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Mini mémoire en littérature : la rhétorique des passions dans la religieuse de denis diderot

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 28/06/2007 - correction
                
Bonjour,

je comprends bien effectivement votre difficulté face à ce sujet, assez déconcertant par sa formulation aux abords très théoriques, alors qu'il se veut justement très pratique puisque basé sur une oeuvre.

Je vous propose avant tout de reprendre le sujet d'un point de vue méthodologique. Tout d'abord, c'est bien l'oeuvre qui est au centre du sujet. Ainsi tout ce que vous évoquez dans votre première partie, et qui est basée sur une documentation très fournie sur la problématique, doit avant tout vous servir à aborder le sujet, à le comprendre dans son contexte et doit vous donner des arguments de comparaison, de jugement etc. dans les différentes parties du devoir. Par contre, il n'est sans doute pas souhaitable de commencer par une première partie très théorique et très générale. Pour répondre au sujet de façon construite, progressive et dynamique, il me semble plus intéressant d'intégrer toute cette information que vous avez réunie dans les différentes parties, quand le besoin s'en fait sentir. A la limite, il vaut mieux en écrire un peu moins, et peut-être même que deux grandes parties si elles sont pertinentes, mais vraiment avoir une réflexion sur l'oeuvre. On attend avant tout que vous montriez que vous avez lu l'oeuvre avec comme angle de vue la problématique du sujet. Le premier principe qui doit donc vous guider dans votre rédaction est donc le suivant : toujours dire et analyser ce qui se passe dans le livre, et agrémenter tout votre discours d'arguments plus globaux, plus généraux issus de vos lectures. "Astreignez-vous" en quelque sorte à toujours parler du livre et de son analyse en fait.

Partant de là, il faut effectivement commencer comme vous l'avez fait avec justesse à cerner, définir le sujet. Il faut commencer par s'interroger sur le terme "rhétorique" : le mieux est en effet de repartir de son sens étymologique, de sa définition du dictionnaire. Ici, la rhétorique c'est vraiment l'expression, la façon dont on dit (bien en général, mais le côté esthétique habituel du mot n'est pas aussi marqué ici) qui compte et que l'on regarde. Très souvent, on parle d'ailleurs presque avec le même sens chez les critiques classiques d'"expression des passions". Cette expression moins ampoulée me paraît un peu plus éclairante. Par "passion", je crois qu'il faut encore ici aussi entendre le mot dans son premier, étymologique. "Patior" en latin c'est souffrir (pensez à la passion du Christ, c'est-à-dire ses dernières heures pendant le chemin de croix, bref son supplice). C'est ensuite, en français classique, que le mot s'est affaibli, mais très souvent les poètes notamment ont joué sur cette ambigüité amour-passion / amour-souffrance. La passion de la religieuse c'est donc tous ce qui touche à ses sentiments, sa souffrance comme ses sentiments amoureux. Cela doit peut-être un peu élargir le champ de vos investigations dans l'oeuvre. Je crois que l'on peut aller assez loin dans le sens du terme et que tout ce qui relève de ses pensées et ses sentiments peut ici être analysé. Tout ce que vous avez trouvé sur la rhétorique ou les passions sont à mon sens plus des éclairages pour votre compréhension ou des appuis pour développer certaines idées que des arguments auxquels consacrer des paragraphes entiers. C'est en effet bien la façon dont Diderot rend la rhétorique des passions dans oeuvre que l'on étudie ici, pas l'histoire du mot ou les théories tenant à cette notion.

Votre interrogation sur la problématique est très bonne et juste : pourquoi la rhétorique des passions dans cette oeuvre et pas une autre ? C'est en quelque sorte la question sous-jacente à laquelle doit répondre votre devoir; c'est là que toutes vos connaissances plus générales interviennent et doivent vous aider à identifier les particularités dans un ensemble plus grand ... ou au contraire les points communs sur presque tout ! Dans ce cas, c'est que l'oeuvre est extrêmement représentative du courant ou de la théorie et dans ce cas, l'analyse que vous en faites est presque une analyse du genre. Mais encore une fois, l'important est de toujours avoir à l'esprit qu'il faut avant tout se centrer sur l'oeuvre. Si vous gardez à l'esprit cette ligne de conduite, vous parlerez du livre et ne tomberez pas dans le piège de parler de choses trop générales, et c'est vraiment là l'essentiel et c'est ce qui sera jugé et apprécié avant le discours en lui-même.

