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Commentaire de texte

Philosophie > sujets expliqués - 04/12/2007 - correction
                
Bonjour,

Dans le cadre des prestations proposées ici, nous allons voir comment aborder ce commentaire de texte et en sortir les faits essentiels, ainsi que comment organiser la discussion. Vous pourrez ensuite, si vous le souhaitez, soumettre dans une autre demande de correction votre propre rédaction afin d’en obtenir une correction personnalisée.

Avant d’aborder un commentaire de texte comme celui-ci, il est d’abord bon de situer rapidement le contexte de l’extrait et de l’auteur, tout d’abord pour éviter d’éventuels contresens par rapport à la pensée de l’auteur, et ensuite pour aussi trouver des pistes d’interprétation en fonction de ses théories justement. Ici, le passage à commenter est un texte de Schopenhauer, philosophe allemand du XIXème siècle, qui a développé une philosophie relativement pessimiste et même parfois absurde, comme peut l’être sa vision du monde (qui est tout de même assez noire). Il ne faudra donc pas perdre de vue que sa vision des choses est pessimiste et ne pas par exemple voire dans sa façon d’aborder la Raison une confiance ou une croyance dans le développement positif de l’espèce humaine. Au contraire, elle n’est en aucun cas la garantie d’une quelconque supériorité, notamment vis-à-vis de l’intuition, plus spontanée, qui peut être de meilleur conseil. En théorie, le texte se suffit bien sûr à lui-même et ce sont vos capacités de lecture et de réflexion qui doivent vous guider dans l’interprétation et la recherche et l’explicitation du contenu, mais je vous invite en préambule à vous documenter un peu au besoin sur l’auteur et sa philosophie ; en plus d’une culture utile en dissertation, cela vous aidera à aiguiller vos dires dans le commentaire.

Avant d’en revenir au sens, voyons ce qu’il en est du plan : une première partie sera consacrée au commentaire du texte en lui-même ; il vous faudra commenter de façon quasi-linéaire, partie par partie (nous verrons ensuite pour le découpage plus précis de ces parties) en citant le texte par petits bouts (au final tout le texte devra être cité quasiment) et en l’expliquant ainsi, par petits bouts, au fur et à mesure ; une seconde partie sera consacrée à la discussion d’un thème majeur du texte, à la lumière de vos connaissances, en élargissant donc ce qui est dit dans le texte (l’idéal est d’aller dans le sens du texte avec des arguments complémentaires en premier, puis d’aller dans le sens de l’anti-thèse et d’aboutir à une solution motivée sur le problème posé). On peut aussi mélanger les deux aspects directement, mais je trouve cela plus dangereux, à cause de la tentation de discuter du coup directement l’avis de l’auteur, plutôt que de l’expliquer précisément, le reformuler et montrer comment on en arrive là dans la réflexion ; en effet, le sens du texte est important, mais aussi la façon dont la démonstration est construite. D’où l’importance également d’identifier les différentes parties du texte et la thèse.

Dans ce passage, Schopenhauer compare l’Histoire et la Raison : la seconde se trouve au niveau de l’individu et c’est elle qui le différencie de l’animal, par son rapport au temps, aux choses, à lui-même ; c’est ce qui lui permet d’avoir conscience d’un certain nombre de choses, de se situer, de pouvoir évoluer. A l’échelle de l’individu, la raison est donc essentielle pour en faire un être humain véritablement, conscient, en contexte, prêt à évoluer et réfléchir. Pour l’auteur, si l’on se situe au niveau d’un groupe, d’une société, ce rôle, cette fonction de mise en contexte et en situation, de prise de conscience et de compréhension est assurée par l’Histoire. La thèse de l’auteur est donc fondée sur ce parallèle, avec dans les deux cas un rôle presque identique, mais à des échelles différentes. Le texte peut en ce sens être découpé en trois parties :

1) du début à « désarmé et esclave » : passé l’énoncé de la thèse dans la première phrase, l’auteur revient en préambule sur la raison en elle-même et explique ce qu’elle apporte à l’homme par rapport à l’animal qui lui n’en a pas. Non seulement, grâce à elle, nous avons conscience du présent, de ce qu’il représente et arrivons notamment à le différencier du passé, mais en plus, mais nous arrivons aussi à nous y situer, à nous y projeter. Nous avons conscience de la succession des trois temps, passé, présent, futur et pouvons les différencier : cela nous donne un vrai pouvoir de compréhension et de décision, notamment en tenant compte de ce qui s’est déjà passé. Contrairement à l’animal, nous ne sommes donc pas totalement esclaves, nous décidons, comprenons, agissons dans un temps au sein duquel nous pouvons nous situer. Nous pouvons décider de changer certaines choses, de faire différemment, et cela nous est bien spécifique car même l’animal apprivoisé ne le peut pas (le simple contact de l’homme ne suffit pas) ;

