en une : Le raisonnement par récurrence

"faut-il désirer être pleinement satisfait?"

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"Faut-il désirer être pleinement satisfait?"

Je commencerai par vous indiquer quelques pistes de réflexion, mais pas un plan pour la raison suivante : il faut d'abord travailler à élaborer le problème que pose le sujet (qui est différent de la question elle-même, retenez en effet qu'une question n'est jamais un problème, un problème étant une contradiction nécessaire, deux choses contradictoires s'affirment en même temps). Car le plan découle de la problématique comme la démarche proposée pour traiter le problème selon ses différents aspects.

Alors d'abord le problème. Pour cela, il vous faut procéder à une nanalyse du sujet qui par ex. ici vous mène à considérer la difficulté qu'il y a à associer désir, ou le fait de désirer, d'un côté, et le fait d'une satisfaction pleine et entière de l'autre. C'est d'autant plus surprenant que la satisfaction pleine et entière, semble-t-il, doit être objet de désir. Alors pourquoi la question se pose-t-elle? Pourquoi cela est-il difficile d'affirmer qu'il faut désirer être pleinement satisfait, dans la mesure où l'on ne voit pas trop comment on pourrait affirmer le contraire, c'est-à-dire qu'il ne faut pas désirer être pleinement satisfait?
Pour approfondir cette perspective, il faut creuser l'idée de satisfaction liée au désir (=assouvemement du désir, d'un désir qui peut ne jamais être satisfait, insatiable : voir la définition du désir chez Platon dans le Banquet en particulier, ou dans la République quand trois types d'âmes sont distinguées : la partie désirante étant l'âme la plus basse, la plus "proche" du corps, en lui étant asservie). Ainsi dans cette prespective, désirer être pleinement satisfait est 1°/ contradictoire, si le désir est par définition insatiable (voir aussi le Gorgias de PLaton, où Socarte compare l'homme agité de désirs à un tonneau pércé); 2°/ c'est contraire à la poursuite du vrai bien; et cet aspect ici est absolument à prendre en compte dans la mesure où le sujet pose la question morale par excellence s'il FAUT, c'est-à-dire si c'est conforme au devoir (voir sur ce thème Kant, Fondements des moeurs) de désirer être plainement satisfait. Or dans la mesure où la perspective morale est introduite, il faut en effet mettre en avant l'opposition que l'on peut concevoir entre vouloir désier (thème kantien; voir pour vous faciliter la tâche Mériam Korichi, Les passions, GF-Flammarion, collection corpus; vous y trouverez des textes sur le thème des passions, et un index commenté de termes qui tournent autour de la notion : voir article "Faculté de désirer"); et le devoir n'est jamais du côté du désir, mais de la volonté qui seule a pour objet le bien, et non pas la satisfaction. ON voit apparaître en ce sens une opposition entre être moral et être heureux (thème kantien par excellence).
Cependant si l'on met quelque peu en question le caractère contradictoire du désir (il est de la nature du désir de poursuivre son objet pour se voir satisfait), il apparaît que le désir n'est pas nécessairement ce thème négatif, et n'est pas nécessairement condamnable, voire au contraire : le désir est peut-être un moteur d'action tout à fait efficace chez l'homme, et qui naturellement l'oriente vers l'accomplissement de sa nature (voir, pour traiter du désir dans cette perspective, Spinoza, Ethique, III, 9, proposition et Scolie).

voilà donc quelques pistes qui j'espère vous permettra de démarrer votre réflexion.
N'hésitez pas à demander précisions et aide supplémentaires.
Bon courage

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