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Sujet / exercice : L'origine des langues et la langue adamique
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Enoncé & travail préliminaire :  Voilà je vous envoie ma dissertation,tout en vous expliquant que les théories je vais en faite les mettre dans le grand trois 1 et 2 et que la conclu n'est pas faite.De plus pourriez vous me donner la correction au plus vite car j'ai partiel,mercredi a 13h,donc si possible avant.MERCI

L'ORIGINE DES LANGUES ET LA LANGUE ADAMIQUE

INTRODUCTION :

Depuis quand parlons-nous ? A quelle étape de la préhistoire nos ancêtres ont-ils commencé à articuler des sons porteurs de signification ? Cette question de l'origine du langage a toujours animé les débats philosophiques puis linguistiques et reste une énigme. D'ailleurs, selon Mérian, auteur du 18ème siècle, « l'origine du langage est le plus grand problème que l'esprit humain se puisse proposer, la question la plus digne d'être traitée et d'être jugée par les philosophes mais en même temps la plus difficile. »
La question de l'origine des langues est la question de la naissance de l'humanité, pas au sens historique, mais au sens spécifique : elle vise la naissance de la faculté de parler. Mais, dans sa formulation, elle pose immédiatement en problème, la diversité même des modes d'expressions : il faut donc la réfléchir dans le cadre de l'opposition entre une faculté unique et des réalisations multiples.
Dans ce cadre, il faut s'arrêter sur le terme origine. De quelle façon les langues trouvent-elles une « origine » ? Comme début, comme fondement logique, ou dans chaque acte d'élocution ? Le problème de l'origine des langues indique-t-il une histoire, une étude linguistique, une logique, une anthropologie ?
En se penchant sur la nature même de la langue, on va s'apercevoir simultanément que c'est d'abord à une théologie ou à une cosmologie, que renvoie le problème, et que la langue y est d'abord conçue comme une puissance. C'est aux différents sens de l'origine, que la question de l'origine des langues nous introduit.
Et elle nous y introduit en commençant par s'inverser : la question de l'origine des langues nous renvoie en effet elle-même à la considération d'une langue comme origine, amenant au problème de la diversité infinie du langage. En ce sens, un dialogue va avoir lieu entre les deux théories du langage naturel et le langage conventionnel (avec Platon surtout), afin de savoir dans quelle mesure l'origine adamique ne permet pas de trancher le débat entre les deux. Enfin, nous verrons que la question de l'origine du langage ou des langues a amené les philosophes, les linguistes (du 18ème siècle essentiellement) à des hypothèses parfois pittoresques.

I ) La langue comme origine

Le mythe de Babel (Génèse) fournit une origine intéressante à la question de la diversité elle-même, comme punition de l'orgueil et comme faiblesse (obstacle à l'entendement immédiate des hommes). Il faut nécessairement y lire la question de la traduction : puisque l'orgueil des hommes, mais aussi leur collaboration dans un projet unique, sont punis par la dispersion ; à l'entente immédiate de la langue originelle va succéder la traduction, dans laquelle la compréhension se trouve amoindrie. Mais la traduction n'empêche pas pourtant la coopération des hommes sur un chantier ? Pourquoi diviser les langues est aussi radical pour diminuer la puissance des hommes dans leur effort ? Parce que la langue est elle-même puissance, et que Babel n'est pas seulement le moment de la division des langues mais aussi celui de la perte de la langue originelle.

Notre histoire culturelle commence avec un thème constant qui recoupe la question de l'origine des langues en l'inversant : pour nous, en effet, (et c'est propre aux religions du livre), ce n'est pas tant l'origine des langues qui est pensée, mais d'abord, la langue comme origine. Au commencement était le verbe, dit l'Evangile de Jean. Ce verbe divin (dont Jésus est la figuration) crée le monde et l'arrache au néant. La puissance de la parole s'inscrit dans la génèse elle-même : quand Dieu articule les sept jours de la création, ces sept jours sont une parole. D'abord dans chaque acte de création mais aussi dans la séquence même de la semaine, qui est syntaxe d'une phrase divine (« Dieu n'a pas besoin de temps pour créer, mais la création comme expression de Dieu est séquencée comme une grammaire. »Augustin, De Genesi ad Litteram.)

