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Dissertation : l'apologue

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 27/11/2007 - correction
                
Bonjour,

Merci pour ces précisions. Je reviens donc point par point sur vos interrogations.

En ce qui concerne la thèse, il y a je pense deux choses dans ce que vous dit votre professeur :

- votre thèse va dans le bon sens, mais est peut-être un peu réduite, parce que vous ne vous êtes peut-être suffisamment interrogé sur la notion de « didactique » (mieux vu en partie dans le III avec l’aspect ludique, plaisant, mais pas encore complètement avec l’approche purement pédagogique, presque au sens scolaire). Il y a bien sûr comme vous l’avez bien identifié cette notion centrale d’enseignement, d’instruction – c’est pour le fond ; mais il y a aussi derrière une idée de forme, celle de la pédagogie, de la façon dont instruit : façon basée sur la pédagogie active, participative etc. Dans le cadre de l’apologue ou de l’écrit de ce type en général, il y a donc souvent derrière la notion de se mettre au niveau du lecteur, même d’être pédagogue, par exemple en instruisant par l’exemple justement, c’est même une des bases de l’apologue ;

- ensuite, elle vous reproche de confondre arguments et exemples. En effet, dans votre thèse, vos sous-parties doivent traiter des moyens utilisés par l’apologue pour instruire : comment fait-il ? comment fait son auteur ? Dénoncer la religion ou la façon dont certains usent du pouvoir n’est pas un moyen mais une fin, un exemple. Avec un apologue, on peut à la limite tout dénoncer, dénoncer toute dérive et pas seulement les thèmes classiques de ceux du siècle des Lumières. Pour instruire, il n’est besoin forcément d’aborder le thème de la religion, tous les autres thèmes peuvent ; par contre, il y a des moyens stylistiques ou de construction de l’apologue qui vont être utilisés. Quand votre professeur d’histoire vous dit qu’il vous enseigne cette matière pour vous faire réfléchir, vous éveiller à la société etc. les thèmes qu’il vous fait étudier (les Grecs ou la Seconde Guerre Mondiale) sont là pour faire passer des messages particuliers, ce sont des exemples ; mais les moyens sont tout autres : cours magistraux, supports polycopiés, séances de travaux dirigés avec transparents projetés etc. Ici, vous parlez de thèmes précis, donc d’exemple dans vos sous-parties. Les moyens sont donc davantage les façons utilisées par l’auteur, sur le fond comme la forme, pour arriver à mettre en scène tout cela.

Si vous regardez les choses ainsi, vous allez donc voir que les moyens de l’apologue sont plutôt les suivants : une histoire simple et facilement compréhensible avec une partie narrative qui permet de se plonger facilement dans le thème et la réflexion ; le côté intemporel et simple à la fois des situations utilisées ; les parallèles entre les personnages et nous, personnages qui ont en général un trait de personnalité fort, presque des caricatures (comme Candide un peu si vous voulez) pour nous faire réagir (en grossissant le trait) et nous faite comprendre facilement. Les sous-parties que vous proposez sont donc à mon avis à transposer en série d’exemples précis, à prendre dans différentes ½uvres, et à remettre dans chaque partie. Vos sous-parties devraient donc plutôt être du type : l’apologue se base sur une histoire simple pour permettre à tous de comprendre et entrer dans le sujet ; l’apologue utilise des personnalités peu complexes, parfois caricaturales pour faire réagir en grossissant le trait etc. (vous pouvez aussi parler de l’utilisation d’allusions à la vie de l’époque pour dénoncer un personnage, un agissement, un événement au passage). Votre thèse a donc plutôt pour titre « comment l’apologue instruit-il ? pourquoi peut-on dire qu’il instruit ? ». Et là vous vous basez sur la façon de mettre en scène une histoire, d’en délivrer la morale également – c’est très important, c’est justement l’enseignement de l’apologue –, d’utiliser les personnages, le rythme et les figures de style souvent utilisées, les procédés stylistiques etc. Voilà donc vos arguments : l’apologue utilise tel type d’histoire et d’arguments, est écrit ainsi, délivre la morale de telle façon etc.

Pour l’antithèse, vous pouvez répondre de manière assez « frontale » même aux arguments de la thèse. Par exemple, sa trop grande simplicité et généralité avec une morale parfois cachée derrière à la fin ne permet pas d’instruire vraiment, du moins pas tout le monde. Votre approche est intéressante en ce sens qu’elle montre que l’apologue n’atteint le but du didactisme puisqu’en fait il en poursuit et atteint un autre : celui du divertissement du lecteur. Pour compléter cela, vous pouvez aussi aller un peu plus loin et interpréter certaines arguments dans l’optique de montrer que tout simplement, sans chercher d’autre but, l’apologue n’est pas toujours capable de convaincre en utilisant les moyens vus auparavant. S’il manque quelque chose je crois que c’est cette approche un peu complémentaire : autre but atteint à la place, mais but initial non atteint lui. Ce peut être la place d’arguments comme « on ne peut pas faire réfléchir à partir d’une histoire, c’est trop léger et le lecteur ne se concentre que sur la narration, sans vouloir voir le reste » ou encore « la morale est trop simple, fait parfois trop dicton convenu, donné ainsi au lecteur, sans réflexion assez profonde à personnaliser » etc. Ce sont là des pistes ; à partir de la proposition d’approche complémentaire, vous pouvez piocher dans vos exemples pour illustrer et creuser les pistes qui vous semblent le plus judicieuse. Je pense que vos sous-parties actuelles sont bonnes, vous pouvez donc approfondir certaines à partir de points, sortes de relecture un peu différente de certains arguments déjà en votre possession.

Pour la synthèse, il faut en fait veiller à apporter des points nouveaux, de vrais consensus. Pour éviter les redites, regardez qu’à certains moments vous ne faites pas que reprendre des arguments de I- et II- qui s’opposent et dire que vous choisissez l’un d’eux pour telle ou telle raison, tel argument de poids l’emportant sur l’autre. Vous devez être plus dans la nuance, par exemple en nuançant ou restreignant certains arguments : certes l’apologue est didactique mais peut-être bien qu’il ne peut pas toucher tout le monde de suite comme voulu à la base ; il faut peut-être en lire plusieurs, avoir une certaines expérience ou connaissance en la matière, y revenir plusieurs fois etc. Il faut vraiment qu’il y est progression soit dans la définition des termes, soit dans le champ d’application des arguments employés, soit dans l’idée défendue, pas simple opposition de choses déjà dites. De plus, vous devez au final arriver logiquement ainsi à une réponse nuancée à la question de départ : pas oui ou non, mais par exemple oui dans telle mesure, à telle condition, si l’on considère tel point. Pour votre B) il faudra veiller à ne pas parler en I- de la ressemblance personnage/lecteur trop sur le plan du sentiment et de l’identification comme vous le faites ici, mais simplement sur le plan des ressemblances d’attitude, caractère ou pensée ; c’est plus général pour un I- et ensuite en synthèse vous revenez sur l’argument mais avec une vision plus précise, plus nuancée sur un aspect en particulier. Si vous prenez garde à ces quelques points, je pense que votre troisième partie peut être une bonne synthèse, progressive et bien menée.

Voilà donc pour ces éclaircissements ; pas d’erreur bien grave dans les II- et III- mais d’un point de vue méthode il est en effet fondamental de bien voir la différence entre exemple et argument dans votre I- et de réorganiser en conséquence vos sous-parties, titres nouveaux à l’appui ; de cette manière, vous devriez être capable de rédiger quelque chose de construit et intéressant.

Bon courage pour cet après-midi de travail sur ce sujet.
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