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Subjectivité

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 02/03/2009 - Question simple
                
Bonjour,
Je croyais avoir été suffisamment claire dans mon explication concernant votre dissertation, excusez-moi si ce n'a pas été le cas. Je vais donc essayer d'expliciter ce mot de subjectivité et ce qu'il implique dans un sujet comme le vôtre.
Il y a en effet peut-être toute une argumentation à construire sur ce thème concernant votre sujet. En fait, il faut bien voir, tout d’abord, qu’il y a une définition générale de subjectif. Comme l’indique en effet le dictionnaire, « subjectif » s’oppose à « objectif » et se définit comme un jugement ou un regard personnel sur une chose alors qu’ « objectif » se définirait comme un jugement neutre. On dira par exemple que la justice est objective : les juges ne se prononcent pas d’après ce que, personnellement, ils trouvent légitime ou non (on pourrait sinon trouver la vengeance légitime, dans certains cas…) mais d’après l’examen des faits et de la confrontation avec le code pénal. Le juge porte donc un « regard objectif » sur l’affaire en ce qu’il est en fait le simple intermédiaire de la loi (s’il punit, c’est ‘juste’ parce qu’il constate que l’acte examiné entre en contradiction avec la loi) et n’agis donc pas comme une personne qui se prononcerait d’après ses propres valeurs et sentiments (pitié etc). On remarque dès lors que, en littérature et dans le roman, le narrateur peut rarement échapper à une certaine subjectivité puisque, contrairement au juge qui se doit impartial, le romancier porte le plus souvent un jugement (moral par exemple) sur ses personnages. C’est le cas de Flaubert, qui désapprouve le comportement de son héroïne Emma dans « Madame Bovary ». En ce sens, on pourrait dire que tous les romans seraient objectifs, ce qui ne permettrait en aucun cas de les répertorier et de voir leur différence. En fait, on constate donc qu’il y a des DEGRES de subjectivité dans un roman. Si aucun auteur ne peut échapper vraiment à la subjectivité stricte (comme je viens de le montrer), il faut différencier les romans qui se bornent à ce strict usage de la subjectivité (jugement du narrateur sur ses personnages) et ceux qui tire profit de cette subjectivité, en faisant, par exemple, référence au passé ou à la vie de l’auteur même du livre : c’est le cas de l’autobiographie. On voit donc que dans un certain cas la subjectivité du roman est une contrainte (l’auteur ne peut y échapper et, de fait, un roman ne sera jamais un regard totalement objectif sur le monde) alors que dans un autre cas la subjectivité est un CONSTITUANT de la fiction, en ce sens que la subjectivité (entendue cette fois comme « recours à la vie personnelle de l’auteur du roman) constitue le sujet même du roman. Dans l’autofiction, ce sont en effet les évènements de la propre vie de l’auteur qui lui fournisse la matière, le sujet de son ½uvre.
Pour terminer mon explication, je reprendrai l’exemple que vous aviez développer sur J.Verne : Jule Verne, dans ses romans, ne cherche pas son inspiration dans sa vie personnelle. En ce sens, on pourrrait dire que ses romans ne sont pas subjectifs. Mais, en se reportant à la définition générale de « ‘subjectif » (celle qui oppose le terme à celui d’ « objectif »), on constate que J.Verne n’est pas objectif puisque le regard qu’il porte sur les choses n’est absolument pas neutre : il voit des choses complètement futuristes, donc pas du tout telles qu’elles sont en réalité. On pourrait dire que J.Verne est donc tout de même « subjectif » mais à un second degré puisque, même s’il ne s’exprime pas personnellement dans son ½uvre, le sujet de celle-ci est le fruit d’une imagination très personnelle.
J’espère que ces précisions vous seront éclairantes. Bon courage à vous.
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