en une : Le raisonnement par récurrence

Synthèse de document type bts

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 29/09/2007 - correction
                
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Bonjour,

Les prestations que nous proposons pour ce genre de sujets sont de deux types : soit une aide sur le sujet « en amont », c’est-à-dire une aide à la définition du sujet, compréhension des documents, élaboration du plan et des arguments, soit une relecture, une correction personnalisée du travail rédigé et achevé que vous avez réalisé. Notre but est de vous aider à acquérir méthode et réflexion sur des sujets il est vrai paraissant ardus au départ, mais que très souvent vous avez toutes les compétences pour traiter à l’aide de quelques conseils méthodologiques généraux réutilisables dans un autre cadre et de quelques explications plus précises sur les points difficiles. Dans le cadre de cette réponse, je vous propose donc de procéder ensemble à une analyse du sujet et de commencer à construire le devoir. Ensuite, une fois celui-ci rédigé, vous pourrez toujours en complément, si vous le souhaitez, nous poser une nouvelle question ayant pour but d’obtenir une correction personnalisée de cette rédaction.

Tout d’abord, d’un point de vue méthode, il faut d’abord étudier chaque document séparément, en essayant d’en comprendre les idées principales, puis dans un second temps de synthétiser les idées en relation avec le sujet. Cette étude document par document est un « investissement » pour la suite du travail : une fois les textes vus dans le détail et les arguments majeurs notés, citations à l’appui, vous pouvez alors croiser les idées pour regarder ce qui pourrait constituer une grande partie de votre argumentaire. Par exemple, si le sujet est une question de type « pourquoi », l’analyse des documents va vous permettre de lister différents arguments que vous pourrez classer en grandes catégories de causes (parce que 1) puis 2) etc.)).

Appliquons cette méthode au corpus ici proposé en regardant d’abord chaque document, dans l’absolu pour bien le comprendre, puis avec le sujet plus précisément en tête.

Doc 1 : c’est une lettre de Madame de Sévigné, grande observatrice (et aussi parfois critique) de la Cour du Roi ; sur la forme, il faut se souvenir qu’elle écrit ces lettres à sa fille qui habite en province. Malgré sa volonté d’être donc une mémoire fidèle de ce qui s’y passe, elle cherche aussi à divertir sa fille, et au passage à égratigner tel ou tel ou au contraire louer tel ou tel ; son avis n’est donc pas toujours totalement objectif, même si la plupart de ces écrits sont aussi fidèles que ceux des mémorialistes (comme Saint-Simon, sorte d’historien officiel de la Cour qui relatait les événements de chaque jour du règne). On voit ici l’importance de la fête et surtout de son organisation : tout est lié au statut social : la puissance du roi se mesure aussi à l’aune des fêtes données, la compétence d’un serviteur à l’orchestration parfaite de tous les détails (même ceux comme la marée qui en dépendent pas totalement de lui), et aussi certaines fautes sont plus graves que d’autres (le fait que le rôti eut manqué à la table royale eut d’emblée été beaucoup plus grave pour Vatel). On voit donc ici que la fête remplit un rôle social : juger de l’importance et du pouvoir ou de la faculté de tel ou tel ou encore la disgrâce. Cela en deviendrait presque ridicule ou du moins disproportionné (aujourd’hui, de tels enjeux se trouvent plutôt dans le domaine de la sûreté, du militaire ou du médical). Mais cela est tellement ancré dans la société que Vatel se suicide avant le dénouement (arrivée de la marée finalement et avant toute colère du roi).

Doc 2 : extrait des « Mémoires » de Saint-Simon justement. La fête a ici deux aspects : la nourriture, le banquet mais aussi la forme et l’esthétique de l’ensemble ; remarquez le contraste entre la perfection tranquille et ordonnée avec laquelle semble se déroulait l’ensemble et le chaos que l’on peut deviner de la bataille qui a suivi. Ici, au-delà des forces détails, on se rend vite compte que la fête joue un autre type de rôle social : un rôle de motivation des soldats et des gradés militaires, qui sert aussi à souder les troupes et au passage à faire oublier les horreurs entrevues de la bataille qui va suivre ; finalement, la fête est ici salvatrice : elle fait oublier, motive, divertit et sert donc la guerre en évitant désertion et autres faits du même genre. Son rôle apparaît peut-être moins évident que le précédent (texte 1) mais d’emblée plus utile et touchant toutes les catégories, donc aussi presque plus juste et disons acceptable.

Doc 3 : peu de faits ici finalement, mais une réflexion sur les rapports à la fête de deux parties de la population : les hautes sphères du pouvoir et le peuple. Quels intérêts pour les premiers à se mettre en scène, jusqu’à presque s’en ridiculiser ; pourquoi user de la fête ainsi ? Pour se mettre au niveau des seconds dit l’auteur ; dans la fête, tout semble permis (des stratagèmes comme la musique ou les déguisements y aident beaucoup), y compris inverser les rôles. La fête a aussi un rôle purgatoire, presque comme le théâtre pour Aristote : c’est un contexte particulier, le temps semble arrêté et on peut faire des choses habituellement non permises mais dans un contexte festif et gentillet. En inversant les rôles, on se comprend mieux (le roi comprend mieux la vie de ses sujets et ces derniers peuvent voir qu’être roi n’est facile) et surtout on peut ici faire des choses interdites ailleurs mais sous une forme moins grave (c’est la « catharsis ») et on ainsi on n’est plus tenté de vouloir le faire dans la vraie vie. La fête est un donc un instrument important du pouvoir pour détourner l’esprit des gens vers d’autres choses (à condition que cela reste quand même épisodique et assez peu fréquent dans le temps) et de leur permettre de renoncer à des actions aux intérêts non compatibles avec ceux du pouvoir. Cette libération est saine, car elle reste fictive. Mais aujourd’hui nous dit l’auteur, cela n’existe plus vraiment, la frontière n’est plus du tout aussi nette et ce genre de situation n’est plus mise en ½uvre et utilisée par le pouvoir. La preuve : cela (voir le roi dansait dans de tels rôles) est devenu difficile à imaginer pour nous (qui finalement pense que le roi utilisait autant la dérision dans un siècle de pouvoir absolu, comparé à notre démocratie moderne ?). On a donc ici un autre rôle utile du spectacle et de la fête (les deux se mêlent ici c’est vrai) : un rôle salvateur (au sens même de sauver le roi de révoltes ou autres actes lui étant néfastes). On est parfois proche du « panem et circenses » romain (pour rappel : « du pain et des jeux » pour occuper le peuple au Colisée, pour l’éviter de trop réfléchir aux problèmes publics politiques).

