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Dissertation sur pascal

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J'aimerais obtenir la correction de la dissertation que j'ai effectué.

Voici le corpus que nous devons étudier:
Blaise Pascal, L'homme face à l'infiniment grand, Pensées, Br.72-Laf.390
Blaise Pascal, L'homme face à l'infiniment petit, Pensées, Br.72-Laf.390
Blaise Pascal, "qui se considèrera de la sorte....", idem
Blaise Pascal, Imagination, Pensées, Br.82-Laf.81
Blaise Pascal, Un roi sans divertissement, Pensées, Br.139-Laf.269

et voici le sujet:
Dissertation:
Selon Olivier Reboul, dans son livre Introduction à la Rhétorique (1991), "l'orateur sait bien qu'il a affaire à un auditoire particulier, mais il lui tient un discours qui tente de le dépasser, qui s'adresse, au dela de lui, à d'autres auditoires possibles..."

Dans quelle mesure est-ce parce que Pascal dépasse son auditoire particulier que sa rhétorique est efficace?
Vous répondrez à cettte question au moyen d'un développement argumenté appuyé sur l'analyse précise d'exemples tirés de Pascak que nous avons étudié (dans le commentaire de ces 5 textes en cours.)

Voici ma dissertation

Pascal poursuit à travers son œuvre une volonté personnelle d'apporter la foi à des amis libertins à travers des textes argumentatif de thèmes variés. Ses Essais, brouillons de l'apologie de la religion chrétienne ont été longtemps ignorés et combattus au XIXème siècle. Malgré la destination bien précise de son texte, Pascal semble toucher un plus grand public. Est-ce cette volonté d'universalité argumentative qui rend sa rhétorique efficace? Quels sont les éléments qui favorisent cette efficacité ? Ce dépassement de l'auditoire présente t-il des limites? Nous répondrons à cette problématique à l'aide d'un développement argumenté en 3 parties, en situant tout d'abord l'effet de la notion de dépassement de l'auditoire dans l'efficacité de la rhétorique de Pascal, ensuite en envisageant les limites d'une telle technique rhétorique, et enfin en montrant les principales différences entre les termes du sujet.

Cette première partie nous permettra de voir les éléments qui rendent la rhétorique de Pascal efficace dans le cadre de l'idée de dépassement de l'auditoire. Pascal écrit en priorité aux libertins, pour leur faire renoncer à leur libertinage de pensée qui les pousse a renier la religion, pour ainsi se reconvertir et se retourner vers la foi chrétienne. Il s'agit d'un public ciblé et relativement restreint. Mais à travers la lecture de ce texte, on remarque l'absence de dénomination du destinataire, qui est remplacé par l'homme au sens universel de l'être humain. On retrouve cet humain dans la première ligne de « l'homme face à l'infiniment grand » avec « que l'homme contemple donc la nature dans sa haute et pleine majesté », qui montre bien que Pascal ne s'adresse pas aux libertins seulement, mais aussi à tous les autres être humains. En outre, les sujets sont adaptés pour un grand public bien que celui-ci doit être cultivé, et s'appliquent au delà de l'auditoire considéré par Pascal. « Imagination »,  « le Divertissement » sont des aspects courants de la vie quotidienne humaine, et les exemples qu'il utilise sont très généraux, comme le prédicateur, que les libertins écoutaient aussi couramment pour sa qualité d'élocution, à l'inverse des croyants, qui allaient aux sermons pour se préoccuper de leur salut. Pascal se présente alors devant un auditoire, qu'il cherche à dépasser . Cet effet est bénéfique pour l'efficacité de sa rhétorique: l'auteur donne un sens d'universalité à son discours, à l'image des maximes qui par leur structure lapidaire, comparable à la structure para tactique des textes de Pascal, évoquent une vision moraliste du comportement humain. Cette comparaison avec une maxime donne une impression de vérité, et Pascal utilise la forme courte pour exprimer des idées fortes telles que: « Plaisante raison, qu'un vent manie, et à tout sens! » dans le texte « Imagination ». Cette courte phrase est très expressive du fait de sa structure ternaire et est aussi vraie, car elle paraît comme une maxime. Pascal démontre en tenant compte d'un public volontairement plus large que celui recherché en comprenant, que les libertins se laisseront convertir, convaincus par d'autres amis qui se seront laissés touchés par la rhétorique Pascalienne. Tout lecteur se retrouve ainsi touché par une rhétorique universaliste et logiquement indépassable. Ainsi l'auteur a rendu son argumentation efficace et apparemment vraie en percevant un public plus large et différent du premier visé.

