en une : Cours philo : Dieu

Philo-religion

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Je ne comprends pas bien si c'est votre plan qui est en cinq parties ou si c'est votre intoduction, qui donne ainsi le programme de votre démonstration. Quoi qu'il en soit, il manque une problématique à votre raisonnement. Vous envisagez la plupart des aspects du sujet sans que l'on comprenne véritablement le lien qu'il y a entre eux.
Le problème que vous permet de construire ce sujet est celui de la confrontation entre deux discours : celui de la raison et celui de la foi. Or, si vous définissez ces deux discours, vous allez immédiatement constater qu'ils sont formellement opposés et irréductibles sans pour autant être véritablement en concurrence puisqu'ils ne s'adressent pas à la même faculté en l'homme. Autrement dit, et ici particulièrement dans la façon dont est formulé votre sujet, est-il possible de soumettre à l'analyse rationnelle un sentiment de foi qui paraît fédérer l'expérience religieuse ? Cette question devient problémtatique dès l'instant où l'on songe au fait que la religion n'est pas simplement un sentiment de foi (Cicéron religere), mais est également une façon de relier les hommes entre eux (religare), c'est-à-dire une façon de penser les relations sociales en référence à des normes morales et d'expliquer le monde selon des expressions métaphoriques.
Votre démarche va donc avoir pour but de chercher à savoir si la philosophie peut comprendre la religion par ses manifestations sensibles (et non dans le sentiment intérieur de la foi).
Il est alors possible de montrer (I) que la philosophie ne comprend pas la religion comme fait social parce qu'elle dénonce l'illusion d'une croyance qui ne se fonde en fait que dans un besoin d'organisation proprement politique qui n'exprime rien de transcendant (Marx, Durkheim, Vernant, Levi-Strauss ou encore Nietzsche). En outre, il convient de constater (II) que le discours rationaliste se heurte de plein fouet au discours mystique de la foi en tant que ce discours n'est pas appuyé sur des preuves et impose des dogmes et des impératifs moraux et scientifiques qui ne correspondent pas au monde et rendent l'homme étranger à lui-même (Freud, Comte ou même Kant). Enfin, si la philosophie ne peut com-prendre la religion, nous sommes confrontés à une forme d'aporie puisque la religion est une inconnue fondamentale et une illusion que l'on ne parvient pas à saisir. Autrement dit (III), pourquoi, alors même que nous vivons dans des sociétés rationalistes fondées sur le progrès et la science, les religions continuent-elles de canaliser des énergies et des vocations ? Le fait que la philosophie ne parvienne pas à comprendre la religion indique peut-être que la religion n'est jamais en relation avec la raison mais plutôt avec ses limites. Comme le montre initialement Descartes, mais comme le creusera la tradition herméneutique allemande (Schleiermacher) et surtout Kierkegaard, la religion ne peut se comprendre philosophiquement que par défaut, c'est-à-dire négativement comme une nécessité inscrite dans le coeur et les sentiments de l'homme (dans l'angoisse) et non dans son intelligence.
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