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Introduction et plan détaillé : la rhétorique des passions dans la religieuse de diderot

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 04/07/2007 - correction
                
Bonjour,

il se trouve que c'est déjà moi qui vous avais répondu l'autre fois; je vais donc essayer de repartir de ce que nous avions vu et de l'adapter aux remarques de votre professeur. Tout d'abord, je comprends bien votre désarroi, surtout que j'ai vu votre réflexion de départ, ce que vous aviez envoyé l'autre fois, et que je mesure bien le chemin parcouru dans la réflexion et la rédaction entre temps, au vu de ce que vous avez rendu. J'aurais bien sûr préféré que cela vous serve dans un sens plus positif tout de suite, mais je crois qu'il ne faut pas vous trop vous catastropher. De ce que j'ai lu de votre écrit et de ce que je déduis de la réaction de votre professeur, je pense que vous n'êtes en fait pas très loin de ce qu'elle attend sur le fond, mais que c'est peut-être dans la forme que vous avez été un peu oins convaincante et qu'elle s'est focalisée là-dessus jusqu'à peut-être éluder les meilleurs aspects. Toujours est-il que même je comprends bien votre désespoir passager, je pense que vous n'avez vraiment pas à rougir de votre travail, bien au contraire. Les remarques de votre professeur montrent que même si elle n'est pas tout à fait d'accord avec votre rédaction ou votre présentation des idées, elle reconnaît qu'il y a du travail, de la réflexion derrière. Je vous propose donc de reprendre point par point ses remarques et notre travail de fond de l'autre fois.

Tout d'abord, pour l'introduction, votre professeur semble avoir un modèle bien typé d'introduction, qui au début diffère peut-être un peu de celui plus classique que je vous avais indiqué. Qu'à cela ne tienne ! nous allons suivre ce modèle.

Définition tout d'abord : je ne pense pas qu'elle vous reproche de donner plusieurs définitions; au contraire, donner plusieurs sens, les analyses les uns par rapport aux autres, chercher à comprendre comment ils se complètent ou permettent de nuancer la réponse apportée au problème, est un signe de réflexion, c'est très positif. Ce que je vous propose donc c'est de reprendre les différentes définitions de façon plus précise et plus séparée dans un premier temps. D'abord, redéfinissez passion au sens le plus commun (celui qui est proche d'amour); puis élargissez aux "mouvements de l'âme" : la passion peut être moins positive, plus destructrice (ex : la colère); enfin, on peut passer outre ces apparences, ces sens premiers, et revenir au sens étymologique : patior c'est souffrir (passion du Christ etc.). Après avoir bien délimité ces sens, vous pouvez les comparer, les discuter rapidement entre eux : dans tous les cas, c'est une dynamique qui nous bouleverse, nous chamboule, parfois pour des raisons jugées positives, mais dans les tous les cas, on en ressort différent, avec d'autres visions (et parfois différent jusque physiquement même). Ensuite, positionnez-vous peut-être alors plus précisément : "dans notre cas, nous envisagerons la passion comme un mouvement de l'âme, aux conséquences ressenties positives comme négatives, mais comme un mouvement qui nous touche de l'intérieur et nous fait changer, sans que nous sachions toujours bien pourquoi". Ce que voulait sûrement dire votre professeur, c'est qu'au-delà des sens différents du mot, on peut tous les regrouper sous cet item de mouvement intérieur (bon ou mauvais). C'est peut-être le caractère un peu abrupt de ces propos qui vous a déstabilisé; elle s'est peut-être beaucoup attaché à ce qui lui plaisait moins par rapport à ses attentes apparemment strictes, mais ce n'est pas pour cela qu'elle ne reconnaît pas votre travail (d'ailleurs, si elle était si stricte là-dessus et peu soucieuse des marques de sérieux, je ne pense pas qu'elle demanderait d'abord une introduction et un plan pour redresser ensuite si besoin la barre !). Cette définition éclaircie, revenez sur l'historique (personnellement, votre approche courte me paraissait suffisante pour une introduction), mais reprenez ce que vous savez sur Aristote plus précisément (là, vos connaissances sur le sujet dépassent les miennes, mais je ne peux que vous conseiller de résumer les principes, les grandes idées, pour ensuite mieux montrer les évolutions du mot jusqu'à l'époque de Diderot). Je pense qu'elle attend cet historique à la fois comme présentation et comme argument asseyant la discussion précédente sur la définition. Essayez de le voir comme cela.

