en une : Cours philo : Dieu

Commentaire-latin

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 12/01/2008 - correction
                
Bonjour,

Je vous avais déjà répondu pour une demande similaire en vue de votre préparation à l’épreuve de latin au baccalauréat. Je vous renvoie donc à ces éléments pour tout ce qui concerne la méthode et les conseils, et me concentre à présent sur le commentaire en lui-même.

On voit à nouveau très clairement dans cet extrait une opposition entre deux époques, une époque bénie, naturelle et quasi-parfaite, et une époque, plus moderne, devenue plus pervertie en quelque sorte. Là encore, l’homme et son évolution au sein de la société, d’une communauté, ont un rôle essentiel dans cette évolution, même si l’accusation n’est pas complètement claire et explicite. Là encore, il va falloir travailler sur cette opposition, qui correspond à l’idée majeure du passage, et bien étudier les oppositions, notamment lexicales toujours, en regardant comme les mots contraires sont renvoyés les uns aux autres. On peut alors construire un plan en deux parties qui reprend les deux thématiques principales du passage et qui s’articulent autour de ce problème :

1) une opposition entre deux natures, deux planètes Terre, sorte de passage d’un paradis à une Terre plus conforme à ce que nous connaissons, mais plus négative aussi d’un certain point de vue. Cela est annoncé dès la première phrase, même si on y parle d’abord des hommes, mais aussi très rapidement de la nature, du paysage, du cadre de vie finalement que l’on décrit dans cette première partie. Virgile nous décrit une nature riche et diverse (« pins », « eau », « montagne ») ; tous ces éléments semblent cohabiter sans pour autant se mélanger, ce qui donne une impression de pureté, comme si chaque unité évoluait dans son coin, pas d’agression entre les différentes sphères, pas d’interaction négative (« connaissaient pas d’autres rivages », « pas encore descendus sur l’océan »). La Terre produit par elle-même, elle donne juste ce qu’il faut aux hommes qui s’en saisissent sans autre agression ou violence (« fertile sans culture »). C’est comme si cette Terre tournait toute seule, que tout (y compris les cultures) se faisait tout seul : on a une image idyllique, parfaite, d’une nature qui se fait toute seule, au service des hommes dans le juste ce qu’il faut, une image positive et colorée (« fraise », « mûre », « gland », « arbousier »). Cette impression de douceur et de perfection est relayée jusqu’à la fin du passage par l’expression « printemps (pour la douceur) éternel » notamment (éternel pour le côté constant, qui ne peut pas s’arrêter, qui se fait tout seul). Voilà pour les idées principales qui doivent vous servir à commenter cet état d’âge d’or de la nature que Virgile nous décrit ici, à travers ces grandes caractéristiques. Pour la forme, étudiez donc le rendu coloré, le lexique des fruits et des plantes, l’utilisation des négations, encore très présentes (Virgile définit beaucoup par la négative pour appuyer autant sur ce que c’est que sur ce que ce n’est pas et pourra être ou sera).

2) mais ce côté parfait, rassurant, de la nature s’applique en fait aussi par reflet (et c’est un peu plus étonnant comme comparaison et description, on se l’imagine moins naturellement que pour la nature) à l’homme, à la société toute entière. Là aussi, beaucoup de descriptions par la négative, avec les mêmes effets que précédemment. Finalement, ce sont toutes les règles de la société, des sociétés actuelles qui n’ont pas cours ici : pas de justice ou de sécurité publique au sens institutionnel (structure établie, lois à appliquer etc.), tout se fait par régulation naturelle. C’est donc une société primitive, naturelle presque au sens de Rousseau, qui vit sans toutes ces règles. On voit notamment apparaître une vraie tolérance, une parfaite harmonie : pas d’armes, pas de guerre, pas de délinquance, donc de justice ou police. Remarquez l’opposition encore une fois marquée entre le lexique des fruits et plantes et celui de la guerre (qui va « clairon » à « soldats » et « armée »). Malgré tout, on parle bien de « mortels », donc ce n’est pas le paradis, le paradis des dieux par exemple, mais bel et bien une société humaine, dans laquelle tout semble se passer le mieux du monde, les choses s’écoulent pour reprendre la métaphore du ruisseau développée également dans le texte. Il y a parfaite correspondance et harmonie entre la Terre et les Hommes : on a une description en parallèle « la Terre …, les hommes » qui le souligne très bien, cette tournure étant utilisée plusieurs fois. Les renvois d’une phrase à l’autre sont nombreux : on a des mimétismes, on change les mots, le sujet mais le rythme, la construction restent identiques pour bien souligner le parallèle. On retrouve cette même opposition entre « soldats » et « repos des nations », juxtaposés.

Votre commentaire doit donc s’articuler autour de la vision du monde qui est décrite, selon les deux approches de l’auteur : l’homme et la nature. Ce sont les articulations entre ces deux approches et les nombreuses oppositions, les nombreux développements de champs lexicaux qui doivent ensuite en guider l’organisation interne, la transition entre les deux parties etc. Regardez aussi si vous avez des éléments dans vos cours la versification des vers pour en étudier un peu les mouvements et encore une fois les parallélismes, oppositions etc. Le commentaire est finalement assez proche de celui du texte précédent, en étant dans la parfaite continuité.

Bon courage pour la suite de votre préparation.
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