en une : Le raisonnement par récurrence

Commentaire-latin virgile enéide

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 17/05/2008 - correction
                
Bonjour,

Ce texte est sûrement un peu plus complexe que les deux précédents que vous nous aviez soumis, car il est essentiellement descriptif, et que la seule véritable action – qui explique alors le titre donné au passage – se situe tout à la fin. Eviter le plan catalogue et très linéaire n’est donc pas évident. Avec un tel extrait, on n’attendra donc pas forcément que vous proposiez un plan très original et détaillé en nombreuses sous-parties bien différentes et progressives ; on s’attachera plutôt à la qualité et la clarté des analyses et votre capacité à faire ressortir quelques points forts et plus généraux de l’analyse poussée d’une série d’exemples.

Les toutes premières lignes ne font que décrire les Enfers à travers leur caractéristique principale, telle qu’elle a pu perdurer dans les visions pendant longtemps : le noir, l’obscur, donc le mal et ce qu’il ne faut pas chercher à connaître ; le néant et la mort par opposition au monde des vivants, ce que nous vivons sur Terre. Par la suite, cette vision est approfondie avec des éléments plus spécifiques à la civilisation latine, avec notamment énumération de tous les maux et toutes les choses connotées négativement et qui peuplent l’Enfer (noter et étudier les nombreuses personnifications : la majuscule pour la forme, mais aussi les comportements et pensées humaines qu’on leur prête). On y retrouve la plupart des maux des hommes et ce qu’on craint : peur, maladie, vieillesse, soucis … cela rappelle également la façon qu’avaient les grecs et les romains de voir la religion : les dieux interviennent à tout moment dans leurs vies et en tirent les ficelles à la façon de marionnettes. L’homme ne décide en rien de sa vie, c’est le destin, tout est écrit, ce sont les dieux qui presque « jouent » avec les hommes et leurs vies. Les représentations sont aussi humaines mais bien en phase avec ce qu’elles sont censées représenter : par exemple, la Discorde qui a des bandelettes ensanglantées sur la tête, dans les cheveux. Et à côté de ces maux ou ces idées, souvent négatives, se trouvent aussi les monstres, dont les images vont dans le même sens : ce sont souvent des gardiens, pour montrer que les Enfers sont un endroit spécial (quelque part même les dieux s’en méfient dit-on dans la mythologie), qui fait peur et dont il faut éviter de s’approcher de trop près (ces monstres gardiens sont aussi quelque part des avertissements bienveillants pour qui voudrait s’y aventurer : on cherche autant à garder des secrets qu’à protéger). Tous ces éléments du texte, qui occupent la grande première partie du passage, ne font donc que donner la description et la lecture de l’Enfer chez les Grecs et les Romains, et au-delà de cela leur vision de la vie et de la mort (rôle des dieux, mort à éviter à tout prix, pas du tout cette notion de renaissance et possible vie plus joyeuse pour ceux qui se sont bien comportés comme chez les Chrétiens : il y a juste la vie terrestre qu’il faut essayer de préserver sans penser à la mort, absolument noire et négative). Votre valeur ajoutée à l’oral doit donc aussi consister à apporter quelques éléments culturels complémentaires pour au-delà de la description et remettre les choses en contexte en montrant comment on a ici une vraie leçon sur ce qu’est la vie et la mort dans cette mythologie et cette littérature (par exemple, la toute-puissance des dieux et l’image du pantin, ou la volonté de « fuir » la mort, pas de promesse de l’existence de quelque chose après elle). Toute cette analyse sur les Enfers peut constituer une première partie, que vous enrichirez de remarques de forme (personnifications, comparaisons, versifications, champs lexicaux).

Cela peut permettre dans une seconde partie d’étudier la façon dont Enée évolue dans ce monde : lui se lance dedans comme dans n’importe quel combat, n’importe quelle guerre, et part donc ainsi au combat droit devant, sans douter. On retrouve là les traits habituels du prince – héros. Mais ici c’est différent : il faut un « docte » guide, donc savant : dans cet univers, c’est le savoir plus que la force qui permet de survivre et progresser, ou sûrement encore plus exactement l’alliance des deux, d’où le « couple » formé ici dans ce passage. Et surtout, la connaissance permet la raison : tout ceci n’est qu’ombre et immatériel ; l’enfer ferait presque devenir fou ainsi, seule la connaissance de ce monde permet de garder la raison. Mais même quand on est demi-dieu comme Enée, c’est un monde à éviter : peu recommandable, qui n’obéit pas aux mêmes codes que le monde terrestre, qui est « faux » quelque part. On sait d’ailleurs qu’Enée n’en sortira pas complètement indemne. Il est donc intéressant de montrer que sa confrontation à ce monde qu’on a étudié en première partie n’est pas si évidente : ce ne sont pas les mêmes règles, qu’ils ne maîtrisent pas, et même avec une aide extérieure et sa condition de demi-dieu, ce que renferme les Enfers a sûrement de quoi l’ébranler fortement (il faut donc à la fin ouvrir sur ce qui passera ensuite).

En conclusion, il faut reprendre le titre de l’extrait en montrant en quoi cette descente aux Enfers d’Enée et si particulière, et surtout par rapport à la suite bien sûr. Comme vous le voyez, pour cet extrait très descriptif, il semble difficile de faire une lecture analytique en trois parties sans faire quelque chose d’artificiel. Il faut plutôt se concentrer sur les analyses, apporter quelques éclairages extérieurs et bien remettre le passage dans le contexte du reste de l’½uvre ;

En espérant vous avoir éclairé sur ce commentaire, je vous souhaite bon courage pour la suite de vos révisions.
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