Mais cette stratégie rhétorique suppose d'autres effets, risques et difficultés que Pascal a surmonté ou non, de tous temps . Ces limites à l'efficacité de la stratégie de Pascal seront traitées dans le second paragraphe. Dépasser son auditoire implique de prendre en compte un grand nombre de lecteur potentiels, qui eux même présentent des goûts et des croyances différents. S'adresser à un public aussi grand bien que restreint encore du temps de Pascal, où les études n'étaient pas accessibles à tous, est très difficile, voire même presque impossible, car chaque individu se caractérise par des goûts différents. L'auteur des Pensées a tenté de les caractériser dans le texte du « Divertissement », en incluant des exemples de la société du XVIIe siècle, comme le roi, ses sujets, l'exemple de la partie de chasse, et celui du jeu, ou de la guerre. Cependant, il existe une seconde contrainte liée à l'auditoire lui même: prendre compte de celui-ci peut l'obliger à restreindre son sujet pour admettre des faits généraux. Au XVIIe siècle, toute expression s'adaptait à son auditoire. Pascal ne pouvait pas s'adresser à des libertins comme il s'adressait à d'autres écrivains croyants au sujet de la religion, car leurs points de vue étaient très différenciés. Ces différences suggèrent un risque inhérent : Pascal peut ne plus toucher son public principal. Un libertin n'aura plus d'intérêt lire un texte général s'il a déjà renié la religion pour ces généralités. Dans le XVIIIe siècle, Les Pensées n'ont pas touché les libertins de pensée, car elles paraissaient obsolètes vis à vis du courant rationaliste des Lumières, rationalisme que Pascal dénonce dans son œuvre. Ainsi, dépasser son auditoire présente de nombreux risques, Pascal les a pris en compte de son temps, mais a été dénigré de son futur.

Cette troisième partie montrera les différences entre les termes du sujet L'ensemble des lecteurs des Pensées ne constituent pas un auditoire, du fait que son œuvre soit écrite et que la particularité de l'auditoire, est qu'il écoute un discours oral. L'auditoire est pourtant plus restreint est plus défini que l'ensemble des lecteurs. Pascal a donc conclu un travail plus conséquent encore, car on observe une affinité de son texte à être prononcé dans un discours, grâce à un jeu rythmique accentué et cadencé. On remarquera ce jeu particulièrement dans la phrase du texte « Imagination » :  « Qui ne sait que la vue de chat, de rats, l'écrasement d'un charbon, etc., emportent la raison hors des gonds? » . Cette question particulièrement accentuée se rapproche de la poésie, avec des rimes intérieures et des accents. Mais les différences entre les limites du dépassement de l'auditoire et sa contribution à l'efficacité de la rhétorique de Pascal est mal définie: toute forme d'écriture présente des difficultés, et le pacte de tout écrivain est de fournir un texte fruit de ces difficultés et du travail fait pour les surmonter.

Ainsi, de façon générale, dépasser son auditoire présente des difficultés, mais rend la rhétorique efficace. Ces risques ont été évités par Pascal grâce à une démarche oratoire et argumentative spécifique, due à son esprit scientifique. Ces méthodes rigoureuses sont aussi à l'origine de l'efficacité de l'œuvre Pascalienne car suivant un raisonnement logique, son argumentation ne peut pas être contestée.

Merci d'avance de me faire parvenir une réponse.
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