Que Dieu « parle » le monde ou qu'il remette à l'homme la puissance de le « nommer », c'est ainsi l'ensemble de la création qui devient, dès son principe, une figure du discours. Ainsi à l'origine des langues il y a cette première langue, langue de la puissance, langue qui fait passer du néant à l'être. C'est une sorte de réplique de cette puissance que Dieu accorde à l'homme quand il fait d'Adam celui qui a le droit de nommer bêtes et choses (Adam, pour demeurer dans le paradis terrestre, n'avait pas besoin d'être savant dans l'architecture.) :si les objets de cette première langue humaine existent avant qu'elle ne s'en saisisse, du moins l'imposition du nom contribue bien à affirmer un pouvoir sur eux : le nom ne les arrache pas exactement de l'être, mais il se donne la double possibilité de « saisir » cet être dans la parole et aussi de le convoquer même en son absence.

On va pouvoir facilement comprendre l'origine des langues comme faculté, remise aux hommes, de « répondre » au langage divin (sur ce point on peut citer Berkeley, philosophe irlandais du 18ème siècle propose une théorie idéaliste fondée sur le principe que « l'essence des objets consistent en ce qu'ils sont perçus » ; le monde est pour lui, l'ensemble des idées que Dieu suggère aux esprits humains. Le monde qui proclame Dieu n'est donc, en fait, que le langage de Dieu, pensé par Dieu, s'adressant aux hommes sous les modalités idéales qu'ils prennent pour la matière.

Mais il est facile de montrer qu'alors la question de l'origine des langues se convertit rapidement en question de la langue parfaite. Ainsi, de nombreuses réflexions nées, déterminant pour chaque auteur sa propre langue parfaite ; certains auteurs ne niaient pas en effet, que l'hébreu fût la langue primitive, tandis que d'autres comme Goropius Becanus (16ème siècle) soutient que la langue primordial est le hollandais par le fait qu'il a le plus grands nombre de mots monosyllabes. Mais quelle que soit la façon dont on articule les étapes de cette »perfection », c'est de maîtrise qu'il s'agit.
Cette maîtrise, analogue de la puissance de la langue créative, remonte avant Babel, à l'épisode d'Adam et de la nomination. Elle nous révèle la langue comme puissance : l'origine véritable de la langue, c'est un transfert de puissance ( la Génèse a au moins cette avantage de nous permettre de poser le problème de la langue avant celui des langues). La langue est une dignité, une marque de l'éminence de l'homme dans la création. D'où la quête frénétique d'une langue parfaite, constante dans la tradition judéo-chrétienne : retrouver l'adamique, c'est retrouver cette langue éminente et puissante. Ainsi dans la tradition kabbalistique, c'est une langue qui agit (les techniques de la gématrie ou de la témourah, qui jouent sur des permutations de lettres ou des incantations, sont à proprement parlé des « travaux de langue » destinés à récupérer la puissance originelle de la langue). On en retrouve des traces dans la médecine du Moyen-âge et de la Renaissance.

Pourquoi la langue possède-t-elle cette puissance sur les choses ? Pour des raisons ontologiques : chacun de ses mots, si c'est bine l'origine qui s'y laisse saisir, est le verbe qui a crée la chose. La veille question grecque de la rectitude des noms est donc un thème fondamental : la langue « droite » est aussi la langue de l'origine, c'est-à-dire la langue des dieux.
Mai le retour de cette question va aussi nous permettre de mesurer une difficulté jusqu'ici occultée : on définit la langue comme puissance originelle, mais la langue n'est-t-elle pas plutôt l'acte dont le langage est la puissance ? La question de la rectitude des noms n'est-t-elle pas un moyen de remettre en cause cette origine strictement divine de la langue, pour remettre au c?ur de nos préoccupations la question de la multitude des langues et leur façon de signifier ?

