en une : Sujet : causes de la crise de 1929

Aide pour comprendre une citation de j. de maistre

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En effet, vous comprenez bien en quoi de Maistre est anti-moderne, c'est-à-dire refuse l'idée abstraite d'un homme, idée au fondement d'une théorie républicaine de l'égalité politique. Pour lui, il s'agit de reconnaître les différences constitutives des hommes et la hiérarchie naturelle entre eux (sans pour autant en déduire un système politique inégalitaire et justifiant la tyrannie). L'idée qui en découle est alors la nécessité de valoriser une conception proche du romantisme politique de Burke ou de Goethe, c'est-à-dire une conception qui montre que les hommes ont besoin de guides, ont besoin de suivre la raison nationale. À cette raison, de Maistre oppose les dogmes nationaux et les préjugés utiles. Il semble qu'il s'agit d'une forme d'ironie, dans la mesure où ce que sous-entend ici de Maistre est que la raison peut guider l'esprit de la nation et que le fait de suivre la raison nationale ne fait pas pour autant d'elle un dogme. En effet, si la loi supérieure de la nation est imposée aux hommes, cela n'exclut pas le fait que cette loi soit elle-même rationnelle et bonne. Se référant à une tradition qui va de Platon à Machiavel et Hobbes, de Maistre montre qu'il faut distinguer le dogmatisme en soi du dogmatisme relatif, qui fait que la raison nationale ne peut être entendue par la raison de tout le monde (cf. le noble mensonge chez Platon). Dès lors, cette conception politique ne s'appuie pas sur des préjugés, même utiles, mais sur des vérités qui ne sont pas accessibles à tous. L'ironie veut donc que de Maistre oppose à l'accusation des lumières (se libérer de tout préjugé ne peut se faire qu'en pensant par soi-même) une conception supérieure du politique qui ne passe pas non plus par des préjugés mais se fonde sur la distinction entre la raison d'État et la raison individuelle.
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