en une : Le raisonnement par récurrence

Niveau bts synthèse de document

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 20/11/2007 - correction
                
Bonjour,

Après ces petits problèmes techniques, je reviens donc vers vous pour une réponse à vos questions (et suis au passage très content que les éléments fournis puissent vous aider dans votre préparation à l’épreuve de français qui est c’est vrai exigeante en BTS).

Je commence donc par un retour sur chaque texte dans le cadre du sujet :

• Texte 1 (d’Albert Jacquard, généticien) : l’auteur s’interroge ici sur le progrès scientifique et son côté « positif » ou « négatif ». Le progrès scientifique est-il bon ou non ? c’est-à-dire profitable à tous les hommes, sans remplacer un danger ou un problème par un autre ? Il s’interroge à l’aide de nombreux exemples qui font tanguer l’avis d’un côté puis de l’autre. D’un côté, les maladies ou la misère ont été réduites, avec de petits miracles même parfois ; de l’autre certaines applications sans doute trop extrêmes de progrès scientifiques le font passer pour mauvais, car ce qu’il a apporté, il l’a repris d’un autre côté. Mais la question de l’application des découvertes scientifiques à l’ensemble de la société n’est pas vraiment pas simple à trancher, puisque les scientifiques eux-mêmes s’y perdent et ne savent pas toujours comment faire vis-à-vis d’un tel problème moral. Aujourd’hui, il semblerait donc y avoir les pour et les contre, ceux qui veulent aller plus loin et ceux qui craignent ; mais la réponse est sans doute entre les deux. De toute façon, avant de condamner les progrès issus de la science, il faudrait commencer par s’interroger sur la définition du mot « science ».  il y a donc toujours à risque dans le progrès ; tout semble ici dépendre de la façon dont il est appliqué et pensé suffisamment en amont, du but que l’on donne à la diffusion du progrès à grande échelle. Mais il peut toujours être quelque part mal utilisé, même si les intentions de départ sont bonnes et les problèmes attaqués véritables.

• Texte 2 (de Zola) : la science prend du temps, le progrès n’est pas immédiat, ce qui est souvent pour beaucoup difficile à comprendre : pourquoi si l’on sait que la recherche peut amener à telle amélioration n’a-t-on pas la solution de suite ? Pourquoi le fait de penser, d’être presque sûr que quelque chose pourra en ressortir ne permet-il pas de donner une échéance et une solution plus vite ? Ce qui est frustrant pour beaucoup, c’est que le progrès est plein d’espoir, mais d’un espoir de long terme, très méconnu et peu prévisible. C’est souvent cela qui est difficile à comprendre. Le cycle de temps du progrès n’est pas forcément celui de nos pensées, c’est le premier point. Le second point est que cela engendre beaucoup de déceptions et au final de doute, de méfiance (« est-ce vraiment sérieux alors ? »). La science est ici opposée à la croyance, deux façons de vivre dans le monde parfois dur qui est le nôtre, deux façons d’y trouver de l’espoir. Le problème est que les croyances sont plus séduisantes bien souvent, et peuvent se permettre du point de vue de la crédibilité et du sérieux, des choses que la science ne peut pas. Ainsi, beaucoup préfèrent les croyances, qui les pervertissent en quelque sorte en ne leur permettant pas toujours de rester complètement lucide  le danger est aussi que les gens en demandent trop aux progrès et en fonction de leurs espérances propres (ce qui est humain) en détournent les résultats vers des champs secondaires, voir pas appropriés du tout.

• Texte 3 (de Bruno Escoubès) : le progrès est en marche, il ne cesse de se faire, et tout ce qui se développe autour devrait permettre une acceptation de tous les progrès, rendus « présentables par les scientifiques ». Le problème des risques et du progrès est en effet très lié aux rapports entre scientifiques et grand public, à la perception et la compréhension des choses que peut avoir ce dernier. Très souvent, il s’agit en effet d’appréhensions, de craintes, qui peuvent être débattues, expliquées, contrecarrées. C’est dans cette optique que ce sont développés les moratoires, sortes de grandes discussions publiques dont le but est de statuer sur ce qui peut être fait d’un point de vue scientifique (recherches, applications etc.) ; le clonage est un exemple parlant : on regarde ce qui s’est fait, ce qui existe, ce que l’on peut encore faire ou essayer et ce qui paraît moralement possible dans le cadre de la société dans laquelle nous évoluons. Le moratoire est vraiment à la frontière entre la science et la société car il oriente le progrès vers ce qui peut être accepté et/ou est souhaité par la société, pas uniquement par des critères purement scientifiques au sens habituel. Ces démarches sont aussi le résultat de quelques grands accidents passés qui ont beaucoup marqué l’opinion. La crainte du progrès est ici souvent une question de mentalité qui peut être en partie réglée par la communication au sens large sur les méthodes scientifiques, les risques etc. Ce type de démarche – les moratoires – permet une régulation entre la science et la société en terme d’orientation du progrès, selon qui peut se faire et ce qui peut être accepté ; on est dans le compromis et les mentalités.