II) L'ORIGINE DU LANGAGE SELON PLATON, ARISTOTE ET ROUSSEAU
En ne considérant que l'origine divine de la langue, on a été obligé d'évacuer implicitement la diversité des langues, et de considérer de fait qu'il n'existait au sens propre qu'une langue véritable et des langues fausses ou dérivées. Mais le principe même de cette hiérarchie n'abolit pas la diversité, et n'en rend pas non plus compte.
Dans ce cadre le Cratyle de Platon (4ème siècle avant J.-C) est un dialogue dont la complexité même est intéressante : posant le problème classique d'une origine phusei (selon la nature) ou thesei (selon la convention), positions auxquelles correspondent schématiquement les deux interlocuteurs de Socrate, Cratyle ou Hermogène), Platon ne cherche pas à le résoudre dans ces termes stricts, mais au contraire il le dépasse pour l'inscrire d'abord dans une histoire (les noms complexes renvoyant aux noms primitifs et eux-mêmes à la valeur expressive des lettres et des sons) et dans une théorie de la connaissance (il faut se référer aux formes pour asseoir la connaissance des choses sur laquelle la désignation correcte repose).
Cette réinterprétation du problème de la rectitude est donc doublement intéressante : d'une part, elle met l'accent sur l'idée d'une évolution de la puissance signifiante des langues. Elle problématise ainsi la question de l'origine des langues de façon nouvelle, en considérant que l'état actuel des langues n'est pas à rapporter immédiatement à leur origine, mais qu'il y a un travail du temps à prendre en compte, donc une histoire des langues. D'autre part, faire de la connaissance des idées la base effective de la rectitude des désignations, c'est dire que la véritable origine n'est alors peut-être pas le commencement mythique ou divin de la langue (ou du langage comme faculté), mais plutôt l'acte d'intellection qui sous-tend chaque usage de chaque langue et lui est coextensif et co-présent.
Platon permet donc ainsi d'envisager que l'origine de chaque langue de fait, c'est la convention : le choix effectif de telle ou telle désignation (puisque la langue est manifestement ici réduite à ses contenus sémantiques bruts, et à son lexique) ne relève pas d'un accord originel et nécessaire mais d'une négociation toujours contingente visant à établir un signe à partir d'une connaissance de la chose signifiée. Platon introduit alors directement Aristote et sa distinction des deux origines (la faculté et la facticité).
Aristote expose en quelques lignes une opinion très intéressante dans le traité De l'interprétation, 1 : "Les sons émis par la voix sont les symboles des états de l'âme, et les mots écrits les symboles des mots émis par la voix."
Ainsi le rapport des mots aux choses est en fait un rapport double : il est composé d'un rapport des choses aux états de l'âme et d'un rapport des états de l'âme aux phonèmes. L'origine des langues, du point de vue de leur diversité, est donc conciliable avec l'universalité des connaissances des choses :"Et de même que l'écriture n'est pas la même chez tous les hommes, les mots parlés ne sont pas non plus les mêmes, bien que les états de l'âme dont ces expressions sont les signes immédiats soient identiques chez tous, comme sont identiques aussi les choses dont ces états sont les images"
Il y a donc une double médiation qui explique que des choses semblables et semblablement conçues soient nommées différemment : sur le fond d'une capacité commune à parler, chaque groupe humain (et peut-être chaque homme) peut choisir de vocaliser différemment les intentions de signification qui sont les siennes : c'est en effet d'intention qu'il faut parler pour rendre compte de la faculté d'exprimer les images de choses, résultats de l'affection de l'âme par les réalités extérieures. Deux questions se posent alors :
? d'une part, comment comprendre l'unité du langage comme faculté de parler, c'est-à-dire comme tendance à exprimer les états de l'âme de façon articulée, non pas seulement comme tonalité affective (l'animal qui crie réagit à une douleur, de telle sorte qu'il exprime bien un affect, mais il ne parle pas dans la mesure où sa vocalisation ne désigne pas sa douleur mais en constitue l'effet mécanique) ?
?
? d'autre part, comment rendre compte, une fois admis le principe même de la distinction conventionnelle des choix de vocalisation, de la nature même de chaque choix ? En effet, si la question de l'origine des langues se divise désormais en question de l'origine du langage et question de l'origine de la diversité, la seconde doit aussi englober le problème de la nature même des langues différentes : qu'est-ce qui préside au choix de tel ou tel son pour rendre tel ou tel état de l'âme ?
La première question est traitée par Aristote dans les Politiques I, 3 : la langue est politique, dans la mesure où elle est le moment même de l'accord sur les émotions et les valeurs. C'est le sens de ce chapitre qui rapproche les deux fameuses formules : "l'homme est un animal politique" et "l'homme est un animal doué de raison". La faculté de parler renvoie à la nécessité de la vie commune des hommes. Dans ce cas, ne peut-on pas dire que l'origine de la langue c'est la communauté ? On peut comparer cette idée avec une hypothèse platonicienne exposée dans l'Alcibiade : interrogé par Socrate qui veut savoir qui lui a enseigné la science politique, Alcibiade répond que personne n'enseigne cette science, pas plus qu'on n'enseigne la langue. C'est le peuple, c'est-à-dire à la fois tous et personne, qui transmet ce savoir : c'est la communauté même, en vue de quoi l'homme est doté de langue (comme faculté universelle) qui détermine et transmet la langue (comme outil singulier).
