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La france et la construction européenne (1945 -1992)

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bonjour.
Je souhaite un correction sur le sujet et la pertinence des mes différentes parties. Mais également des conseils sur la méthode ( référence par rapport à votre méthode de dissertation trouvée sur votre site).
Merci.

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Depuis 1945, la construction de l'Europe s'est constamment trouvée au cœur de la politique étrangère française. Trois considérations ont fait de ce grand dessein une priorité : la volonté de mettre un terme aux conflits qui, par deux fois en trente ans, avaient déchiré le continent européen et affaibli la France ; la nécessité, dans le contexte de la guerre froide, d'asseoir la stabilité et de garantir la sécurité des Etats démocratiques situés à l'ouest du rideau de fer ; le souci, enfin, de construire un espace économique homogène, adapté aux conditions modernes de production.

Deux français initiateurs du projet de construction européenne, Robert Schuman et, Jean Monnet, étaient convaincus de la nécessité de réunir au sein d'une même organisation les nations de continent. Il existe cependant un paradoxe entre la politique européenne menée activement de Schumann à Mitterrand et une affirmation répétée de puissance indépendante. De plus l'unification de l'Europe marque t-elle la fin ou représente t-elle le moyen de la politique française ?

On montrera en première partie que le choix d'intégration économique est justifié par un idéal et des circonstance pour la période de 1945à 1957, puis dans une deuxième partie la volonté du Général de Gaulle de donner à la construction européenne un contenu politique au service de la nation et enfin dans une troisième partie les enjeux multiformes que représentent cette volonté de la construction d'une Europe unie.

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L'idée d'une intégration économique est imposée par la nécessité de l'après guerre.
L'idée européenne est en fait une tradition antérieure à 1945.

Nombreux sont les intellectuels comme Proudhon ou Victor Hugo qui écrit au XIXème siècle au sujet de l'Europe : « un jour viendra ou l'on verra deux groupes immenses, les Etats-Unis d'Amérique et les Etats-Unis d'Europe, placés en face l'un de l'autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie.

La construction européenne plonge ses racines dans le choc des deux guerres mondiales et dans l'élan pacifiste de l'entre-deux-guerres, le tout sur fond d'une certaine prise de conscience du déclin de l'Europe face aux Etats-Unis.

Aristide Briand avec la proposition de création d'une union régionale agissant notamment dans le domaine économique donnait une autre dimension à l'approche du problème européen. Jean Monnet de rajouter que : " la France est liée en Europe. Elle ne peut s'en évader (..). De la solution du problème européen dépend la vie de la France.

Une France en fait qui n'a pas tout à fait le choix après la guerre.
Sous la pression de la hantise de la menace communiste ( URSS et PCF), du plan Marshall, et le souci de contrôler l'Allemagne après l'échec des projets de démantèlement, elle devra s'acquitter de cette idée, le tout avec des moyens politiques et économiques limités.

Mais cette volonté d'une construction communautaire s'enlise. D'un coté les socialistes et le et le MRP sont dans le mouvement européen, de l'autre le PCF qui s'oppose résolument au plan Marshall qui pour lui équivaut à un asservissement économique et est une menace contre la souveraineté française. En fait cet apprentissage de la coopération au sein de l'organisation européenne de coopération économique (OECE) au regard des premières réalisations est une déception. Le conseil de l'Europe a des moyens limités et le Pacte de Bruxelles relatif au traité de collaboration en matière économique signé en 1948 est dilué dans l'OTAN.

Ainsi l'espoir d'une stratégie d'intégration supranationale est décevant.
C'est précisément pour que le contentieux franco-allemand ne pèse plus sur l'avenir de l'Europe que le gouvernement français, par la déclaration de Robert Schumann en 1950 jette les bases de la communauté européenne du charbon et de l'acier( CECA), institué en 1951 par le traité de Paris. Il s'agit de gérer en commun ces deux secteurs, économiquement essentiel, mais surtout hautement symboliques, puisque indispensables à la production de guerre d'un pays. La CECA témoigne déjà de l'originalité profonde de la démarche communautaire à l'approche politique « par le haut », qui suppose résoudre le débat entre unionistes et fédéralistes.

Cependant, le rejet de la Communauté européenne de défense (CED) par le parlement français en 1954 illustre la sagesse de l'approche économique qui vise à créer des solidarités de fait.
Pour les communistes la CED signifie le réarmement de l'Allemagne arrimée au camp occidental, et donc une menace pour l'URSS. Les débats autour de la CED sont très vifs en France, et donnent lieu à des convergences inattendues entre communistes et gaullistes sur le thème de la souveraineté nationale, même si leurs motivations sont différentes.

Après l'humiliation et l'échec de la CED, l'eurocepticisme de l'opinion et le déclin du MRP, on pourrait croire que la France est à priori en retrait.
Cependant si son rôle a été tardif, il est bien réel dans la relance de 1955 à 1957. En effet les conditions sont favorables à son retour : activisme de Monnet et le gouvernement de Mollet pro européen, le règlement de la Sarre, la crise de Suez et enfin la nécessité de trouver des débouchés agricoles.

