en une : Sujet : causes de la crise de 1929

Sécurité et démocratie

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 02/07/2007 - correction
                
Bonjour,

pour vous aider à traiter ce sujet, je vous propose de dérouler ensemble l'approche méthodologique à adopter pour bien le cerner, puis de voir comment construire une introduction et un plan adaptés.

Pour commencer, il faut définir les mots du sujet (via le dictionnaire si besoin et plus concrètement ou largement ensuite). "Sécurité" : c'est au départ être protégé, à l'abri des dangers; ce terme va d'abord s'appliquer aux personnes et il faut alors le comprendre dans le sens de sécurité physique et morale, assurance de ne pas être agressé dans les tous les sens du terme, assurance de pouvoir être protégé des autres, du reste de ce qui nous entoure. C'est un peu différent de la sûreté, qui s'applique davantage à des états ou des structures entières, qui a plus trait à des notions de terrorisme etc. Ensuite, démocratie : en grec ancien, mot à mot, c'est le "cratos" (le pouvoir) au "démos" (le peuple). La république en est une forme, mais pas la seule. C'est le peuple qui est porté au pouvoir ou qui désigne ceux qui vont décider et gouverner pour lui. La démocratie induit la liberté et c'est déjà un premier lien avec la sécurité : liberté de faire ce que l'on veut, dans la limite de la sécurité des autres. Vous pouvez donc reprendre un dictionnaire, approfondir ces définitions et éventuellement les compléter par des considérations plus quotidiennes. Ensuite, il faut étudier la liaison entre ces mots, ici "et". La liaison tente d'associer les deux mots : l'idée sous-jacente est donc de voir si ces deux mots s'opposent (un "et" avec un sens de "mais") ou au contraire vont ensemble, se complètent, s'expliquent l'un l'autre. Au-delà de la définition des mots nécessaire donc au traitement du sujet (d'où l'importance d'être précis dès le début de la réflexion), il faut étudier donc voir le rapport entre les mots.

A partir de là, on peut dégager du sujet même et de son intitulé la problématique : opposition ou complémentarité entre les deux termes ? Par exemple, sous une forme plus rédigée, on peut penser à : "sécurité et démocratie sont-elles deux notions complémentaires ou au contraire antinomiques ?". L'important est de la reformuler avec vos mots, votre vision, mais l'avantage d'adopter une forme de question avec oui ou non comme réponse sous-jacente est qu'on peut facilement embrayer, et très naturellement, sur un plan dialectique (thèse, antithèse, synthèse). Nous reviendrons sur le plan ensuite, avec quelques pistes pour la rédaction du développement, et continuons tout de suite avec l'introduction.

Commencez par amener le sujet, en repartant d'événements récents ou faits de société par exemple (un phénomène lié à violence et démocratie dans nos sociétés par exemple peut être un moyen d'amener ce sujet, en disant que du coup, l'actualité, la société, des aspects sociologiques même nous amènent à nous interroger sur l'interaction entre ces deux notions). Il faut alors définir les termes du sujet, avec le plus de précision, voire de brefs exemples, puis passer à l'explicitation du rapport entre les mots que nous avons vu ci-dessus. Vient alors la problématique puis l'annonce du plan.

Reprenons le plan dialectique en trois parties, selon cet agencement par exemple (possibilité d'inverser; généralement, on commence avec la thèse qui nous parait le plus "naturel" ou le plus correspondre à la réalité éprouvée) :

1) La démocratie permet et institue la sécurité. Parce qu'elle institue des règles, des limites, qu'elle punit ceux qui ne les respecte, elle nous assure une certaine sécurité. Cette sécurité est la norme, et si jamais elle n'est pas respectée, d'autres procédures se mettent en marche pour punir, réparer, rappeler à l'ordre. Mais la sécurité, c'est aussi un sentiment au-delà d'une protection physique, de notre intégrité. On se sent en sécurité dans ces circonstances favorables, pas comme dans des dictatures ou des régimes où l'absence de véritable justice ou l'existence de polices secrètes par exemple font que l'on se sent en permanence menacé. Car la démocratie c'est aussi la liberté, et notamment la liberté de dire, penser, parler : on ne peut être inquiété du seul fait de ses convictions (dans certaines limites bien sûr quand même). En résumé, la démocratie permet la sécurité physique et le sentiment de sécurité, son vécu et son ressenti.