Rousseau (écrivain et philosophe génevois du 18ème siècle) traite du même type de difficulté : comprendre l'origine des langues en même temps que l'origine de la langue. Dans son ouvrage : Essai sur l'origine des langues, 1781, Rousseau ne part pas de Dieu, mais de l'homme lui-même. Le langage apparaît « sitôt qu'un homme est reconnu par un autre comme un être servant, pensant et semblable à lui et que le désir ou le besoin de lui communiquer ses sentiments et pensées lui en fait chercher les moyens. »Le chapitre I énonce à ce propos deux idées fondamentales : premièrement"La parole, étant la première institution sociale, ne doit sa forme qu'à des causes naturelles"
Autrement dit, il ne peut y avoir au sens strict de convention qui décide de la naissance d'une langue, puisque précisément la première convention réunion des hommes se fait à travers la langue. C'est donc dans la nature qu'il faut chercher la naissance de la langue, et plus précisément encore, c'est dans le "local", c'est-à-dire dans le cadre naturel spécifique de chaque communauté. Rousseau va donc développer un ensemble d'analyses visant à rejeter aussi bien les "langues de géomètres" (des proto-langues parfaites, sur le modèle de l'adamique) que les langues parfaitement articulées aux choses et transparentes à leur sens.
Deuxièmement, Rousseau affirme que la fonction (ou la faculté) est antérieure à l'existence même de la langue : l'homme commence par avoir la faculté de signifier puis il "choisit" de l'incarner dans une phonation donnée. Pour Rousseau, les sons, tout comme les gestes, possèdent un certain pouvoir,et donc la parole viendrait alors des passions car l'homme n'a pas commencé par raisonner, mais par sentir : « les passions ont leurs gestes, mais qu'[elle] ont aussi leurs accents et ces accents qui nous font tressaillir, ces accents auxquels on ne peut dérober son organe, pénètrent par lui au fond du c?ur, y portent malgré nous les mouvements qui les arrachent, et nous font sentir ce que nous entendons ».
Les langues sont donc à l'origine des systèmes de chant essentiellement vocalisés, riches d'accents et de rythmes, domestiquant pour les besoins de la communication des passions les phonèmes naturellement produits par l'homme. Plus la société se développe et se complexifie, plus la langue s'articule (pour Rousseau, aux sentiments se sont substituées les idées, le langage est moins distinctif, plus rationnel et la langue est devenue plus méthodique, mieux articulé, plus claire), ce qui passe par l'importance croissante des consonnes et des découpages structurels qu'elles autorisent : la poésie s'estompe peu à peu derrière la grammaire, l'éloquence devant la précision.
Quant au choix des langues particulières, la grande distinction entre langues du Nord et langues du Midi en donne le modèle : on a jusqu'ici expliqué l'origine de la langue en général, il faut en revenir au "local" pour expliquer l'origine des langues. Rousseau va alors bâtir une théorie quasi humorale de l'origine des langues, en montrant que le climat affecte les nécessités vitales, et conditionne ainsi les passions tout en orientant le "répertoire phonétique" de ses habitants. La langue progresse alors au rythme de la socialisation, qui elle-même dépend étroitement des conditions matérielles (d'où l'intérêt apporté à l'étude du désert comme exemple typique de naissance d'une langue). Dans les climats qui rendent le rapprochement des hommes nécessaire, on trouvera d'un côté les passions amoureuses engendrant des langues du lien (le sud) et de l'autre les passions défensives engendrant des langues de survie (le nord).
Comme Rousseau, Maupertuis (mathématicien, savant et essayiste français du 18ème siècle) dans Dissertation sur les différents moyens dont les hommes se sont servis pour exprimer leurs idées, 1754 considère la passion à l'origine du langage. Pour lui, les hommes sont nés sans langage et ce n'est que pour exprimer leurs besoins le plus pressant qu'ils se sont mis à communiquer. Une communication qui s'est d'abord exprimée sous la forme de gestes et de cris. Tout comme Rousseau, le langage d'articulation est préféré à celui du geste. Mais il ajoute également que lorsque les passions sont trop fortes, c'est la langue des gestes et des cris qui revient. Et il apporte une autre précision : pour lui, l'usage des sons est destiné à l'émotivité et celui des gestes à la persuasion.
On a dès lors cessé de considérer que l'origine d'une langue pouvait s'élucider par la seule considération de son lexique : au contraire, c'est bien plutôt son expressivité poétique et articulée qui en rend compte.
Cependant nous verrons que tous les auteurs du 18ème siècle ne voient pas les passions au c?ur du langage. Certains pensent que la langue est un don de Dieu, d'autres pensent que la langue est née des perceptions, tandis que d'autres envisagent des hypothèses parfois pittoresques.

