en une : Le raisonnement par récurrence

D8q3 vendredi oules limbes du pacitifiques

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 01/06/2009 - correction
                
Bonjour, j’ai lu attentivement votre commentaire et, comme vous me le demandiez, je l’ai corrigé en intégrant directement à votre texte des remarques supplémentaires. Vous trouverez ci-dessous la version corrigée et complétée.
Cordialement,
Le professeur Eteech.

L’extrait du roman de Michel Tournier, intitulé « Vendredi ou les limbes du Pacifiques et paru en 1967, propose une réécriture du mythe de Robinson Crusoé, initialement narré dans le roman de Daniel Defoe. Pour expliciter le contexte de l’extrait, il faut rappeler que Robinson a un jour sauvé du massacre un Indien, qu’il baptisa alors Vendredi. L’extrait relate les relations entre Vendredi et Robinson : Vendredi aide son maître mais ne comprend pas le bien-fondé de sa façon de vivre. En effet, après avoir renoncé au découragement et au désespoir, Robinson entreprend d’aménager l’île avec l’aide de l’indien dont il a fait son serviteur. Dans cette nouvelle version de Robinson Crusoé, Michel Tournier centre le roman sur le personnage de Vendredi, comme le titre du roman l’indique,et , prenant ainsi ses distances avec l’hypotexte de Defoe, renverse les rôle préétablis de la société humaine : l’esclave, en s’adaptant facilement à son environnement, dépasse son maître. Dans le commentaire, il s’agira d’examiner successivement le point de vue du narrateur, la gestion de l’île et enfin les procédés d’écriture employés par l’auteur.

Le point de vue du narrateur

Le texte est globalement narratif. La présence du narrateur est parfois perceptible, on sent qu’il défend la cause de Vendredi contre la tyrannie de Robinson.
Le point de vue du narrateur est par exemple perceptible lors de l’emploi de locution comme « qu’importe » ou « en vérité », qui renforce une affirmation. L’emploi de ces locutions montre une intervention du locuteur pour affirmer ou juger de l’importance d’un fait.
Certaines expressions mettent en relief le parti pris du narrateur, qui cherche à excuser le comportement de Vendredi : son rire dit « blasphématoire » est dû à son jeune âge (« Sa jeunesse fuse malgré lui ». Le narrateur emploie de plus certains termes connotés péjorativement pour condamner l’autorité absolue de Robinson. Les principes sont ainsi qualifiés de « mystères ». Le verbe « mâcher » insiste sur le caractère ennuyeux des répétitions infligées à Robinson. L’attitude de Robinson est disqualifiée par des expressions comme " le sérieux menteur" ; son organisation de l’île est dite " délicate et dépourvue de sens". On voit donc qu’imperceptiblement, le narrateur conduit le lecteur à avoir pitié de Vendre et à prendre la défense contre l’autorité abusive de Robinson.

La gestion de l’île

L'île de Robinson ressemble à un véritable Etat, organisé selon le modèle occidental moderne appliqué dans les colonies. Robinson reçoit ainsi le titre de Gouverneur ("le

gouverneur et son île administrée"). Il gère son île comme un roi gère son royaume : Les mots "ordres" et "autorité" nous révèlent que l’organisation, fondée sur la législation rédigée par le gouverneur lui-même, est drastique : le moindre écart est sanctionné. La récurrence des formules « il est bien » et « il est mal » prouve l’embrigadement morale que Robinson fait subir à Vendredi. Le rire de vendredi irrite Robinson : Vendredi rit parce qu'il trouve l'enseignement de son maître contradictoire (Comment ce peut-il qu'un dieu, un Maître, soit à la fois bon et puissant ?) Son expérience de la vie est, en effet, une preuve de ce paradoxe puisque Robinson est son maître mais il ne le traite pas avec bonté. Quant à Robinson, il condamne ces rires qui entravent l'ordre et l'autorité du gouverneur : il se sent offusqué car son pouvoir est dévalorisé.

Procédés d’écriture

Entre Robinson et Vendredi, il existe un rapport de maître à esclave. Plusieurs procédés d'écriture mettent en évidence ce type de relation : Deux longs paragraphes, au début et au milieu du texte, sont consacrés à l'énumération et l'accumulation des nombreuses tâches pénibles et avilissantes exécutées par Vendredi ; La comparaison de Vendredi à un canard à qui on a coupé la tête et qui continue à vivre grâce à " l'homme blanc" qui dispose du droit de vie et de mort sur Vendredi, est révélatrice de la domination exercée sur Vendredi. On peut remarquer la présence du champ lexical de l'esclavagisme et du travail forcé : "maître", "homme blanc", "pagayeur", "porteur", "cirer les bottes", "actionner l'éventail et le chasse- mouche"…… L'hyperbole "tout ce que…." montre l'obéissance totale, exagérée, de l'esclave à son maître. La récurrence du mot "maître" et des locutions "Il est bien, il est mal insistent sur la domination morale du maître sur l’escalve.

Conclusion

En conclusion, on peut dire que le roman de Michel Tournier propose une remise en question des valeurs de la civilisation occidentale, et notamment de son modèle de croissance économique (qui se développa surtout dans les années soixante et qui contribua à l’évolution des mentalités et des m½urs). Michel Tournier a réécrit une version pour les enfants de « Vendredi ou les limbes du pacifiques », intitulée « Vendredi ou la vie sauvage ». Comme il a été annoncé plus haut le roman « Vendredi ou les limbes du Pacifique » est lui-même une réécriture du Robinson Crusoé de Daniel Defoe ; Le dénouement du roman de Michel Tournier diverge de celui proposé par l’hypotexte puisque, après vingt huit ans passés dans son Île, Robinson, au lieu de rentrer en Europe et de réintégrer la société "civilisée", va choisir de rester à Spéranza jusqu’à la fin de ses jours, en demandant aux navigateurs du Whitebird de ne pas dévoiler l’existence de son île. Michel Tournier a voulu prendre ainsi le contre-pied de D. Defoe.
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