Doc 4 : le chapeau nous donne tout de suite un avis critique : aujourd’hui, nous sommes dans le faux, dans le spectacle illusion, celui qui ne sert à rien (la critique des documents dans leur ensemble ne porte forcément sur la fête en tant que telle, mais sur la partie du phénomène qui est gratuite voire nocive). Aujourd’hui, tout est spectacle ; on semble fuir la réalité, vivre tout en « faux », par procuration, comme si c’était mieux (surtout plus simple car moins responsabilisant). La société elle-même est devenue spectacle (d’ailleurs, cf. point 4), le spectacle n’est plus quelque chose de visuel mais une forme de rapport entre les gens, au sein même de la société, une façon d’être, de penser, de se comporter. Avant, finalement, il y avait le réel et l’imaginé, cet espace où tout semblait permis parce que justement on n’était pas dans le réel, et cet espace de liberté permettait à la société de continuer à fonctionner normalement, tous ensemble ; aujourd’hui, les deux sont entremêlés, plus personne ne sait vraiment où on en est. Le spectacle est devenu réel, très lié à lui (le contraste de l’unité est d’autant plus fort comparé à la séparation évoquée dans le texte précédent). Le spectacle est par nature attrayant également car il est « beau », tout semble parfait chez lui, il se suffit à lui-même, il donne justement une vision idéale du réel (d’où la confusion entre les deux). Le spectacle devient réalité et la réalité devient spectacle.

Image : mise en scène du pouvoir pour impressionner, justifier ce pouvoir, faire taire les oppositions (cf. les fêtes chez Louis XIV dans le premier texte également ; cf. histoire des fêtes de Vaux-le-Vicomte : Fouchet a été arrêté car sa fête était plus prestigieuse que celles du roi, impensable à l’époque de dépasser le souverain sur le terrain de la magnificence et du prestige, où alors le ministre est plus puissant que le roi …).

Nous avons ainsi étudié chaque document en en retenant les arguments forts ; je vous invite à refaire cette étude, texte par texte, pour finir de synthétiser les idées fortes en relevant au passage les citations importantes en terme d’exemple et d’illustration. A partir de toutes ces idées, reformulées au besoin via le filtre du sujet, vous pouvez alors réfléchir à l’organisation de la synthèse.

Pour revenir sur le sujet, il vous faut d’abord organiser la réflexion. Introduction tout d’abord : amener et présenter le thème général indiqué par le sujet puis rapidement les documents (notamment dans leurs styles différents : récits historiques de contemporains, ½uvre d’historien, réflexion philosophique). Ensuite, il vous faut dégager deux ou trois grands thèmes, qui pourraient être : le spectacle, un instrument social (pour montrer son importance et son pouvoir, juger les gens selon tous ces critères) ; le spectacle, une nécessité pour la société (pour faire oublier, remercier, voire détourner les esprits, mais aussi en tant qu’échappatoire ou « catharsis » ; le spectacle, aujourd’hui une composante de la société, voire « la » société. Ces thèmes ne sont que des propositions, de même que les formulations. Ils reprennent les trois grandes catégories d’idées développées dans le cursus, mais certaines le sont plus que d’autres et certaines parties méritent donc d’être équilibrées. A vous de voir s’il en faut finalement deux ou trois et sous quel chapitre les mettre, dans quel ordre et avec quels arguments. Une analyse très précise des documents vous permettra d’opérer un tel classement des idées.

Enfin, pour l’avis personnel, je vous suggère de repartir du dernier texte : la société est aujourd’hui une société spectacle. Etes-vous d’accord avec ou non ? Trouvez-vous cela critiquable ou non ? (les arguments des textes précédents qui lui attribue un rôle social majeur vous paraissent-ils totalement recevables ?). Essayez de bien séparer la synthèse qui se doit d’être objective de cet essai personnel (en concluant la première partie et ménageant au possible une courte transition). Dans l’avis personnel, repartez bien sûr des textes (puisque l’idée est finalement de dire si vous êtes ou non d’accord avec eux) mais essayez d’apporter quelques arguments et/ou personnels pour élever le tout. Je vous laisse y réfléchir de façon plus poussée selon vos convictions propres et vos lectures personnelles notamment.

Sur ce, nous avons étudié en détail le corpus, classé les principaux arguments, balayé la méthode ; il vous reste à rédiger l’ensemble pour répondre au sujet. Vous pourrez ensuite comme indiquer plus haut soumettre éventuellement votre rédaction pour avoir un avis personnalisé sur cette copie.

Je vous souhaite une bonne réflexion et un bon travail.
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