III) L'APPARITION DU LANGAGE
1) La langue, un don de Dieu
Johann Peter Süssmilch (théologien allemand du 18ème siècle) dans son ouvrage : Essai de Démonstration que la première langue ne tient pas son origine de l'homme mais du seul Créateur, 1756, défend la thèse sur la langue d'origine divine, en s'appuyant sur la Bible pour défendre son opinion.
Voici comment il raisonne : « Le langage est soit d'origine divine ou humaine. S'il est d'origine humaine, il est soit inné, soit acquis. Si le langage était inné, il y aurait des cris naturels spécifiques à chaque espèce, ce qui n'est pas le cas ; si en revanche il était acquis, il consisterait en des sons hasardeux et sans système ; ou alors, le langage est doté d'un système et de fait raisonnable .
Ce dernier cas est le bon, ainsi le langage est le produit de la raison. Mais la raison ne peut être transmise sans le moindre signe ( c'est-à-dire la parole ou l'écrit), c'est pourquoi le langage ne peut être d'origine humaine : il ne peut être que don de Dieu ».
Selon lui, il n'y a pas de langage, pas de raison. Cependant il nuance en avançant que « l'homme aurait pu penser sans langage, mais il n'aurait pu le faire rationnellement ». Dieu lui a attribué l'habilité à concevoir, à juger, à parler, et le langage lui a permis de développer et d'affiner la pensée. Ainsi, tout se ramène et s'explique par Dieu, même la grammaire.