Le sujet étant éclairci, vous pouvez passez à l'introduction. Tout d'abord, amenez le sujet (par exemple, parlez de la rhétorique des passions chez Aristote ou au XVIIIème siècle par exemple pour arriver sur un cas particulier ou un autre exemple : Diderot et sa "Religieuse"). Ensuite, définissez précisément les termes du sujet comme nous l'avons fait ci-dessus et commencez à amener le sujet de l'oeuvre. Profitez de la définition du terme "passions" par exemple pour définir les passions de Suzanne et ainsi en faire une courte présentation, ainsi que de son histoire. Arrive alors, toutes ces présentations faites, la problématique. Lorsque vous êtes un peu perdue dans les possibilités de plan ou de problématique comme c'est le cas ici (et encore une fois c'est bien normal ! à mon sens, les sujets qui demandent une analyse d'une oeuvre - donc quelque chose de "concret" - par le filtre d'une notion très théorique sont les plus difficiles, notamment à cause des tentations que l'on peut avoir de dévier sur des généralités hors de l'oeuvre). Vous pouvez pensez à : plan historique, plan dialectique, plan cause-faits-conséquences. Vous ne pourrez sûrement pas "plaquer" un plan tout fait à chaque, mais vous pouvez toujours essayer de vous rapprocher de l'un d'eux et cela vous donne des idées directrices. Ici, si l'on repart sur cause-faits-conséquences, on peut se demander comment se manifeste cette rhétorique, avec quels moyens et pourquoi, pour montrer quoi. Une problématique peut donc être : "comment se manifeste la rhétorique des passions dans La Religieuse de Diderot ?" ou "quelle rhétorique des passions Diderot déploie-t-il dans sa Religieuse et dans quel but ? ". Votre devoir étudie ce phénomène, il doit donc le décrire, dire comment sont faites les choses et pourquoi, dans quel but, avec quel effet produit.

A partir de là, vous pouvez construire un plan équilibré en trois grandes parties progressives, en passant toujours des constats à l'analyse. On pourrait envisager une partie sur la façon dont on parle des passions au sens le plus commun (les sentiments y compris le langage du corps que vous évoquez), puis une seconde sur les passions au sens pathos comme vous l'avez aussi évoqué et au sens douleur, souffrance etc. Enfin, une dernière partie reviendrait sur l'effet produit et le pourquoi (avec toutes vos idées sur l'effet de persuasion, le cas du marquis etc. ce sont à mon sens de très bonnes idées à creuser).
En ménageant des transitions entre les parties et à partir de vos réflexions initiales, vous devez ensuite pouvoir trouver des sous-parties dans ces grandes parties (ce sont toutefois des idées de cheminement à creuser en fonction de votre lecture, bien plus approfondie que la mienne et complétée par vos lectures).

Voilà donc pour le plan, la problématique et l'introduction. Sans oublier bien sûr les habituels conseils de forme, transitions, rédaction etc. que vous connaissez.

En résumé, votre difficulté éprouvée face à ce sujet est tout à fait normale. La façon dont vous avez formulé votre question prouve que vous avez les connaissances et la réflexion nécessaires pour répondre de façon satisfaisante au sujet. Il vous manquait peut-être l'apport méthodologique (se centrer avant tout sur l'oeuvre, garder les connaissances générales en appui du reste des arguments, adopter un plan progressif basé sur un modèle plus général etc.), qui est d'ailleurs valable pour tout sujet. J'espère vous avoir apporté ce complément, cet éclairage. Une bonne méthode vous permettra toujours de vous en sortir. En étant très méthodique et en alliant à la méthode vos connaissances et votre réflexion, il n'y a aucune raison que vous ne parveniez pas à un résultat très satisfaisant.

Sur ce, je vous souhaite bon courage pour la suite de votre travail.
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