en une : Le raisonnement par récurrence

Plan de dissertation (sans intro ni conclusion)

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Pourquoi désirer ce qui n'est pas nécessaire ?

I. Le désir par rapport au besoin : la conception courante du désir

1. distinction désir / besoin

- remplir un besoin c'est répondre à un manque
- satisfaire un désir c'est répondre à une attente

Jusque là désir et besoin semblent être similaire dans leur fonctionnement. On les distingue la plupart du temps en considérant le manque lié au besoin comme l'absence d'un objet nécessaire et le désir comme l'avidité de quelque chose de superflu.

C'est notamment la source d'une différence majeure entre l'homme et l'animal :
« L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin. » Bachelard

Mais n'est ce pas le propre du désir que de passer pour un besoin ? En effet, le manque que l'on ressent lorsqu'on désire un objet peut-être une simple justification du désir. L'objet désiré apparaît alors comme indispensable, et le désir passe pour besoin.

2. l'imaginaire au service du désir

Si le besoin semble être « immédiat » - il est spontané, voire parfois inconscient – le désir semble être beaucoup moins rationnel. La perception d'un objet paraît relayée par l'imaginaire qui va rendre l'objet désirable.

Ainsi, Stendhal décrit le processus de cristallisation de l'amour par la métaphore de la branche d'arbre tombée dans les mines de sel : l'objet est entièrement recouvert d'une illusion qui le rend désirable.

3. dans cette optique, pourquoi désirer ce qui n'est pas nécessaire ?

L'approche économique du désir selon Deleuze et Guattari : le désir est une « machine à désirer »
Le désir est une production et non un manque à combler. Il est donc premier (antérieur à l'objet désiré) et cherche un objet.
L'objet n'a donc pas de valeur en soi : la valeur qu'on lui porte n'a rien à voir avec son utilité

II. La conception girardienne du désir

1. le désir motivé par le désir de l'autre

Pour René Girard, ce n'est pas tant l'imaginaire qui donne de la valeur à l'objet mais le fait qu'il soit désiré par un tiers. Le désir ne se pense plus dans une relation entre sujet / objet mais dans un triangle : le triangle mimétique

L'homme est conçu comme un individu mimétique – c'est à dire sans cesse imitant les autres – et c'est le propre de l'homme que de désirer ce que désirent ses contemporains.

2. la spirale mimétique

Mais l'imitation va plus loin : le désir de l'objet que possède l'autre donne lieu à la rivalité. Le désir conduit à la violence, exutoire d'une tension insoutenable entre les deux individus.
Une fois que l'autre se sera désintéressé de l'objet en question, celui-ci n'aura plus aucun intérêt et je n'éprouverais plus aucun désir à son égard.
Le désir d'un objet devient en fait le désir de l'autre.

3. dans cette optique, pourquoi désirer ce qui n'est pas nécessaire ?

Là encore, la valeur portée à un objet – qui le rend désirable – n'est pas liée à son utilité, à son caractère indispensable, mais au désir qu'il fait naître chez l'autre.
Le désir porté à un objet n'est donc pas directement lié à son intérêt réel, surtout pris dans son éventuelle nécessité. D'autres facteurs font de n'importe quel objet quelque chose de désirable : l'imaginaire qu'il appelle en moi et le regard que porte l'autre sur cet objet.
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