en une : Le lexique de français

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Effectivement le sujet est difficile, car il est très fortement lié à une époque et à une esthétique, celles du romantisme. La difficulté est de rester dans le domaine esthétique sans dériver dans le philosophique ou bien pire le psychologique.
Le romantisme (du moins celui de Musset) croit en la valeur du désespoir comme moteur de la création artistique, puisque celle-ci est vécue comme une douleur. On retrouve ici, en quelque sorte la hiérarchie des genres classique : le tragique est le registre le plus noble. La question est ainsi double : d'une part, il s'agit de la matière choisie (valorisation des sentiments tragiques), d'autre part, de l'acte créateur lui-même qui semblerait devoir procéder d'une douleur. La première interrogation est celle qui se rapproche le plus du sujet proposé : pourquoi cette matière tragique peut-elle être considérée comme plus riche artistiquement? La réponse romantique serait peut-être la suivante : la douleur, le désespoir, l'angoisse, le spleen (chez Baudelaire) amènent à une plus grande profondeur et à une meilleure appropriation de la forme (et notamment de la langue poétique). Cherchez, chez Baudelaire notamment, de quelle façon cela est perceptible. Voyez ensuite comment cette valorisation esthétique du sentiment tragique apparaît à d'autres époques (noblesse de la tragédie classique, "beauté convulsive" de Breton au XXe siècle...) Quelles réponses différentes apportent chacune de ces esthétiques?
Pour réfuter cette thèse, cherchez d'abord des exemples d'oeuvres qui exaltent la joie, l'harmonie... Ce n'est pas ce qui manque (même chez les romantiques, même chez Baudelaire si l'on pense par exemple à "l'Invitation au Voyage"). La joie peut trouver une expression artistique tout aussi grandiose que la tristesse. Comment alors éviter de dire tout et son contraire? En insistant dans une deuxième partie sur une vision différente de la valeur artistique : cette qualité artistique serait indépendante du sujet traité et d'une vision trop subjective ou trop biographique. Là vous êtes au coeur de la problématique (très difficile) du sujet : il faut articuler matière de l'oeuvre, traitement de cette matière, et valeur esthétique et s'interroger sur leurs relations (indépendance ou non indépendance).
Voilà les quelques éléments que je peux vous indiquer pour guider votre travail. Surtout n'hésitez pas à mettre en lumière les multiples difficultés liées à un tel sujet et de ne pas les éluder : votre lecteur vous en sera reconnaissant.
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