en une : Le lexique de français

Idée luthérienne

Histoire (college, lycee) > sujets expliqués - 29/01/2011 - Question simple
                
Bonjour Léa.

Je vais essayer de répondre le plus exhaustivement possible à votre question.
Le protestantisme trouve ses origines dans le climat de peur qui règne chez les chrétiens au 15e et début de 16e siècle. Cette époque a hérité d’une angoisse profonde des fidèles en le salut promis par l’Eglise. Il faut en effet se replacer dans le contexte de la guerre de cent ans, de la grande peste. Les gens ont peur de n’être pas accepté au Paradis. C’est une époque où l’art religieux se concentre sur les « danses macabres » et où l’on chasse les sorcières. Face à la peur de l’Enfer et de la mort se développent différentes formes de « parade » pour se rassurer. Le culte des saints et de la Vierge est en plein essor, de même que la pratique des « indulgences », sorte de tribu payé à l’Eglise afin de rattraper ses péchés par l’argent et éviter ainsi l’Enfer.
Ces pratiques favorisent une discrimination au profit des plus riches et des voix s’élèvent par mi les religieux, dénonçant la prescription de telles pratiques dans les textes de la Bible. Parallèlement la technique nouvelle de l’imprimerie permet la diffusion plus large des écrits des humanistes qui en renouvellent l’exégèse car ils ont redécouvert la pratique du grec ancien (langue dans la quelle la bible avait été traduite de l’araméen… a partir du grec on avait traduit en latin… le texte de la bible avait donc été modifié au fil des traductions et les humanistes pointent du doigt les erreurs sur lesquelles se base la Papauté de l’époque). Tout cela pour dire que la rencontre entre ces deux phénomènes (contestation et imprimerie) permet justement à la contestation de se diffuser parmi les lettrés qui ont par ailleurs désormais accès au texte de la Bible qui jusque là était réservé aux religieux. Mais nous n’en sommes alors qu’à une forme d’humanisme typique de la renaissance et personne ne songe encore à quitter le giron de la papauté.
C’est avec Luther, en Allemagne en 1512 que cette contestation prend un tournant. Luther, lui aussi torturé à l’idée de ne pas rejoindre le paradis, trouve son salut dans la relecture des Ecritures. Il se forge comme axe de conduite de ne suivre que ce qui est écrit dans les Ecritures. Autant dire qu’il rejette dès lors le système des indulgences. Face à la condamnation de ses thèses par les théologiens de la Sorbonne et par une bulle du pape, il continue à défendre ses idées. De nombreux érudits adhèrent à ses idées et les diffusent dans toute l’Europe car le débat est relayé par les universités. Sur la contestation religieuse se greffe en Allemagne une contestation sociale et économique. L’empereur du saint empire Romain germanique cherche à enrayer le phénomène en revenant sur la liberté religieuse des princes des provinces du SERG. Certains princes refusent et commencent leur manifeste par « nous protestons »… le terme protestantisme est né.
La réforme part de Saxe (où vit Luther) et se propage dans le SERG surtout au sud, au Brandebourg, en Anhalt. Après la paix d’Augsbourg en 1555 les confessions de chaque province sont entérinées et les sujets sont contraints d’adopter la religion de leur prince. Voila pour l’Allemagne.
Parallèlement la Réforme se diffuse en Suisse et en France mais les thèses diffèrent de celles de Luther. Le protestantisme de Zwingli se répand à Zurich, celui de Calvin, un Français émigré sur à l’affaire des Placards, à Genève et Strasbourg. Elle touche aussi l’Ecosse où elle fédère les opposants à la famille régnante des Stuart.
Mais sa diffusion pour des causes politiques et personnelles plus que religieuses est surtout constatable en Angleterre. Henri VIII prend position pour la Réforme car il souhaite divorcer de sa femme Catherine d’Aragon, une Espagnole qui ne lui a donné qu’une fille en 18 ans de mariage. Le pape refusant son divorce, il se proclame chef de l’Eglise en Angleterre et adopte les thèses protestantes afin d’asseoir son pouvoir religieux. Il conserve cependant nombre de dogmes catholiques tels que le célibat des prêtres. C’est son fils Edouard VI qui adopte plus ouvertement la Réforme. Sa fille ainée Marie Tudor fait revenir l’Angleterre au catholicisme mais le protestantisme anglican est définitivement installé sous le règne de sa seconde fille Elisabeth Ière.
Voici donc comment la réforme s’set diffusée, pour des raisons qui sont à la base d’ordre religieux puis deviennent un moyen de contestation politique, économique et sociale. Elle a entrainé par la suite de nombreuses guerres de religion.

J’espère que cette réponse vous aura éclairée, si tel n’est pas le cas, n’hésitez pas à me demander un complément d’information.
Cécilia
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