en une : Le lexique de français

Commentaire de text kant

Philosophie > sujets expliqués - Question simple
                
Vous avez ici en quelque sorte une thèse qui est emblématique de la critique des autorités caractéristique du mouvement des lumières (Cf. Kant : qu'est-ce que les lumières). La thèse principale est ici de montrer que nous avons un devoir de critique dans toute constitution de connaissance, c'est-à-dire que nous devons toujours nous demander quelle est la légitimité des idées qui sont avancées lorsque ces idées nous sont pas construites par un raisonnement qui nous est propre mais sont acquises par le mode de l'apprentissage passif. Cette thèse de l'esprit critique est plus précisément étayée dans le détail par trois mouvements argumentatifs dans le texte. Dans le premier (premières phrase) Kant nous explique qu'il est nécessaire de prendre conscience que certaines vérités nos viennent de l'autorité intellectuelle de personnes nous ayant précédé et que de telles vérités ne sont admises comme vraies que pour des motifs personnels (le statut de la personne qui les édicte) et non pour des raisons intellectuelles. Il y a donc une forme de culpabilité d'une telle connaissance considérée comme vraie car elle n'est pas à proprement fondée sur une argumentation que nous possèdons. Ensuite (deuxième et troisième phrase) il découle nécessairement de cette analyse que nous ne pouvons octroyer à ces connaissances que le statut de préjugés, car le fondement de la personne n'est pas efficace au sens où ce n'est pas une preuve de vérité. D'où la contradiction entre le caractère anonyme que nous sommes obligés de reconnaître en l'absence de preuve et la rationalité supposée de telles vérités. C'est pour cette raison (fin du texte) que nous avons un devoir d'élucidation des préjugés qui signifie exercer notre esprit critique pour, en dépouillant la vérité de son autorité personnelle, examiner le bien-fondé de ce qui est avancé comme vérité. Nous devons donc nous affranchir de cette tutelle pour penser par nous-mêmes, c'est-à-dire exercer nos lumières, essayer de ne pas croire bêtement ce qui est avancé (imitation servile qui nous dispense de raisonner), ne pas se réfugier derrière la pensée d'un autre en croyant illusoirement qu'ainsi nous accédons à la dignité intellectuelle et à la reconnaissance dont jouit celui qui a pensé à notre place (ce qui serait vanité).
Documents attachés :    aucun document joint.