquelle vous devez travailler :

« L'auteur moderne est nécessairement présent dans le champ de la représentation » + « dans la littérature comme dans les arts, se présentent des images » = on vous demande de vous pencher sur les figures de l’auteur représentées dans les œuvres, littéraires ou picturales (essentiellement), sur les images de la figure auctoriale que les textes et les œuvres picturales mettent en scène, construisent, montrent. Il vous faut donc trouver des exemples de représentation de l’auteur et les analyser (du côté de la poésie, c’est facile, « L’Albatros » de Baudelaire, « La fonction du poète » de Victor Hugo ; pensez à Musset, Confessions d’un enfant du siècle dont vous relirez la préface ; ensuite, il y a Proust, bien sûr; du côté de la critique, Barthes proclame la mort de l’auteur en 68, rien de mieux pour saper l’autorité).

Pour l’auteur de la citation (qui est-ce au fait ? cela peut être intéressant, voire important) les représentations de l’auteur dans la littérature du XIXe et du XXe siècles en font un être qui défie la représentation elle-même, si vous voulez l’art de la mimésis, mais plus largement, la création tout court, et l’autorité qu’elle est censée conférer. L’auteur dans ces images n’est pas un dieu mais un individu faible (vous pouvez décliner en faisant l’analyse notionnelle de l’autorité – pouvoir, puissance, force, droit, # impuissance, faiblesse, plainte, etc.), contrairement à ce que l’on pense communément, et d’ailleurs à l’étymologie (l’auteur est celui qui augmente, c’est le garant du sens, etc.), d’où le paradoxe.

Enfin, vous ne vous êtes pas posé la question méthodologique du plan qu’appelle ce sujet. Il ne me semble pas possible de faire l’économie de la discussion. Cette vision de l’auteur moderne comme anti-autoritaire, négation de la création et de la représentation, n’est-elle pas un préjugé ? A double titre. 1- Diderot dans Jacques Le Fataliste crée une figure d’auteur remettant en question la fiction au fur et à mesure qu’elle avance ; les personnages de Marivaux refusent l’autorité dans tous ces textes : tout ça avant la Révolution. La vision de l’auteur « moderne » que donne la citation est à revoir 2- C’est quand même la figure de l’auteur tout puissant qui domine au XXe siècle (le prophète, le démiurge, celui qui retrouve le temps, etc. Et si Barthes veut tuer l’auteur, c’est parce qu’il est fort et menaçant).

J’espère vous avoir éclairée et remise dans le droit chemin.

Eloïse
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