en une : Cours philo : Dieu

Discussion et débat autour d'une citation [niveau prepa - agregation lettres classiques

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 04/09/2009 - correction
                
Bonjour,

J’ai lu attentivement votre travail concernant la dissertation sur le roman de Prévost. Avant de répondre à vos questions, voici quelques conseils qui devraient vous permettrent de mieux traiter votre sujet de dissertation.
- Tout d’abord, il faut que vous définissiez, à partir de l’énoncé donné (c’est-à-dire la citation de Prévost) une problématique précise. Cela vous permettra d’établir un lien logique entre les différentes parties de votre dissertation et vous évitera ainsi les parties hors-sujets. Il faut absolument trouver un fil conducteur qui agence la dissertation dans son entier. Le but est donc de pouvoir répondre, grâce aux réflexions exposées dans les différentes parties, à la question posée en introduction. Pour votre sujet, la problématique pourrait par exemple être : « En quoi le roman de Prévost est-il emblématique d’un retournement de la notion de tragique ? » En posant cette question et en vous efforçant d’y répondre dans l’ensemble de vos parties, vous éviterez ainsi le hors-sujet (par exemple sur la finalité morale de l’½uvre, comme vous le proposiez dans votre troisième parie). D’autres problématiques sont évidemment envisageables mais il est semble clair en tous les cas que la citation proposé invite à réfléchir sur l’évolution de la tragédie, et ce à propos du roman de Prévost.
- Avant de vous lancer dans la dissertation, je vous conseille également de finir l’½uvre elle-même et de consulter quelques ouvrages généraux sur la tragédie et le tragique, qui vous permettront de comprendre l’évolution de cette notion (par exemple, le tragique antique n’est pas exactement le même que le tragique du XVIIème, renouvelé par Racine, lui-même différent d’un éventuel « tragique romanesque »…N’oubliez pas de définir clairement la notion en introduction). Il s’agirait alors de voir en quoi peut-on parler d’un tragique « moderne », incarnée par la forme romanesque (le tragique étant habituellement associé au théâtre. On peut donc aussi creuser dans le domaine du renouvellement des différents genres littéraires (la domination actuelle du genre romanesque sur la poésie et le théâtre n’a-t-elle rien à voir avec l’évolution du tragique ?). L’½uvre de Prévost, sur laquelle on vous invite à vous pencher, est en effet un très bon exemple puisqu’il s’agit d’un des tous premiers romans dignes de ce nom…
Pour répondre à vos questions :
- concernant le terme de « vie […] racheté[e] », l’explication me paraît simple : tandis que dans le théâtre classique, le héros tragique mourrait inévitablement (sauf dans quelques exceptions comme « Bérénice » de Racine.), le héros tragique moderne est souvent préservé (contrairement à Phèdre, Des Grieux ne meurt pas). Le mot de « dilué » peut se comprendre en deux sens. D’abord, le tragique, dans le roman moderne, est dilué au sens temporel : une pièce classique, selon les règles, ne comporte que cinq actes, et l’action elle-même ne doit en principe pas dépasser 24h. Dans le roman, le nombre de pages peut être très long et l’action se dérouler sur plusieurs années (comme c’est le cas du roman de Prévost, qui, de plus, joue sur les ellipses narratives et les analepses). En un sens plus abstrait, le tragique moderne est « dilué » en ce qu’il se présente comme nuancé, atténué par rapport au théâtre classique (Des Grieux ne se tue pas, bien qu’il se lamente (presque) autant que certaines héroïnes raciniennes…)
- on parlera de « tragique hors du monde » pour le tragique racinien ou classique car la faute qui entraîne la tragédie vient toujours du héros lui-même (amour coupable etc). Dans le roman moderne, le tragique provient souvent du monde lui-même, il est lié à la société (c’est Manon qui fait souffrir Des Grieux, c’est la condition et la famille du jeune homme qui l’empêche, du moins au début du roman, à fréquenter une telle jeune fille etc…)
- l’expression « tragique plus souple et aéré » se rattache à mon avis à l’expression de « tragique dilué » : aération et souplesse seraient donc à comprendre à la fois au double sens temporel (temps de la lecture, temps de l’histoire) eu au sens de l’intensité et de la variété des formes de manifestations du tragique (plus diverses dans le roman que dans la tragédie classique, alors très codifiée)

J’espère que mes suggestions et conseils vous aideront dans la rédaction de votre dissertation. Bon courage.
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