Aussi l 'échec de la CED est suivi en 1953 par la conférence de Messine qui jette les bases du traité de Rome en 1957, qui crée la communauté économique européenne ou marché commun. C'est en réalité un projet plus large d'union douanière fondée sur la réduction progressive des droits de douanes et l'adoption d'un tarif extérieur commun à l'Europe.

Pour de Gaulle en revanche, l'Europe devait être autre chose que la construction institutionnelle. Avec l'expression de « l'Atlantique à l'Oural », il désigna clairement la portée géographique et historique de l'idée européenne.

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Dès 1945, de Gaulle comprit vite, avec d'autres, que le temps des antagonismes était dépassé dans une Europe au surplus ruiné, et soumise à la pression des nouvelles superpuissances. De gaulle tente ainsi de lui donner un contenu politique au service de la puissance française.

De 1946 à 1958, éloigné des affaires, le Général de Gaulle ne manqua néanmoins de faire entendre sa voix sur les problèmes communautaires. Il n'approuve pas la CECA en 1950, en raison de son caractère d'institution supranationale, mais il reconnut l'intérêt pour la mise en commun des ressources énergétiques franco-allemandes. Son hostilité fut en revanche totale à la CED. Ce projet supranational visant à créer une armée européenne avec des contingents allemands, sous commandement de l'OTAN, c'est à dire américain, était pour lui inacceptable dans son principe. L'adhésion du général au libre-échange dans le cadre européen, allait cependant de pair avec sa volonté de maintenir, à l'égard du monde extérieur et spécialement des Etats-Unis une dose suffisante de protection du potentiel européen trouvant son expression dans la notion de préférence communautaire et l'insistance d'un tarif extérieur commun équilibré.

Mais dans cette construction en marche, il attribue le rôle essentiel à l'union politique des Etats européens, qui peuvent servir de facteur d'équilibre entre les deux blocs. Malheureusement les plans Fouchet qui étaient destinés à instaurer une coopération politique entre les Etats membres des communautés sont des échecs. En revanche, le Général maintient en 1963 puis en 1966-1967 son opposition à l'entrée du Royaume-Uni dans le marché commun expliquant que ce pays n'en acceptait pas les disciplines. En outre, il soupçonnait Londres de maintenir une trop stricte allégeance envers les Etats-Unis et considérait aussi que ses relations privilégiées avec le commenwealth déstabiliserait la CEE en noyant dans une vaste zone de libre échange dépourvu de virtualité politique.

La politique agricole commune (PAC), fournit à de Gaulle l'occasion d'afficher sa détermination, même si elle devait provoquer une crise. Faute d'accord sur son financement (question vitale pour la France, principal pays agricole de l'époque), il décida le 30 juin 1965, de pratiquer la politique dite de la « chaise vide »

Finalement le bilan est mitigé et peu consensuel. Au bout de six mois de blocage, le compromis de Luxembourg (1966) sur le fonctionnement des institutions, fit obligation aux six de rechercher un accord unanime sur les « questions importantes ». De Gaulle obtenait gain de cause et préservait la spécificité et les intérêts de notre agriculture tout en cessant d'approuver les principes même de la PAC. En ce qui concerne la CECA et l'Euratom ils furent marginalisés.

Cependant l'espérance française d'utiliser la construction européenne pour contrer la puissance américaine est fondée sur une méconnaissance de l'Allemagne fédérale qui montre aux Etats-Unis une fidélité sans faille. L'exemple le plus marquant en est le vote par le Bundestag du préambule qui dénatura le traité de l'Elysée en janvier 1963. Alors que ce traité devait être le fondement d'une Europe européenne, donc émancipé de la tutelle américaine, le préambule, qui rappelle le primat de l'atlantisme, en signe l'échec.

Les difficultés entre la France et ses partenaires du marché commun sont loin d'être toutes levées. L'arrivée de Georges Pompidou d'abord , de Valérie Giscard d'Estaing puis de Mitterrand ensuite modifient sensiblement le climat des relations entre la France et ses différents partenaires : la Grande Bretagne, l'OTAN , et l'Europe.

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De 1969 à 1992 les enjeux « d'une communauté de destin » irréversible s'imposent aux successeurs de général de Gaulle.

Les successeurs du Général de Gaulle conservent et améliorent effectivement les moyens dont ils héritent. La France est à nouveau un moteur de la construction européenne.

Après 1969, la France a continué de participer activement aux négociations qui ont abouti à l'élargissement de la CEE ( passage de l'Europe des 6 à 15). Georges Pompidou a permis l'élargissement de la CEE en Grande-Bretagne, l'Irlande, et le Danemark. Valérie Giscard d'Estaing, européen convaincu, a obtenu notamment l'élection au suffrage direct des députés européens, censée rendre moins lointaines les institutions européennes. A partir des années 80, le couple franco-allemand Mitterrand/ Kohl a relancé le projet européen : la CEE s'ouvre aux pays du sud. La France est donc physiquement au centre de l'Europe.

