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Politique et morale

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"Politique et morale"

Effectivement, votre plan donne un peu le sentiment que vous dites une chose... avant de souscrire à son contraire. Vous pouvez atténuer le coté abrupt de votre plan avec l'alternative webérienne éthique de conviction / éthique de responsabilité. (in Le Savant et le Politique).
Fallait-il reconnaître l'existence d'un génocide arménien au détriment des intérêts économiques de la France ? Fallait-il, à l'inverse, serrer la main du bourreau de Tien An Men ?
Prenez garde à ne pas réduire Machiavel à un penseur exclusivement cynique. Certes, la perspective qui est la sienne est celle d'un homme qui entend expliquer de quelle façon l'on conserve le pouvoir, mais cette seule fin lui fait tantôt reconnaître les vertus d'une politique soucieuse de "morale". Voyez ce qu'il dit de l'alliance entre le Prince et le Peuple contre les "Grands" (je vous renvoie pour cela à l'analyse de Claude Lefort, in "Le Travail de l'oeuvre Machiavel").
J'ajoute que votre problématique doit se déduire de l'analyse précise des termes du sujet. Exemple : Comment envisager que l'exercice de la politique retrouve paradoxalement, en dernière analyse, une certaine conception de la morale ? (Si la fin justifie les moyens, les moyens en question sont-ils nécessairement "amoraux" ?) Cela vous permettrait d'examiner successivement les deux termes de l'alternative conviction / responsabilité, avant de voir - avec Machiavel pourquoi pas ? - dans quelle mesure la politique retrouve, non pas en amont, mais en aval, parce que la fin justifie les moyens, une certaine idée de la morale...

Quels sont les dangers d'une politique exclusivement déterminée, en amont, par la morale ? Quel est le contenu d'une telle morale ? (Les dictatures se veulent souvent des régimes moraux", voyez aussi le péril qu'il y a - Mac-Mahon, Pétain - historiquement à confondre l'exercice du pouvoir avec la réhabilitation d'un "ordre moral").

Je vous renvoie enfin aux deux ouvrages décisifs d'Éric Weil sur la question : "Philosophie morale" et "philosophie politique".

Bien à vous, bon courage. "
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