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La causalité chez kant

Philosophie > sujets expliqués - 18/09/2013 - Question simple
                
Vous touchez effectivement ici l'un des problèmes majeurs du kantisme : celui de la chose en soi, et de l'adéquation des phénomènes aux noumènes. Rien ne garantit en réalité cette adéquation de façon fondamentale, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle un vif débat opposera les tenants de l'idéalisme allemand, au premier rang desquels Fichte, Schelling et Hegel (ce qui décrit le chemin de l'idéalisme critique vers l'idéalisme absolu). En ce qui concerne Kant, il faut considérer que la cohérence de notre entendement qui décrit le système phénoménal suffit à garantir la validité de la connaissance. Autrement dit, je peux très bien décider de rejeter cette cohérence, au principe misologique humien que ma raison est incapable de savoir ultimement si ce que je connais du monde se fonde sur la nature en soi du monde. Néanmoins, en procédant de la sorte, je refuse une sorte d'évidence de la pensée (un peu sur le modèle cartésien), qui consiste à remarquer que j'ai effectivement le pouvoir de structurer ce que le réel me donne à penser, c'est-à-dire ce que l'expérience me communique sous la forme de la série des phénomènes. La raison est donc autofondatrice, ce qui signifie qu'elle possède une cohérence solipsiste, qui ne m'autorise pourtant aucun usage libre de la raison (sans apport des phénomènes), mais m'oblige à constater que mes concepts doivent se conformer à ce que mes sens perçoivent. La validité de ma raison, du point de vue de la connaissance du réel, se borne donc à l'entendement de ce qui est donné de façon phénoménale. Kant sort donc du solipsisme cartésien puisqu'il ajoute en quelque sorte le fondement de l'expérience comme condition de validité des concepts, au fondement de la raison comme pouvoir logique. Je ne peux déduire le monde sans phénomènes, mais réciproquement la vérité est toujours relative à ces phénomènes, ce qui signifie effectivement que quelqu'un qui percevrait différemment de moi pourrait construire une autre vérité du réel. C'est le sens du transcendantal, c'est-à-dire que ma connaissance est toujours relative à mes structures a priori de connaissance, sensible comme intelligible. Vous pouvez éventuellement vous reporter à l'excellent livre de J. Rivelaygue : Les leçons de métaphysique allemande, dans lequel vous trouverez deux de ses cours sur Kant. Ce qui vous intéresse se situe plutôt dans le deuxième article sur l'idée de nature, mais le comprendre requiert vraisemblablement d'avoir lu le premier. Dans tous les cas, ces lectures sont précieuses, mais ardues..
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