en une : Le lexique de français

Qu'en pensez vous?

Philosophie > sujets expliqués - Question simple
                
PLusieurs choses :

Vous donnez le sentiment de dire que si l'État ne peut interdire violemment de penser, c'est parce que ce serait invivable... avant d'affirmer que la liberté de penser est parfois nuisible à l'état... Est-ce à dire que l'État est la fin première ? La liberté de penser peut-elle, le cas échéant, être tenue pour une entrave à l'action de l'État ? J'ai le sentiment que vous inversez le problème. Ce n'est pas parce qu'il serait invivable de réprimer la liberté de penser que l'État ne l'entrave pas... mais c'est "parce que la fin de l'État est (...) la liberté" (TTP XX).

Je n'ai rien à dire à ce que vous suggérez en troisième partie, sinon que l'utilisation de Kant me semble plus dans votre sujet que le propos de Hume.

Vous avez pris le partir de traiter la question du seul point de vue de la philosophie politique. C'est votre droit, et il se peut qu'on ne vous le reproche pas... Néanmoins, il me semble que vous manquerez un aspect primordial de la question, et qui est sa dimension "intime" - ce dont je vous avais parlé lors de notre dernier échange, où je vous avais suggéré de réfléchir sur le fait que la liberté de penser puisse ne pas être garantie seulement par l'État, mais être comprise comme "l'art" de penser hors de tout préjugé. = Dans quelle mesure suis-je l'origine de ce que je pense ? Un dictateur m'empêche d'affirmer haut et fort ce que je pense, mais il ne m'empêche pas de le penser, à moins d'un lavage de cerveau...
Je suis la seul à pouvoir, en un sens, m'interdire de penser librement (il me suffit de préférer me réfugier derrière ce que d'autres ont pensé pour moi...)

Souvenez-vous de TTP - XX -: "je le reconnais, plus d'un a l'esprit occupé de préjugés tels et de si incroyable façon que, tout en n'étant pas directement placé sous le commandement d'un autre, il est suspendu à la parole de cet autre à ce point qu'on peut dire, justement, qu'il appartient à cet autre, en tant qu'être pensant ; quelle soumission toutefois que par certains artifices on arrive à obtenir, encore n'a-t-on jamais fait que les hommes aient cessé d'éprouver que chacun abonde dans son propre sens et qu'entre les têtes la différence n'est pas moindre qu'entre les palais."

La question politique est liée à celle de l'autonomie (penser hors préjugés), puisqu'il est des systèmes qui témoignent du refus de souscrire à des lois arbitraires, du refus d'adhérer à tout ce à quoi nous n'avons pas accordé notre suffrage (de même que la liberté de penser peut se comprendre comme le refus d'une opinion qui nous serait imposée de l'extérieur).
En conséquence, je me demanderais, à votre place, si la liberté de penser n'est pas "garantie" par les systèmes dont elle est le principe-même. Autrement dit, vous m'aurez compris, je vous conseille d'articuler une dimension intime (je pense ce que je veux, de quelle façon suis-je l'origine de mes propres pensées ?...) et une dimension "extime" du sujet (la liberté de penser entendue comme le droit, garanti par l'état, d'avoir l'opinion qu'on veut). En d'autres termes, est-ce la démocratie, ou la République, qui garantissent la liberté de penser, ou est-ce la liberté de penser elle-même qui garantit et engendre démocratie, voire république ? (seul celui qui est parvenu à penser sans préjugés peut appeler de ses voeux la constitution d'un état garantissant la liberté des opinions...).

Voilà quelques réflexions qui me sont venues en vous lisant. Essayez, je crois que c'est important, de faire jouer les deux dimensions du problème qu'on vous pose... Pour le reste, ce que vous me dites me semble tout à fait pertinent.
Bien à vous. "
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