Transition : mais justement le principe de liberté sur tous ces points ne conduit-il pas à tout accepter, tout laisser faire ? finalement, ces notions ne seraient-elles pas plus opposées qu'il n'y paraît à première vue ?

2) Au contraire, la démocratie peut sembler ne procurer aucune sécurité puisque dans l'absolu "tout est bien", "tout est bon", rien n'est opposable, du moment que le peuple - mais en fait la majorité le décide - quid alors par exemple des minorités ? La sécurité n'est-elle pas justement possible que par la concession de règles strictes, d'interdiction ? N'y aurait-il que le fameux principe "la liberté s'arrête où commence celle du voisin ?". La liberté comme principe directeur d'une part et l'avis de la majorité comme pierre de touche d'autre part peuvent sembler deux raisons majeures à l'opposition des deux termes.

Pour ces deux grandes parties, il faut bien sûr hiérarchiser les idées entre elles, en sous-parties, et utiliser des exemples. La théorie sur le sujet chez les écrivains ou philosophiques classiques est à ma connaissance peu importante. Mais la société fournit des exemples : cf. par exemple débats en Angleterre sur la tolérance vis-à-vis d'extrémistes qui finissent par perpétrer des attentats sur le sol britannique; la violence et sa montée dans les quartiers dits "zones de non droit" etc. sans oublier par exemple la démocratie de la Grèce Antique et le sentiment de sécurité ou non et de violence chez les Athéniens ou Spartiates toujours en guerre. Les régimes totalitaires ou les phénomènes de révolution comme 1789 ou les révolutions militaires actuelles de certains pays d'Amérique du Sud fournissent d'autres exemples. Je pense qu'il est essentiel de s'appuyer sur de tels exemples, éclairés par quelques considérations économiques, historiques ou sociologiques car les fondements théoriques intéressants sont malheureusement assez rares.

Passons alors à la synthèse : 3) Ces notions sont en fait complémentaires, plus qu'opposées ou allant dans le même sens. En fait, la liberté n'est pas liberté totale, elle a des règles, des codes, une histoire, qui font qu'on ne peut pas tout accepter non plus : certaines idées sont devenues inadmissibles, d'autres ne peuvent pas s'imposer come ça facilement. Il y a donc des limites qui font que la sécurité peut naître de la démocratie, mais qu'elle n'est pas forcément totale (au contraire, certaines dictatures sont ou étaient beaucoup plus sûres du point de vue de l'intégrité physique car les délits étaient sévèrement réprimés; après, peut-on dire que dans ce climat, les gens se sentaient libres et en sécurité, notamment vis-à-vis de possibles débordements forces de police ? ...).Ce sont en fait deux notions qui se complètent, qui s'expliquent l'une l'autre, qui se donnent naissance l'une à l'autre : la démocratie permet la liberté mais dans une certaine limite, et donc la sécurité; de son côté, la sécurité permet à tous de s'exprimer, de construire des choses d'un point de vue politique au sens étymologique du terme. Il n'y a donc pas vraiment une notion qui explique ou fait naître l'autre, mais plutôt un co-développement en parallèle. (Là aussi, pensez aux exemples dès que possible).

Voilà pour le cheminement. d'un point de vue forme, ménagez bien des transitions entre les paragraphes pour bien marquer l'évolution de votre réflexion, pour montrer que vous déroulez une réflexion; pensez aussi à bien délimiter des paragraphes et en conclusion, tire un bilan clair et précis de là où l'on en arrive. A la limite, prévoyez une ouverture rapide (par exemple sur démocratie et violence : une manifestation de l'insécurité ? c'est d'ailleurs un thèmse que vous pouvez rapidement aborder dans une partie ou une interrogation sur l'évolution dans nos sociétés occidentales dans les décennies à venir).

En soignant la forme, en organisant bien votre discours de façon construite et progressive (montrez que vous avez mené une vraie réflexion construite sur le sujet, c'est vraiment l'important à démontrer dans une dissertation), en trouvant quelques exemples judicieux, rigueur et réflexion devraient avec cette amorce je l'espère vous donner les moyens de finaliser un travail de qualité.

Je vous souhaite une bonne réflexion et un très bon travail.
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