en une : Le raisonnement par récurrence

Texte d'epicure

Philosophie > sujets expliqués - Question simple
                
1°: doctrine générale concernant la façon dont les hommes apprennent : une "éducation par les choses", et des choses qui sont diverses, différentes selon les circonstances (temps et lieux), d'où la diversité des rythmes d'apprentissage des hommes selon leur localisation :
On doit croire que la nature humaine apprend beaucoup au contact des choses, et se développe sous la pression des nécessités qu'elles lui imposent-, qu'ensuite le raisonnement perfectionne les dons de la nature et les complète par de nouvelles découvertes, plus vite dans certains cas, plus lentement dans d'autres que, dans certaines périodes de temps la nature humaine fait de plus grands progrès et dans d'autres des progrès moindres.
2°: le langage doit se comprendre à partir de cette doctrine générale de l'"adaptabilité de la nature humaine"; le langage ne se trouve donc pas institué une fois pour toute (refus donc de la conception du langage comme convention artificielle et hors du temps historique du développement des divers peuples); donc le langage doit s'appréhender par le biais de l'attention portée aux différentes LANGUES qui elles renvoient directement à la constitution physique des hommes confrontée à des choses diverses (langage = réaction humaine due à la confrontation avec des choses qu'il va s'agir de désigner -le langage naît du besoin, de la nécessité de désigner des choses pour communiquer) : Il résulte de cette doctrine que les noms ne se sont pas trouvés établis au début par institution et convention, mais que la nature humaine elle-même, au sein de chaque nation, éprouvant des affections particulières et recevant des images particulières, a fait sortir l'air des gosiers, d'une façon appropriée, selon qu'il était poussé au dehors par chacune des affections et des images, ces façons d'émettre la voix étant aussi différentes que les diverses régions où se trouvent les nations.
3°: comprendre à partir de ces premiers principes du langage la possibilité de langages (langues) communs : précisément le besoin de communiquer avec d'autres hommes (pluriel); le langage naît bien d'une nécessité
Dans la suite seulement, chaque nation a institué pour l'usage commun de ses membres les particularités de son langage propre, afin que ceux-ci puissent se désigner mutuellement les choses avec moins d'ambiguïté et plus de brièveté.
4°: le langage se constituant en système (les différentes langues ayant respectivement ses règles) reste ouvert à l'introduction de nouveautés, car les choses auxquelles sont confrontées les hommes ne cessent de changer et peuvent être nouvelles, ainsi le langage qui a pour fonction de désigner les choses, doit être capable d'inventer de nouvelles formes pour dire, désigner les nouvelles choses : adaptabilité du langage.
Enfin, ceux qui introduisaient dans la communauté certaines choses quelle ne connaissait pas, se trouvant forcés d'en parler, fournissaient, eux qui connaissaient ces choses, des sons pour les désigner, et l'esprit des auditeurs s'assimilant ces sons par le raisonnement, en les associant à la cause observable qui en provoquait d'ordinaire l'émission chez les locuteurs, arrivait ainsi à interpréter ces mots nouveaux.


Voila un découpage rapide du texte en vue de son explication précise.

Maintenant quelles seraient les remarques critiques que l'on pourrait adresser à cette conception du langage? Il faut voir que ce texte a pour ambition d'expliquer absolument l'origine et les raisons du langage en le rapportant à la constitution phyisique des hommes et à la nécessité pour de communiquer à propos des choses auxquelles ils sont confrontés (cf. Lucrèce, disciple d'Epicure, De la nature, V : "Qu'y a-t-il de si étrange que le genre humain en possession de la voix [constitution physique] et de la langue, ait désigné suivant ses impressions diverses les objets par des noms diverses?"). Mais précisément, on peut se demander si ce n'est pas réducteur de ne voir dans le langage qu'une fonction de communication née de la nécessité et du besoin physique (cf. l'idée du langage comme expression, expression ici étant à entendre en un sens plus riche que communication qui ne fait du langage qu'un moyen; le langage en effet n'est peut-être pas seulement un moyen mais ce qui exprime la nature profonde de l'homme -cf. poésie, etc.)
Voilà donc une piste pour un commentaire critique de ce texte qui exprime le matérialisme ancien d'Epicure.
N'hésitez pas à demander des précisions supplémentaires.
Bon courage


Edited by - Dorian on 25/04/2001 12:03:09 "
Documents attachés :    aucun document joint.