en une : Le raisonnement par récurrence

Flaubert

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 17/12/2007 - correction
                
Bonjour,

Je suis déjà content de voir que notre travail de la dernière fois a pu vous aider dans votre rédaction. Pour répondre à votre demande, nous allons donc reprendre ce travail d’organisation des idées pour vos deux autres parties, en voyant comment agencer les idées et rendre cela dans des phrases alliant le texte et l’analyse, comme le demande le commentaire composé.

Commençons donc par la première partie. Votre premier point est très bon, à condition d’insister juste un peu plus sur la description de la bourgeoisie : elle est bien celle du XIXème siècle, souvent dans le commerce, le négoce ou l’artisanat ou encore l’industrie, en plein essor à l’époque. Etre pharmacien à l’époque, c’est posséder son propre commerce donc son outil de travail et être un des notables de la ville ou au moins du quartier, car les pharmaciens sont utiles et importants pour tous et pas si nombreux. Sinon le reste est exact ; là encore, commencez par introduire les choses les plus évidentes et générales pour aller dans le détail, en liant bien les différents arguments : « Cet extrait est avant toute une description fort précise de ce que pouvait être la bourgeoisie française au XIXème siècle. Ce cadre est dépeint avec force précision, autant de détails qui seront utiles pour comprendre le fond de la pensée de l’auteur et des événements par la suite. Flaubert décrit ainsi le cadre temporel précis du tableau, puisque nous avons que la scène se passe « à six heures du soir » et surtout que les pensées de Léon font référence au dîner «la veille ». Tout autant de détails nous sont donnés sur le lieu, puisque l’on apprend très rapidement que la famille Homais et son entourage évoluent dans une « auberge » de « Yonville », dans la région de « Rouen ». Autant de détails spatio-temporels qui nous aident à mieux imaginer la réalité des protagonistes, réalité bien vite complétée par la description de leur milieu social, celui de la bourgeoisie du XIXème siècle. On retrouve en effet dans les personnages les principales caractéristiques de ce milieu comme la profession, puisque le neveu se destine à devenir « pharmacien », donc commerçant possédant sa propre boutique, et que Léon est clerc. Ils ont tous deux également avant leurs études reçu une bonne éducation, et on disait ainsi de Léon qu’il avait « des manières comme il faut ». Ils sont également reconnaissants envers leurs hôtes et adjuvants, en gardant par exemple leurs « marmots » » etc. Voilà donc pour commencer sur ce point en allant vers les idées progressivement, en les reliant entre elles, en alliant dans vos explications fond et forme, vous connaissez maintenant bien la méthode. Vous pouvez ensuite rebondir sur votre idée du réel et même très exactement du « réalisme » en fait pour employer le terme littéraire qui correspond bien à la littérature de l’époque. J’ai commencé à l’aborder très rapidement dans une phrase ci-dessus, mais là encore, comme la dernière fois, je vous conseille de mener un peu plus en parallèle les études de fond et de forme ainsi que leurs interprétations communes. Par exemple, vous pouvez très logiquement parler de l’effet de réalisme déjà juste après l’évocation du cadre spatio-temporel, et ensuite montrer que la description du milieu bourgeois vient renforcer ceci. Ensuite, vous pouvez approfondir ce point avec votre idée de la galerie de portraits, c’est aussi bien vu. Mais introduisez la notion de réalisme plus tôt dès les premiers indices, pour éviter de lister les indices assez divers d’abord et d’interpréter un peu tard, surtout en début de devoir : le trop descriptif peut inquiéter le correcteur. Ainsi, en analysant plus tôt, vous le rassurez tout en pouvant ordonner correctement vos idées. Ensuite, effectivement, vous pouvez rebondir sur votre idée de galerie de personnages en enchaînant sur la notion de point de vue omniscient jusqu’à l’idée du passé d’Homais (rien à redire sur ce point, vous avez les bons indices : discours indirect libre etc.). Dans ce troisième point, vous avez bien mélangé si je puis dire les indices stylistiques (points de vue, types de discours etc.) pour dégager juste après les idées théoriques qui s’en dégagent. Faites donc juste de même en 1. et 2. en associant un peu plus ces deux parties, et ce sera parfait. Pour ce dernier point, là encore, vous pouvez vous orienter vers une rédaction du type : « Toute cette précision, toutes ces descriptions sont également rendues possibles par l’utilisation du point de vue omniscient. Ici, le narrateur sait tout, aussi bien lorsque Léon se pose « comment il a bien pu lui exposer … » que lorsque Homais se retrouve désoeuvré, désespéré avant d’aller au tribunal. Dans le premier cas notamment, les paroles au discours indirect libre nous montre combien le narrateur sait tout de ce qui se passe dans leurs esprits et nous le fait partager pour mieux nous faire comprendre les mentalités de cette classe sociale (développez ici par l’exemple de l’honneur en recueillant son pauvre neveu ou la peur et l’honneur lorsqu’on est évoqué pour exercice illégal de la médecine). » Ainsi vous faites une transition entre la description et le milieu social et ce nouvel indice qui va plus loin dans l’interprétation : « mais cette utilisation des points de vue nous permet également d’avoir une vue plus globale du tableau, et surtout des personnages » etc. En résumé, vous avez bien vu l’essentiel et vous acheminez bien vers le type d’organisation des idées qu’on demande en commentaire composé, c’est bien. Juste encore un petit approfondissement en début et de partie et la poursuite du travail sur la rédaction qui intègre le texte dans vos propres phrases, et ce sera vraiment très bien.

