en une : Le raisonnement par récurrence

"desirer, est-ce nécessairement souffrir?"

Philosophie > sujets expliqués - Question simple
                
"Désirer, est-ce nécessairement souffrir?"

La première chose, c'est de travailler à l'élaboration d'une problématique, problématique qui orientera tout votre développement et qui appellera une conclusion. On voit par là l'importance du travail qui consiste à dégager le problème que suppose, pose le sujet, car c'est ce qui justifie le fait que l'on vous demande de faire une dissertation. Il ne s'agit donc pas, contrairement aux apparences, de répondre à une question (on n'a pas besoin de disserter pour fournir simplement une réponse). Tout cela pour essayer de vous faire comprendre que la question du sujet ne constitue pas en tant que telle un problème, car un problème c'est une contradiction nécessaire, c'est-à-dire une impasse, une véritable difficulté (deux choses contraires s'affirment en même temps). Et une fois que vous avez une mise en perspective problématique du sujet, il s'agit de construire des axes de réflexion (=le plan) qui soient les plus adaptés au traitement du problème (il s'agit de faire avancer votre développement et de justifier une conclusion).
Alors, ici, il s'agit d'abord de se demander comment les notions de désir et de souffrance peuvent être ainsi associées, et pourquoi, en même temps, cela pousse à une interrogation (vous devez ainsi dans un premier temps montrer comment "Désirer, est-ce nécessairement souffrir?" est une vraie question : pourquoi cette question se pose?). Demander vous ainsi si le rapport du désir et de la souffrance est premier, si quand on parle de désir, on doit parler aussi de souffrance. Pour fournir un premier élément de réponse, considérez le concept classique de désir (voyez d'abord Platon, le Banquet, 199d-200e) et voyez comment il se définit par rapport au manque : on désire ce que l'on n'a pas, ce que l'on n'est pas. Le fait même de désirer quelque chose que l'on n'a pas met le sujet désirant dans une situation contradictoire parce que le désir souligne avec plus de force encore le manque. Le désir, ainsi, rend le sujet doublement passif : d'abord par la tristesse que provoque le manque et ensuite par la force du désir qui peut prendre possession du sujet et dompter sa volonté (voyez sur ce thème Platon, Kant : comment le désir s'oppose à la volonté et à la raison) : le risque de se laisser aller au désir, c'est de se laisser dépasser, maîtriser par lui (voyez sur ce thème les stoïciens). Ainsi, si l'on montre que la nature du désir est passionnelle (voir sur la notion de passion, une anthologie de textes commentés : Les passions, par Mériam Korichi, collection Corpus, GF-Flammarion; dans la même collection vous trouverez un volume sur le désir), le fait de désirer rendant toujours le sujet passif, la notion de passion se trouve ainsi associée à la notion de souffrance (être souffrant, n'est-ce pas d'abord subir, être passif?).
Mais, si le désir peut en effet être une passion et rendre par là même le sujet passif, le désir est-il NECESSAIREMENT (terme du sujet qu'il faut prendre en compte et analyser) associé à une tristesse? (la question se pose dans la mesure où dans l'idée de souffrance, il y a certes l'idée de passivité, mais il y a en plus l'idée de tristesse). Le problème est ici celui de la satisfaction du désir; en effet si le désir se définit par ce vers quoi il tend, le désir tant qu'il n'est pas satisfait est tristesse; mais s'il ne se définit pas par son terme, c'est-à-dire s'il se définit comme le processus d'affirmation du sujet qui tend à s'approprier des choses, il n'y a ici nulle définition négative du désir (le désir est premier par rapport à son objet et c'est lui qui le définit, voyez Spinoza, Ethique, III, 9, proposition et scolie), et alors en ce sens le désir n'est pas nécessairement tristesse et passivité puisqu'il tend à s'identifier à une activité essentielle du sujet pour s'affirmer lui-même en s'appropriant des choses.
Toutes ces pistes sont à développer, et vous voyez en fait que ce qui est en jeu ici c'est la définition même du désir (passion? passion nécessairement triste parce qu'insatiable -voir Platon, le Gorgias-? tendance fondamentale de l'homme qui explique son activité même? Cette dernière perspective permet de mettre en avant l'idée (et de l'exploiter) que si on admet que le désir est fondamentalement activité, on êxplique mieux ainsi le fait que l'homme est lui-même le principe de la satisfaction de son désir : en effet, il peut se donner les moyens de créer les conditions favorables pour la réalisation de son désir).
Voilà donc quelques pistes à développer.
N'hésitez pas à demander précisions et/ou aide supplémentaires.
Bon courage

"
Documents attachés :    aucun document joint.