en une : Le raisonnement par récurrence

La contrainte constitue-t-elle, pour ma liberté, une fin ?

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"La contrainte constitue-t-elle pour ma liberté une fin ?"

Vous serez, en prépa, moins jugée sur le parcours que vous choisirez pour votre propos, que sur la cohérence avec laquelle vous conduirez votre démonstration pour répondre à la question que vous posez en introduction. La question est moins de savoir si vous faites fausse route, que de savoir si vous ne vous égarez pas en chemin...
Deuxièmement, vous ne devez pas parcourir tous les champs que recouvre votre sujet. Vous faites une dissertation, pas une thèse. L'essentiel est que vous annonciez la couleur d'entrée de jeu.

Pour le reste, voici quelques suggestions : Le terme de fin est problématique ici : faut-il entendre le terme, ou le but ? Il semble que l'énoncé nous invite à nous en tenir au second sens ("une fin"), mais ce n'est pas si simple, d'abord, tout simplement, parce que la contrainte est le contraire de la liberté, sa négation.

La contrainte met-elle un terme à ma liberté, ou bien en est-elle la destination ? Les deux significations ne sont pas si différentes : l'exercice de ma liberté me conduit à la reconnaissance de la nécessité dans laquelle je me trouve de respecter la liberté d'autrui... (voyez du coté de Locke, Hobbes surtout, Rousseau également : tous les théoriciens du passage de l'état de nature à l'état de droit, par la reconnaissance de la nécessité de sortir d'un état où chacun est un loup pour l'autre). En cela, la contrainte (celle qu'impose un tiers entre les mains de qui j'aliène ma liberté au nom de ma survie) constitue la fin de ma liberté, son but comme son terme.

Il est, pourtant, difficile de concevoir que la contrainte soit le but de ma liberté, que ma liberté culmine dans sa négation.
Songez ici à Spinoza, pour qui la liberté consiste non pas dans un libre-arbitre radical qui expose à l'entre-limitation des volontés entre elles sous le régime du droit... mais dans l'acceptation de ce qui semble une contrainte à celui qui pense sa liberté comme capacité d'être l'origine radicale de ses actions. La liberté pour Spinoza consiste dans la déconstruction du libre-arbitre, au nom de la saisie des causes réelles qui nous font agir comme on agit, et qui nous donnent l'illusion que nous sommes la seule source de nos actes. Dans cette perspective, la contrainte n'est pas la fin de ma liberté, mais ce dont ma liberté se déprend pour parvenir à elle-même. Il n'y a de contrainte que pour celui qui identitfie la liberté au libre-arbitre.

Je vous invite à articuler votre devoir autour de ces deux définitions de la liberté.

Bon courage, tenez-moi au courant. "
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