Johann Gottfried Herder (écrivain philosophe allemand du 18ème siècle, qui a remporté le prix de l'Académie de Berlin en 1769), dans son ?uvre : Traité de l'origine du langage, 1772, s'oppose à Süssmilch dans la mesure, où il défend que la raison aurait été indispensable à Adam pour comprendre Dieu. Ainsi la raison aurait été implantée à l'homme à sa création.
Selon lui, les cris spontanés ne peuvent être la principale source du langage humain. Le premier langage est passé à travers les gestes, qui accompagnent un son émis. Afin d'exposer sa théorie, Herder prend l'exemple du mouton qu'on identifie « comme celui qui bêle » ; le son du bêlement devient le nom pour désigner le mouton, ensuite l'observateur bêlera mentalement quand il verra un mouton. L'homme identifiera l'objet selon une de ses caractéristiques. Cela représente un élément suffisant pour constituer un langage, m^me sans interlocuteur.

Savant de formation théologique protestante, Court de Gébelin, dans son ouvrage : Histoire naturelle de la parole ou origine du langage, dit que la parole est d'origine divine. C'est Dieu qui fit de l'homme un être parlant, lui seul a pu le doter de l'art de parler, dernière qualité qui manquait à l'homme. Cette dotation divine est un lieu de société qui conduit l'homme de connaissance en connaissance et qui lui permet de découvrir de nouvelles perspectives, de nouveaux horizons. Par la parole, nous manifestons nos besoins, nos craintes, nos plaisirs et nous recevons les conseils, les secours, les connaissances qui nous sont nécessaires. C'est par ce moyen de communication que l'espèce humaine parvient au degré de perfectionnement dont elle est susceptible.
Or pour parvenir à ce perfectionnement, seul Dieu a pu donner le pouvoir, il adonné les organes nécessaires pour parler et établir le lien entre la parole et les objets. Cet accord amènera le discours. Après ce don divin, c'est à l'homme de mettre en ?uvre ces organes et de les développer.
Les premiers hommes donneront des noms aux choses, ils n'inventeront pas ces noms. Ils désigneront les êtres et les objets par des sons qui peignent leurs qualités.
Court de Berlin dit que « la parole est la peinture de nos idées par les sons de l'instrument vocal », mais l'homme ne peint pas seulement les idées qui l'entourent, il peint le paysage des connaissances qui se propagent à travers temps et lieux.
Pour lui, Dieu a doué l'homme d'organes nécessaires pour exprimer les sensations comme l'animal, mais l'homme est également doué de moyens.
Donc finalement pour Court de Gébelin, l'homme est doté de l'art de parler grâce à l'intervention divine. Mais il peut également exprimer ses idées car il en a les moyens.
2) Le langue née des perceptions
Nous étudierons le langage par les perceptions à travers des auteurs tels que Mérian et Smith.
Mérian dans L'Analyse de la dissertation sur l'origine des langues, affirme que « Le premier langage de l'homme est celui qu'il a en commun avec les animaux, nous sommes comme eux des instruments sensibles et sonores. »Chacun parle le langage de son espèce et les variétés sont plus ou moins grandes à mesure que les classes se rapprochent ou s'éloignent les uns des autres.
Contrairement aux auteurs précédents, Mérian souligne que loin de nous mener à une origine divine, tous nous indique une production terrestre et animale.
Le langage serait produit par les perceptions et ce langage communiquerait à son tour ses perceptions et les fait circuler d'âme en âme. Ainsi si le langage véhicule des sensations, il fonde une pensée abstraite et réflexible, ce qui distingue l'homme des autres animaux. Mérian veut donc nous apprendre pourquoi l'homme est doué du don de la parole et l'animal non. Il délimite donc ces deux classes d'être car il ne s'agit pas de convertir les animaux en homme ou le contraire.
En définitive, l'homme naît, faible, infirme, assiégé de mille besoins, destitué de tout secours, le plus misérable des animaux s'il n'était qu'un animal, s'il ne recelait pas en lui de quoi compenser le défaut de l'instinct animal.
Contrairement au bébé animal, le bébé humain dès qu'il naît est un « être réfléchissant, ce n'est pas un animal, c'est un homme dont les idées, les actions sont des idées et actions humaines. ». Tout cela est ensuite perfectionné par l'usage, l'exercice ,l'expérience du langage.Le langage est pour ainsi dire l'origine de notre entendement , un sens naturel de l'âme humaine, qui dès la première année, raisonne, dialogue, établit des figures en elle-même. Le langage humain est le résultat d'un caractère, il est aussi essentiel pour l'homme de parler que d'être ce qu'il est. On peut donner à ce caractère les noms d'entendement, de raison : caractère incompatible avec l'instinct animal parce qu'il exige « une étendue de sphère, une clarté de perception, un calme d'esprit, une liberté? » que ne possède pas l'animal.
Pour Mérian, seul l'homme a la capacité d'être doué du don de la parole et pour s'exprimer le premier vocabulaire du langage primitif était une compilation des sons de la nature, c'était par eux que nous commençons à désigner les objets.
Le premier langage n'était « qu'un amas de matériaux poétiques, c'étaient des interjections, des sons imitatifs de la nature retentissante, mouvante, animée ».
Selon Mérian, le premier langage était un chant copié sur le chant des oiseaux et la naissance de la musique et de la poésie proviendrait de l'émergence du langage. Pour lui, les sens et notamment l'ouïe est un « pont de communication » avec la parole.

