en une : Le raisonnement par récurrence

Dissertation

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - Question simple
                
Pour bien traiter ce sujet, il faut d'abord observer la consigne: on ne vous demande pas de discuter le point de vue de Hugo mais d'expliquer et de justifier ce qu'il pense. Vous devez donc adopter un plan analytique/thématique et non un plan dialectique du type thèse/antithèse/synthèse.
Il vous faut donc faire une explication de chaque élément de la citation puis une illustration de ces différents éléments à l'aide d'exemples précis. Ces exemples doivent être tirés de textes théâtraux mais aussi de mises en scène auxquelles vous avez pu assister. Si vous n'allez pas beaucoup au théâtre, observez et commentez les photographies de votre manuel de français.
La citation propose une sorte de définition du théâtre et de ses buts et fonctions, définition reposant sur une opposition : le théâtre n'a pas pour but la réalité mais la vérité. Effectivement, au théâtre tout est irréel même si tout est fait pour faire croire au spectateur le contraire. C'est ce qu'on appelle l'illusion dramatique. Vous pouvez ainsi montrer qu'au théâtre, non seulement le décor est irréel (c'est ce que dit Hugo en énumérant différents éléments d'un décor) car il suffit qu'il soit symbolique mais aussi le personnage car le comédien ne fait que feindre les sentiments qu'il exprime, et enfin le langage (pensez aux vers de la tragédie classique qui n'ont rien du langage naturel ou réel. Le théâtre était alors appelé "poésie dramatique").
En revanche, le théâtre exprime le vrai, c'est-à-dire, pour Victor Hugo, une vérité anthropologique, une vérité sur l'homme. Il sert à montrer à des hommes ("dans la salle") ce que sont les hommes et ce qu'est l'être humain ("sur la scène") grâce à d'autres hommes, les comédiens, le metteur en scène, les machinistes ("dans les coulisses"). Pour illustrer cet aspect de la citation vous pouvez prendre des exemples dans les comédies de caractères de Molière, qui font la peinture d'un défaut humain pour le corriger ou encore dans les comédies de Marivaux qui analysent la naissance de l'amour. En ce qui concerne les coeurs humains présents dans la salle, le mieux est de faire appel à votre expérience de spectateur et de montrer que vous avez été touché par la vérité d'une pièce parce que vous vous êtes reconnu dans le personnage, par exemple.
Deux idées pour une éventuelle troisième partie. 1)Dans cette dualité (irréalité et vérité) peut résider la réalité du théâtre: une des vérités humaines que le théâtre dévoile est le besoin qu'a l'homme de rêver, de s'échapper du réel, de fabriquer du faux et d'y croire (voir la télé-réalité aujourd'hui). 2) Une autre réalité du théâtre est sa capacité à unir les hommes, à fonder, entre la scène, les coulisses et la salle, une communauté.
A consulter pour illustrer l'irréalité du personnage: Le Paradoxe sur le Comédien de Diderot.
Quelques citations (attention ! à ne pas utiliser n'importe comment!) :
"LE SECOND. C'était peut-être là le vrai langage d'Agamemnon.
LE PREMIER. Pas plus que celui de Henri IV. C'est celui d'Homère, c'est celui de Racine, c'est celui de la poésie; et ce langage pompeux ne peut être employé que par des êtres inconnus, et parlé par des bouches poétiques avec un ton poétique.
Réfléchissez un moment sur ce qu'on appelle au théâtre être vrai. Est-ce y montrer les choses comme elles sont en nature? Aucunement. Le vrai en ce sens ne serait que le commun. Qu'est-ce donc que le vrai de la scène? C'est la conformité des actions, des discours, de la figure, de la voix, du mouvement, du geste, avec un modèle idéal imaginé par le poète, et souvent exagéré par le comédien. Voilà le merveilleux. Ce modèle n'influe pas seulement sur le ton; il modifie jusqu'à la démarche, jusqu'au maintien. De là vient que le comédien dans la rue ou sur la scène sont deux personnages si différents, qu'on a peine à les reconnaître. (…)", Diderot, Le Paradoxe sur le comédien.
« (…)je vais au théâtre afin de me voir, sur scène (restitué en un seul personnage ou à l’aide d’un personnage multiple et sous forme de conte) tel que je ne saurais – ou n’oserais- me voir vivre ou me rêver, et tel pourtant que je me sais être.", Jean Genet, Préface de Les Bonnes.
"LECHY ELBERNON. Je suis actrice, vous savez. Je joue sur le théâtre. Le théâtre. Vous ne savez pas ce que c'est?
MARTHE. Non.
LECHY ELBERNON. Il y a la scène et la salle. Tout étant clos, les gens viennent là le soir, et ils sont assis par rangées les uns derrière les autres, regardant.
MARTHE. Quoi? Qu'est-ce qu'ils regardent, puisque tout est fermé?
LECHY ELBERNON. Ils regardent le rideau de la scène, Et ce qu'il y a derrière quand il est levé. Et il arrive quelque chose sur la scène comme si c'était vrai.
MARTHE. Mais puisque ce n'est pas vrai! C'est comme les rêves que l'on fait quand on dort.
LECHY ELBERNON. C'est ainsi qu'ils viennent au théâtre la nuit.
THOMAS POLLOCK NAGEOIRE. Elle a raison. Et quand ce serait vrai encore, qu'est-ce que cela me fait ?", Paul Claudel, L'Echange.
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