• Illustration d’un roman de J. Verne : (analyse un peu plus complexe car je n’ai pas la couleur !) : le risque permet des choses autrefois inenvisageables et notamment des productions incroyables mais il y a aussi un côté très impressionnant à la chose, notamment pour les gens qui travaillent autour (peur, conditions de travail etc.). Le risque du progrès est donc parfois très concret : il ne s’agit pas de dégât écologique ou de contamination ou problèmes de santé à grande échelle, mais cela peut tout simplement nous concerner au jour le jour dans notre quotidien. Le progrès est donc très proche de nous et ne fait parfois peur que pour des enjeux à grande échelle alors qu’il est parfois beaucoup plus près sans qu’on s’en rende compte.

Si on revient à la problématique que vous indiquez (« peut-on contrôler les risques inhérents au progrès ? ») on voit que l’approche proposée ici est une approche très sociétale, i.e. basée sur les mentalités, les relations entre le « quidam » et le scientifique et l’évolution récente de celles-ci suite à quelques grosses catastrophes technologiques ou de grandes angoisses. C’est également du coup le problème de l’application au sens large qui est posé : est-ce le progrès, les découvertes qui sont dangereuses ou l’utilisation que certains veulent / peuvent en faire ?

Les informations fournies par les documents peuvent alors, à partir des informations extraites plus haut, s’organiser par exemple comme suit :

1) Les risques inhérents au progrès restent à considérer d’un point de vue sociétal plus que scientifique dans la mesure où certains points sont identifiés comme des risques par la société elle-même, plus que par la science qui en général va vers les avancées les plus rapides et/ou qui semblent les plus prometteuses avec des idées de progrès positifs avant tout (docs 1 et 2 pour la frontière entre les deux puis 3 aussi) ;

2) Le contrôle des risques se faisait avant en interne au monde scientifique en quelque sorte ; depuis que quelques grandes catastrophes sont arrivées, l’opinion publique et la société en général ont pris davantage les choses en main : discussions, contrôles, moratoires etc. (doc 3 bien sûr mais aussi quelques éléments dans le 2 et le 1 avec les pensées et réflexions de tout un chacun sur ces points, même si c’est sujet par sujet, sans forcément de vision globale) ;

3) Même avec ce nouveau type de contrôle qui se fait en fonction de critères sociétaux plus que technologiques, il restera toujours un risque lié à l’homme lui-même ; bien sûr, le progrès fait souvent peur, mais consciemment ou non, beaucoup accentuent le risque ou le provoque : méconnaissance des domaines scientifiques, trop d’espoirs placés en la science ; confusion et/ou remplacement par la croyance ; volonté de tout faire aboutir trop vite, d’aller à l’encontre de ce qui était naturel, de ne pas être dans une démarche qui relève du continu etc. (doc 2 bien sûr mais aussi doc 3 avec notamment la façon dont sont fixés les limites).

L’image n’est pas très nette pour moi, il m’est donc plus difficile de l’associer précisément à ce qui précède, mais dans la partie 3, il me paraît par exemple intéressant de dire qu’on peut tous aussi être tentés d’aller toucher le progrès du doigt et se brûler les ailes, mêmes si les intentions de départ n’étaient pas mauvaises. En résumé, on montre en 1) que le contrôle des risques est aujourd’hui plus moral et social que technique, en 2) que ce contrôle se fait au niveau de la société par des outils développant les liens avec la science et établissant toutes les frontières qui doivent l’être (et de ce point de vue il semble possible de contrôler tout ce qui est risque pour la société, car n’est risque que ce qui est perçu comme tel par les individus) et enfin en 3) qu’à l’échelle de l’individu, tout peut se compliquer et même parfois dégénérer, être beaucoup moins sous contrôle. La question est alors : le premier niveau est-il suffisant au sens où il permet de stopper les principaux risques et les plus nombreux ? (les documents n’apportent pas vraiment de réponse à cela, ne traitent pas trop ce sujet, c’est plus une ouverture qui vous montre en même temps la limite de ce qui est abordé ici).

La principale difficulté ici je pense est que les textes couvrent des domaines très larges, et parfois assez différents de l’un à l’autre ; il n’est donc pas forcément pas facile de faire se recouper les documents de façon claire et évidente (le piège est un peu de faire dominer un texte dans une partie ; il faut donc dans ce cas précis se forcer à aller voir dans les autres des exemples précis ou des arguments complémentaires ; pour le 2 par exemple, ce nouveau mode de contrôle / concertation est bien décrit dans le doc 3 mais le doc 1 décrit ce qui passe dans les têtes des personnes, même si le rendu est plus diffus, plus personnel et moins voyant, de même dans le doc 2). Même si c’est bien la qualité de l’argumentation et du résumé qui compte beaucoup, il faut malgré tout essayer de synthétiser le tout en liant les documents ensemble, mais les liens seront plus faciles à faire une fois un premier jet fait sur papier ; vous verrez alors sans doute mieux comment regrouper éventuellement certains points.

En résumé, la différence sur un tel sujet se fait je pense plus sur l’organisation des idées et la façon dont vous rendez les avis donnés dans des textes aussi différents pour répondre à la problématique plus que sur la compréhension des textes, qui pris séparément, ne posent pas trop de problèmes de compréhension je pense. Il vous faut donc vous concentrer sur le croisement des textes, leur complémentarité et la façon dont vous pouvez les associer dans chaque partie.

Bon courage.
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