2) de « de même » à « réfléchie et cohérente » : dans cette partie, l’auteur s’appuie sur la partie précédente et fait une simple extension de ses arguments, en passant du niveau de l’individu au niveau de la société : on ne parle alors plus de raison, mais d’histoire. Là aussi, c’est la connaissance et la consciences des trois temps qui permet à un peuple d’agir : sans passé, pas de conscience du temps et de possibilité d’évolution en fonction de ce qui s’est déjà passé ; un tel peuple est aveugle dans son évolution comme peut l’être un animal ; si nous avons la capacité de capitaliser, réfléchir, évoluer, cela ne sert à rien si nous n’avons pas la matière à laquelle appliquer ces facultés : notre histoire. Le parallèle est donc simple entre l’animal sans raison et le peuple sans histoire : pas de possibilité d’évolution raisonnée, de projection dans le temps, de conscience de sa situation à un certain instant. Un tel peuple ne peut savoir où il va, il ne sait pas d’où il vient : il ne se comprend donc pas, puisqu’il n’a pas les clefs historiques d’explication du présent. Comme un homme a besoin de raison pour avoir pleinement conscience de lui, un peuple a besoin de son histoire pour pleinement prendre conscience de ce qu’il est.

3) de « toute lacune » à la fin : après avoir étudié chacune des deux notions pour dresser son parallèle, l’auteur revient une dernière fois sur un rapprochement, basé sur le manque : une méconnaissance d’une partie de l’histoire d’un peuple c’est pour lui comme la méconnaissance d’une partie de sa propre histoire pour un homme, une lacune dans sa raison, parce lacune dans sa conscience. L’auteur étend donc ici la notion d’histoire et sa comparaison associée à la notion d’histoire personnelle, de mémoire de l’individu. Pour en arriver à cette extension de sens, cette image encore plus précise, Schopenhauer évoque les lacunes, mais aussi les souvenirs incomplets finalement : une trace, quelque chose d’incomplet qu’on ne peut analyser et qui pose question, à cause de notre raison finalement. Car ne pas avoir quelque chose est un point, mais s’en rendre en est une autre : l’animal ne sait pas qu’il n’a pas de raison, qu’il ne se rappelle de son histoire, mais en cas d’un tel manque, l’homme lui s’en rend compte, notamment s’il identifie des vestiges (physiques ou non, c’est reprendre le vocabulaire architectural de l’exemple de la fin du texte) ; c’est par cette approche, ce qui se passe grâce à l’histoire et sa prise de conscience par l’homme, mais aussi ce qui se passe quand certains de ses éléments viennent à manquer, que l’on se rend compte qu’elle est la conscience réfléchie (avec l’idée de retour) de l’humanité, des peuples.

Voilà pour une première explicitation du texte ; dans votre première partie, il vous faudra bien sûr aborder cela plus précisément, point de la démonstration par point de la démonstration, toujours en faisant ressortir bien sûr les arguments (et analysant les exemples), mais aussi en mettant bien en valeur la construction de la démonstration par l’auteur, c’est tout aussi important.

Pour votre introduction, il vous faut adopter la démarche suivante :

- présentation du contexte (auteur, courant, ouvrage) sans trop rentrer dans les détails toutefois ;
- introduction au sujet global, énoncé de la thèse (problématisation) et du découpage du texte retenu, pour montrer notamment la façon dont s’organise la réflexion ;
- formulation du thème qui sera discuté en deuxième partie.

Pour la deuxième partie (cf. façon de construire le plan ci-dessus), on peut envisager naturellement de discuter d’un problème lié à l’histoire ou à la conscience par exemple. Il faut reprendre une question, un problème du texte ; par exemple : « l’histoire nous aide-t-elle à mieux appréhender le futur ?» ou une question proche qui pose le problème du rôle de l’histoire. Ce n’est pas la question complètement centrale du texte, cela évite donc les redites et permet des discussions, car c’est quand même un thème que vous avez dû traiter en cours et sur lequel vous devez avoir quelques éléments théoriques à présenter et discuter. Il ne faut pas non plus que la question soit trop large ; la question du rôle de l’histoire, du passé et du présent, pour agir et décider quant à l’avenir, me paraît donc déjà un peu plus restreinte. Je vous donne quelques pistes de départ, à approfondir avec cours et lectures :

- la raison, la conscience nous permettent, avec la mémoire et la réflexion, de tenir compte du passé et cela nous permet de nous améliorer (ce point de départ est à la base issu du texte) : en quoi peut-on ainsi progresser ? en quoi est-ce utile (le côté vrai a déjà plus été abordé dans le texte) ;
- au contraire, n’a-t-on pas des exemples, des théories, qui nous montrent que certes cela peut modifier nos décisions, nos actes, mais toujours dans le bon sens ? ne vaut-il pas surtout que nos actes soient les meilleurs possibles ? cette influence ou capacité d’évolution est-elle forcément toujours bonne ? ne risque-t-on de se tromper encore plus par facilité du « copier-coller » ?
- n’a-t-on pas parfois tendance à trop extrapoler le passé, alors que justement toutes les situations sont différentes ?
- … à vous de voir en fonction de vos propres connaissances comment vous pouvez compléter et approfondir ou réorienter tout cela.

Voilà donc pour l’explication du fond du texte et quelques conseils méthodologiques.

Bon travail.
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