en une : Le raisonnement par récurrence

Dissertation

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - correction
                
J’ai une dissertation à faire, mais j’ai peur d’être hors sujet.
Sujet de la dissertation : Camus invite à lire dans l’Etranger, l’histoire d’un homme qui sans aucune attitude héroïque accepte de mourir pour la vérité.
Commentez ce propos à l’aide d’extraits. Peut-on limiter les propos de ce personnage au jugement de l’auteur ?
Mon plan est :
Thèse : Meursault : des attitudes inattendues face au procès
Antithèse : un jugement injuste avec une prise de conscience de Meursault
Synthèse : Camus dénonce un système judiciaire manquant d’équité

Dans le livre l’Etranger, Camus rapporte l’histoire d’un homme qui sans aucune attitude héroïque accepte de mourir pour la vérité. En effet, ce personnage très réceptif se différencie des autres par son mode de réflexion.
Mais les propos tenus par le personnage correspondent-ils simplement au jugement de Camus ?

Meursault, protagoniste du livre l’Etranger est jugé pour le meurtre qu’il a commis. A l’issu de ce jugement, il est condamné à mort. Cependant, durant le procès, son avocat n’est pas très convaincant. De plus, le personnage de Camus a un comportement inattendu pour sa défense.
Les propos que tient le personnage de Camus sont étonnants. Lors de chaque interrogatoire, Meursault est amené à justifier son acte. Cependant sa réponse est toujours la même, il ne sait pas pourquoi il a agi de la sorte. A aucun moment, il ne comprend l’importance de cette justification aux yeux des autres, il se contente de dire la vérité telle qu’elle est. Il répond de façon naturelle, avec une innocence enfantine. Ses réponses sont parfois prises comme un entêtement. De même, il ne pleure pas à l’image de la douleur du Christ qui a souffert pour les hommes c’est pourquoi il est perçu comme une « âme endurcie » par le juge d’instruction. A cause de sa grande réceptivité aux éléments extérieurs, le personnage de Meursault est souvent distrait et n’arrive plus à suivre le fil du procès, comme s’il n’était pas concerné.
Meursault, dès le début du procès, ne possède pas le sens de la culpabilité et n’arrive pas à se considérer comme un meurtrier : « j’allais répondre que c’était justement parce qu’il s’agissait de criminels. Mais j’ai pensé que moi aussi, j’étais comme eux. » Son manque apparent de sensibilité joue contre lui : il ne montre aucun remord non seulement après la mort de sa mère mais aussi face au meurtre qu’il a commis. Il manque bien souvent de discernement, par rapport à son comportement, mais aussi dans ses paroles. Il tente d’expliquer qu’il n’avait jamais pu regretter quelque chose, mais là encore, cette attitude ne peut lui être favorable. Meursault semble être passif, aux yeux des autres, il ne cherche pas à se disculper. Seule la vérité a une valeur a ses yeux, c’est pourquoi, il ne participe pas à sa défense et semble accepter son sort.
Meursault fait confiance aux « hommes de justice ». Dès le début, il se laisse guider par les procédures judiciaires, même s’il considère que son affaire est simple et ne nécessite pas même un avocat. Il fait aussi confiance à son avocat qui lui assure une peine raisonnable de quelques années de bagne et suit ses conseils.

Pourtant, Meursault n’a pas l’envie de mourir parce qu’il a commis un crime et c’est probablement l’incompréhension des personnes qui l’entourent qui va le conduire à sa condamnation à mort.
Si Meursault met toute sa confiance en son avocat, ce dernier ne possède pas d’arguments assez convaincants pour assurer sa défense. Meursault a du mal à comprendre qu’il s’agit de lui car l’avocat parle de lui à la première personne et finit par se sentir entièrement détaché du jugement. Bien souvent Meursault souhaiterait être plus impliqué dans son procès et pouvoir lui-même exprimer sa défense. En effet, son avocat ne plaide pas la légitime défense et c’est le point principal qui aurait pu aider Meursault à éviter la peine de mort. Bien souvent, le personnage de Meursault est jugé sur des actes antérieurs qui n’ont aucun rapport avec l’affaire en question. Son procès tourne beaucoup autour des relations qu’il a avec sa mère, de son manque d’affliction qu’il a eu lors de l’enterrement. De part cette attitude, Meursault est perçu par les jurés, comme un homme dénué de tout sentiment, et n’a donc aucune chance de gagner la pitié des jurés. Bien souvent Meursault souhaiterait être plus impliqué dans son jugement, afin de dire lui-même ce qu’il a envie de dire à la place de son avocat.
Après l’annonce du verdict, c’est à dire de sa condamnation à mort par la guillotine, dans la dernière partie du livre, il y a une véritable prise de conscience du personnage. Celui-ci remet en cause le système judiciaire. Le personnage de Camus a comme un éclair de lucidité. Il a une grande réflexion sur la peine de mort, il se reproche de ne pas avoir fait attention aux récits d’exécution. Il s’aperçoit qu’aucune chance n’est donnée à l’accusé pour en réchapper. Il comprend que son espoir est vain et il finit par se rendre à la raison de sa mort prochaine.

Dans le livre L’Etranger d’Albert Camus, Meursault est un personnage singulier, qui se voit doter d’une part d’une grande naïveté et d’autre part d’un grand manque du sens de culpabilité. Son détachement face au procès, son entêtement dans ses paroles le font paraître comme un simple d’esprit. Son manque de sensibilité en fait, aux vues des autres, un homme à l’ « âme endurcie ». Dominé bien souvent par ses sensations physiques extérieures, il montre un grand détachement par rapport au procès. Si Camus insiste sur le comportement primaire de cet homme, s’il le fait paraître insensible, c’est pour mettre en valeur comment la justice intervient dans un procès. Meursault, qui paraît sans âme, se contente de dire la vérité telle qu’elle est, sans rajouter quoi que ce soit, sans essayer de se disculper par des circonstances atténuantes, sans donner de raisons qui justifieraient le meurtre. Meursault reste lui-même tout le long du procès. De même, Camus choisit pour Meursault un « mauvais » avocat dont le système de défense ne paraît pas idéal.
Camus, par ce livre, dénonce un système judiciaire basé sur un manque d’équité. La machine juridique va varier en fonction de la perception que les juges et jurés vont avoir du prévenu, en fonction aussi de l’avocat. A meurtre équivalent, il peut en ressortir deux verdicts différents. L’annonce de la sentence déclenche la prise de conscience du personnage de Camus qui dénonce alors le manque d’impartialité face au système judiciaire. L’homme est d’avantage plus traité en fonction de son attitude, de son caractère, de l’impression générale qu’il dégage qu’en fonction de l’acte lui même. A la fin, on se rend compte qu’un personnage qui ne produit pas « bon effet », s’il manque de sympathie, n’a aucune chance de s’en sortir.

Le titre du livre L’Etranger trouve donc un sens : Meursault est un personnage « victime de la justice » parce qu’il s’appelle Meursault ! L’incompréhension des juges face aux réactions du protagoniste fait de lui un « étranger » de la société dans laquelle il vit. Camus fait ainsi de Meursault un héros en tant que symbole de l’injustice judiciaire.
Documents attachés :    aucun document joint.