en une : Cours philo : Dieu

Bernous

SES (lycee) > sujets expliqués - 26/12/2007 - correction
                
Bonjour,

Vous ne nous donnez pas le libellé exact de votre sujet (est-ce "analysez" ? "commentez" ? ...) ; de plus, vous ne nous donnez aucune indication sur ce que vous avez déjà étudié en cours : sociologues, théories, faits sociaux, dont on attend sûrement que vous puissiez les utiliser à l'appui de votre argumentation. Pensez-bien a) qu'il n'y a pas de réponse unique à un sujet de dissertation b) que le même sujet peut être donné à des niveaux très différents d'apprentissage et que c'est bien pour cela qu'il est vraiment nécessaire d'avoir de votre part, en préalable, le maximum d'informations. Même avec un exemple introductif et un plan, il vous resterait l'ensemble de la rédaction à faire, sans succès assuré !

Sans aucun élément de contexte, je vais essayer de vous expliquer les enjeux du sujet.
Le principe de l'analyse sociologique est de s'appliquer aux faits sociaux ; seulement, le sociologue est lui-même immergé dans une société donnée ; toute la difficulté du travail sociologique consiste donc à savoir si, analysant des faits sociaux, le sociologue reproduit des préjugés liés à sa propre situation sociale, ou s'il parvient à des jugements scientifiques, objectifs en somme. Et cette difficulté est vraie qu'il s'attache à une société ancienne ou exotique, ou bien qu'il étudie la sienne propre.
Pour reprendre les mots du sujet, nous sommes tous, en tant que sujets d'une société donnée, porteurs de lunettes qui influent sur notre façon de voir le monde ; ce qui fonde la sociologie, c'est a) l'existence de ces lunettes et b) la possibilité de les retirer, ou de trouver un moyen de les contourner en partie.

ici la phrase assigne des lunettes...au sociologue lui-même, car le "on peut mettre l'accent" désigne son travail. De quelles lunettes s'agit-il ? La seconde partie de la phrase l'explicite, renvoyant au débat originel, central, fondamental de la sociologie ; entre la société et l'individu, qui est le premier, celui qui façonne l'autre ? Revoyez à ce sujet Durkheim notamment, qui a pris partie de manière très nette dans ce débat (et l'a constitué, en quelque sorte, dans la sociologie) mettre l'accent sur la force de la domination, c'est faire porter l'accent sur la société (car il ne s'agit pas là d'une domination par la violence, mais par l'intériorisation de schémas sociaux chez les individus, qui leur préexistent) . le mot "domination" renvoie clairement à la sociologie de Bourdieu, dont il faut connaître les concepts de base. L'autonomie de l'acteur vise "l'autre camp" aurait-on envie de dire, celle qui considère que les individus disposent d'une "autonomie", c'est-à-dire la capacité de "construire et de reconstruire les règles" (l'auto-nome vient du grec et signifie : celui qui se donne à lui-même sa loi) On est évidemment à l'opposé de la domination, car l'individu est créateur de règles, qui ne lui préexistent plus, qu'il peut changer et "reconstruire".

L'aspect un peu provocant de cette citation consiste à considérer qu'il ne faut pas choisir entre ces deux pôles, car chacun est de l'ordre de "la lunette", c'est-à-dire d'un outil, de quelque chose qui donne la vue, mais aussi qui transforme la réalité pour nous la rendre visible ; il n'y aurait donc aucune lunette de "juste", il s'agirait d'en porter l'une ou l'autre, mais selon quoi ? le besoin ? le goût (ce que Weber appelle le "rapport aux valeurs") ? l'utilité sociale ? le moment ? le résultat à démontrer. Ce point est l' "impensé" de la citation, son point de faille sûrement, car si les deux grands corpus sociologiques ne valent que comme lunettes, alors ne valent-ils pas rien, et la sociologie, un discours controuvé sur le monde ?
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