Sur fond de crise mondiale, une intégration économique sera rendue nécessaire pour faire face aux défis de la mondialisation.
Suite à la conférence de la Hayes en 1969 qui remit en selle le projet européen, le rapport Werner est le premier à annoncer pour 1980 la création de l'Union économique et monétaire (UEM. C'est une étape supplémentaire importante dans le processus d'intégration communautaire. Le choix du marché comme clé de voûte du projet communautaire se confirme. En 1986, la France signe l'acte unique qui parachève le marché intérieur, avec la suppression complète des frontières intérieures, renforcement du rôle du Parlement européen et l'amélioration de la capacité de décision du conseil des ministres. Il y donc bien une volonté politique des gouvernements en faveur de l'Europe. Même si Georges Pompidou est méfiant envers l'Ostpolitik cependant le rôle des couples Giscard-Schmidt (SME) et Mitterrand-Delors-Kohl (Mastricht) permettent des avancés qui sont bénéfiques pour la France.

Cette volonté de réforme menée activement par F.Mitterrand concernait également les exceptions françaises.
Ainsi le SME devait permettre la stabilisation du taux de change, de réduire l'inflation et de préparer par la coopération l'unification monétaire. Tous les Etats membres y sont associés exceptés le Royaume-Unis. De plus les critères dits de convergence de l'UEM relatif à la maîtrise du déficit budgétaire étaient un des domaines sur lesquels la France devait se plier.

Sur le plan diplomatique et militaire, F.Miterrand restera probablement dans l'histoire comme l'homme de l'ancrage européen de la France, parachevé par la ratification, par référendum, du traité instituant l'UE, et comme celui qui accompagna un mouvement, qu'il ne s'attendait certainement pas à connaître de son vivant, l'unification de l'Allemagne en même temps que l'effondrement de l'empire soviétique.
D'ailleurs au cœur même de la crise des euromissiles la prise de position de F.Miterrand fut le point d'orgue d'une diplomatie alors entièrement tournée vers la fermeté à l'égard de l'URSS brejnévienne, qui vit le président français vouloir « réveiller l'esprit de résistance assoupi » des européens.

Au regard de la faible croissance des années 80, de profonds changements structurels sont entrepris et conduisent à une remise en cause du dirigisme de l'Etat, notamment en ce qui concerne l'autonomie de la banque de France et la fin des monopoles publics. De plus l'espace économique de l'UEM, n'est pas sans incidence sur le maillage politico-administratif français qui impose des réformes et qui donne beaucoup plus de pouvoir aux régions expliqué en partie par les traités européens.

L'Europe est également un enjeu de politique intérieure. En septembre 1992, les français doivent en débattre au cours d'un référendum. Ils se partagent entre ceux qui approuvent Maastricht ( en gros le PS, sauf quelques opposants groupés autour de Jean-Pierre Chevènement, les giscardiens et les centristes, une partie des gaullistes) et ceux qui le refusent ( le FN, le PC, une part importante des gaullistes animés par Phillippe Séguin et Charles Pasqua qui invoquent les mânes du général). Les fortes abstentions lors des votes expliquent la difficile ratification du traité de Maastricht. Les mécontentements sont d'autant virulents notamment lors des manifestations agricoles contre la réforme de la politique agricole commune. L'Europe est en quelque sorte le bouc émissaire de la contestation dans un contexte de mondialisation des échanges.

Les positions françaises sont en fait très ambiguës. Les « eurocrates » sont en quelque sorte les bouc émissaires de la mondialisation. Tous les bénéfices de l'Europe sont « oubliés » (paix, audience internationale, marchés élargis…)

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La France et l'Europe ont tiré profit de la croissance économique. La période qui a commencé en 1945 marque la fin d'une construction séculaire et le début de temps nouveaux pour la France et les Français. Les deux guerres du XXème ont fait de notre pays une puissance moyenne alors que le monde est de plus en plus dominé par les puissances continentales (Etats-Unis, URSS, Chine. Sa survie commande que l'Europe soit construite, ce qui met fin à une longue histoire nationale. Faut-il regretter ? On voit bien aujourd'hui les conséquences de la politique menée par de Gaulle à propos de l'Europe ; mais l'évolution entamée antérieurement n'est pas arrêtée. Déjà la commission de Bruxelles exerce une autorité croissante dans différents domaines, politique, économique, social. L'avenir prochain donnera à l'Europe une place grandissante ; faudra-t-il alors parler de la France au passé ? Ne vaut-il pas mieux penser que Françaiset Européens apporteront leurs richesses et leurs expériences respectives à ce nouvel ensemble plus vaste, plus riche et aussi plus puissant ?
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