Passons à la dernière partie à présent. Votre point 1. est très bon : vous êtes tout à fait dans ce que l’on demande : relever les indices de forme et les idées de l’auteur, les faits pour aboutir à des conclusions, en somme une vraie une démonstration, et vous commencez par le plus général, le plus flagrant : c’est un très bon début de troisième partie. Au niveau du fond simplement, vous pouvez je pense même aller un peu plus loin dans l’interprétation sur les « marmots » : il y a l’idée que cela vient de leur mère, de la naissance, que c’est héréditaire et que pour la bourgeoisie comme pour la noblesse, la transmission des traits de caractère et des façons d’être, la mentalité, est héréditaire. Il y a je pense un petit point à faire là-dessus. Mais le reste est très bien. La fin de votre 1., en plus développé bien sûr, est un bon début de rédaction : reprenez les propositions de phrases de la dernière fois et celles de ci-dessus et vous verrez qu’en étoffant un peu, rédigeant un peu plus, vous êtes tout à fait dans la bonne démarche. Même remarque pour le second point : idées mises dans un ordre très judicieux, bon relevé d’indices, bonnes analyses, là encore, vous avez même un début de rédaction : je ne vais pas multiplier les exemples de phrases, vous avez compris je pense et avez déjà plusieurs exemples mais c’est tout à fait cela qu’il faut faire. Simplement, en terme d’interprétation, je serais peut-être juste un petit moins « radical » ou du moins tranché que vous sur l’interprétation du manque d’engouement et engagement de Léon : les jeunes avaient certes cette attitude à l’époque, notamment en politique, mais la maîtrise des bourgeois faisait que c’était déjà beaucoup plus contenu, sauf si le jeune essayait de se libérer, s’éloigner du milieu, sorte de contestation, ce qui n’est pas le cas ici : c’est plutôt un respect conformiste pour ceux qui vous permettent de vivre bien, un respect que l’on ne peut pas casser. Le conformisme bourgeois passe par la maîtrise, le « self-control » dirait-on aujourd’hui. Dernier paragraphe : même remarque à nouveau ! Bonnes interprétation, bonne liaison fond / forme, il ne reste plus qu’à mettre tout cela en phrases plus développées et tournées stylistiquement parlant, mais il y a là un très bon début.

En résumé, je crois que vous avez très bien compris les règles du jeu et je note que vous avez encore franchi une étape dans la progression depuis la dernière fois, c’est bien. Mis à part quelques détails, dans la première partie notamment, vous n’avez pas de souci à vous faire, vous avez là la matière et la méthode pour finir de rédiger un très bon commentaire, exhaustif, méthodique et bien mené.

Bon courage pour cette dernière phase.
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