Les sons de la nature garderont une certaine place dans la langue primitive, mais nous allons découvrir comment les premiers mots sont apparus.

Chez beaucoup d'auteurs notamment chez Smith et Sulzer, le langage aurait été révélé par les perceptions. Pour eux deux, le langage est apparu à l'homme car il a eu besoin de donner des noms aux objets qui lui étaient familiers, notamment ceux qui étaient utiles à ses besoins primaires.
Smith suppose dans Considérations sur la première formation des langues, que les premiers mots que l'homme a formé, devaient certainement être : caverne, fontaine et arbre, car ils servaient respectivement d'abri, d'apaiser sa soif et de le nourrir. Pour l'homme, ces noms étaient des noms d'individus qu'ils donnent ensuite à tous les objets qui leur ressemblaient. C'est de là que découlent les formations de classe et d'assortiment, c'est-à-dire de genre et d'espèces.
Son origine vient du fait que nous attribuons un seul nom à un certain nombre d'objets qui ont un degré de ressemblance les uns par rapport aux autres. Si bien que certains objets n'ont pas de nom propre en particulier, ne se distinguant que par le nom générique. Lorsqu'il a du nommer un objet particulier, il a fallu le distinguer des autres objets soit par ses qualités particulières, soit par le rapport particulier qui existe entre cet objet et les autres. Ensuite, il a du faire des phrases, simples au commencement, puis de plus en plus complexifiées, avec des propositions.
Donc plus le système était complexe, avec l'invention des mots abstraits, plus l'homme a dû faire appel à une création métaphysique.

Sulzer, lui, pense qu'il y a eu influence réciproque de l a raison sur le langage et réciproquement, et cette influence se vérifie par l'invention des mots. Pour lui, la raison et le langage sont en même temps la cause et l'effet l'un de l'autre. Il l'explique par le fait que le langage pour exister suppose une raison cultivée et que la raison ne se conçoit pas sans le retour d'une langue.
Ay départ le langage est formé de mots dont chacun pris à part est le signe d'une idée, ensuite, il s'est composé de phrases ou d'énoncés qui marquent des rapports entre les idées, enfin de propositions, assemblages de plusieurs phrases. Il en déduit que le système du langage est analogique au calcul algébrique.
Sulzer s'est posé deux questions qui permettraient de démontrer que les mots sont la première chose qui se soit présenté au langage. Premièrement, quelle est la démarche de l'esprit de l'homme pour chercher des signes qui représentent une idée ? Deuxièmement, par quels moyens l'homme a trouvé des signes.
Il suppose donc que l'esprit de l'homme etait et fonctionnait comme il le fait actuellement. Il prend comme exemple un aveugle qui retrouve la vue à l'âge de la raison et lorsqu'il découvre pour la première fois les objets de sa chambre, il ne perçoit qu'une masse homogène, un tout, une surface unie. Il ne s'imagine pas que ce qu'il voit est composé d'objets distincts les uns des autres. Donc il n'a pas à chercher à les nommer. Sulzer en déduit qu'il faut distinguer la chose de la masse totale de ses perceptions et la regarder comme objet à part pour pouvoir lui donner un nom. C'est le premiers pas que l'homme a dû faire pour parvenir à une langue. Il faut distinguer de ses perceptions certaines parties comme des êtres isolés ou séparés.

3) Théories obsolètes
Cependant, au 18ème siècle, deux théories ont été élaboré par des gens sérieux, qui ont imaginé qu'elle pouvait être les premières formes du langage humain.

a) La théorie « ouah-ouah »
C'est limitation des sons naturels par les onomatopées. Leibnitz affirme cette position dans Nouveaux essais sur l'entendement humain en 1765.

b) La théorie « peuh-peuh »
Le langage primitif aurait pu être constitué d'interjections émotionnelles, exprimant, par des sons, des humeurs ou des sentiments. C'est la position de Condillac dans Essai sur l'origine des connaissances humaine en 1746.
N.B : L'interjection joue un rôle non négligeable dans notre langage, elle a été souvent sous estimée, mais il paraît bien ambitieux d'y voir la source d'un grand nombre de mots.

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