Ceci fait (je pense qu'il faut tout simplement pour lui montrer que vous avez appliqué ces remarques faire deux paragraphes plus longs, plus rédigé en détail sur l'historique sans trop quand même, et plus séparer au début les définitions et après discussion, redonner la définition adoptée : ce n'est pas forcément l'une en particulier qu'elle attend, mais une synthèse pertinente de toutes), reprenons la problématique. Vous en êtes à mon sens très prêt : se demander "quels rapports", c'est se demander "quoi" et "comment"; s'interroger sur le rôle, au final c'est se demander pourquoi. Peut-être attendait-elle alors une formulation moins directe, plus littéraire. On pourrait donc aller vers : "comment la rhétorique des passions traduit-elle (rend-elle compte etc.) les sentiments et les mouvements (ou évolutions etc.) des personnages de La Religieuse de Diderot". Les mots sont à adapter en fonction de la suite de la réflexion, mais avec une formulation comme celle-là, vous aurez des allures de formulation plus littéraire, tout en pouvant parler des faits et des conséquences (on cherche le pourquoi des mouvements de l'âme et doit donc commencer par décrire et dire comment). Viendra ensuite bien sûr l'annonce du plan. Reprenons sur ce point donc.

A partir des analyse du premier travail, de votre réflexion qui s'en est suivie et des commentaires de votre professeur, on peut envisager (à moduler bien sûr selon les approfondissements de vos lectures et réflexions et les autres commentaires de votre professeur) :

1) La rhétorique des passions permet de montrer dans quelle mesure l'héroïne surtout est touchée par les mouvements de l'âme : amour, colère, peur, désespoir etc. Dans cette partie, je pense que vous pouvez reprendre tout ce qui touche les pensées, les réflexions intérieures de Suzanne. Vous pouvez commencer par a) le ressenti intérieur de ces passions, puis b) évoquer le cloisonnement, le malaise, le chamboulement intérieur irrémédiable qui va bientôt se traduire physiquement mais aussi c) enfin la douleur totale, finale, le pathos.

2) Ensuite, la rhétorique des passions s'étend jusqu'à la traduction physique de ce qui est ressenti : a) langage du corps, b) corps féminin, c) un changement dans le comportement, une influence plus lourde qu'il n'y paraît dans les pensées comme les réactions des gens : c'est en partie votre paragraphe sur les transformations psychologiques (et physiologiques d'ailleurs). (Cette progression qui passe de la traduction physique du malaise et du changement à une vision définitive et globale des changements engendrés est un exemple, à aménager selon vos autres idées en terme d'ordre comme de contenu).

3) Enfin, la rhétorique des passions est là pour nous convaincre comme vous l'avez bien expliqué dans votre message; c'est un exemple qui nous est montré, une "attaque" à notre intellect comme à nos points sensibles si l'on veut. N'oubliez pas que la rhétorique des passions à l'époque de Descartes se réclamait à corps et à cris de la rationalité la plus "pure" qui puisse exister. Le but est donc d'abord de convaincre, puis ensuite au besoin de persuader (donc en jouant sur les sentiments plus que les arguments intelligibles cette fois). On pourrait imaginer : a) convaincre; b) au besoin, persuader par l'exemple notamment; c) la rhétorique des passions, surtout dans cette oeuvre : un modèle de persuasion ou comment la forme est au service d'une cause à défendre; Diderot essaie de rester dans le rationnel en utilisant des mots, des raisonnements, mais finalement c'est la façon dont ces mots retentissent par rapport à l'histoire qui est racontée qui vont nous persuader ... la forme est finalement indissociable du fond et qu'on le veuille ou non, cet aspect a une grande influence (même inconsciente) sur nous.

Voilà donc pour cette proposition de raisonnement, à moduler selon vos avancées à venir. J'espère vraiment vous avoir un peu aider à éclaircir les choses, et vous avoir persuadée que sur le fond vous n'étiez pas très loin je pense de ce qui est attendu, et que c'est avant tout une question de forme, de présentation. Notre problématique n'a pas tellement changé, c'est plutôt l'agencement des idées entre elles plus que les idées elles-mêmes qui ont changé. D'ailleurs, votre professeur semble s'être focalisée sur le plan plus que les idées, preuve qu'elle est restée sur leur agencement, ce qui n'est possible que si les idées en elles-mêmes sont bonnes. En espérant encore une fois vous avoir donné une autre vision de ce sujet très difficile c'est vrai, je reste persuadé que vous allez fournir le dernier effort nécessaire pour arriver à un résultat très satisfaisant. Vous avez beaucoup travaillé, il ne vous reste plus qu'à exploiter tout ceci en travaillant la forme.

Sur ces remarques, qui en plus de vous aider un peu, vous auront aussi quelque peu rassurée j'espère, je vous souhaite bon courage et pleine réussite.
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