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Sujet / exercice : Les mots nous éloignent-ils des choses ?
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Enoncé & travail préliminaire :  Je suis élève en classe de terminale littéraire et j'avais a traiter ce sujet : "Les mots nous éloignent-ils des choses ?" dans le cadre d'une dissertation à la maison.

J'ai obtenu 10+ et le commentaire écrit de mon professeur était : "Le sujet semble compris et présente des idées souvent justes avec de bonne références. Mais le tout est insuffisamment développé autant plus qu'il apparaît que vous avez ce qu'il faut pour approfondir votre réflexion" et lorsqu'il m'a rendu ma copie il a ajouté : "Ca méritais un 13, c'est dommage".

C'est cette dernière remarque qui me pousse à vous écrire pour vous demmander votre avis sur mon devoir.

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Nous avons parfois le sentiment d'un écart impossible à combler entre les mots et ce que nous voulons désigner. En effet, lorsque nous voulons exprimer une idée ou un sentiment, il arrive que nous nous butions à ce que nous pourrions appeler « une limite des mots » : « Je ne trouve pas mes mots », « Il n'y a pas de mots pour dire ce que je ressens ». Ainsi, la possibilité de dire nos idées et nos passions est quelquefois restreinte par le signe linguistique, nous sommes donc en droit de nous demander s'il en est autant de l'expression de la réalité qui est extérieure à nous, à savoir : les choses.
Peut-on suggérer que les mots, permettant notamment de parler de la réalité, de la décrire, de la désigner, ne la cacheraient-ils pas au lieu de la montrer ? Autrement dit, les mots nous éloignent-ils des choses ? Et si tel est le cas, est-ce dû à la langue en elle-même ou à l'utilisation que nous en faisons ?
Nous verrons tout d'abord l'échec du langage par l'utilisation qu'en fait l'homme puis l'échec du langage au sens conventionnel.

Pour chacun d'entre nous, le terme « table » désigne une surface plane et horizontale posée sur un ou plusieurs pieds, mais ce mot désigne ce qu'il y a de générique dans la chose. Il montre ce qu'il y a d'identique, de commun, d'assimilable à toutes les tables. En effet qu'elle soit en bois, en plastique, en marbre, ronde, rectangulaire, ovale, petite ou grande, la table sera toujours désignée par ce même terme. Cette utilisation du même mot pour désigner des objets qui ont chacun des traits singuliers et authentiques permet certes de mieux pouvoir manipuler l'objet mais gomme son caractère unique. C'est ce qui amènera Bergson à dire dans son livre Le Rire « Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles ».
Mais quel est le but de cet appauvrissement délibéré du réel ? Dans un contexte de lutte pour sa survie, l'homme qui a pris pour habitude de négliger les différences entre tel ours et tel autre ours ainsi qu'entre telle pomme et telle autre pomme peut identifier plus vite les dangers les uns aux autres ou les sources de nourriture les unes aux autres. Il semble en conséquence mieux parti que celui qui au contraire distinguerait les moindres détails. Par souci d'efficacité, la conscience simplifie le monde et le langage, par les noms communs, accentue cette réduction à l'aspect commun et habituel de l'objet. Parce qu'il veut intervenir avec rapidité dans le monde qui l'entoure, l'homme restreint la réalité en des classes bien distinctes, d'où l'affirmation devenue proverbe : « Il faut appeler un chat, un chat ». Cette généralisation des choses amène certes à des approximations désolantes mais c'est un besoin pour l'homme. Il semblerait qu'il y ait un éloignement entre la réalité et les mots et que celui-ci soit dû à l'utilisation que l'homme fait de sa langue.
Cependant est-il possible d'exprimer la singularité de chaque chose au-delà d'une visée utilitaire ? Cela ne semble pas impossible puisque les artistes parviennent à utiliser les mots tout en exprimant la réalité telle qu'elle est. Par les images, les couleurs, les sonorités qu'ils savent habilement utiliser, les poètes vont au-delà les mots et arrivent à exprimer la réalité avec toutes ses nuances.
Pourtant, il arrive que les poètes se sentent comme abandonné par le matériau de leur art, à l'image d'Yves Bonnefoy qui dans son recueil Dans le leurre des mots écrit :
« Partout en nous rien que l'humble mensonge //
Des mots qui offrent plus que ce qui est //
Ou disent autre chose que ce qui est »
Les mots ne seraient-ils que mensonge, seraient-ils incapable de coller à la réalité ? Si ce n'est pas uniquement dans l'usage que nous en faisons que la réalité est cachée par les mots alors peut-être est-ce dans la nature même de la langue.

Le quadrupède que je nomme « chien » est appelé ailleurs « dog ». Cette diversité des langues montre que chaque langue est établie en fonction d'une convention de la société qui la pratique. Ainsi comme le dit Hermogène dans Le Cratyle de Platon : « de nature et originellement, aucun nom n'appartient à rien en particulier, mais bien en vertu d'un décret et d'une habitude de ceux qui ont décidé l'appellation ».
Bien plus que cela, si je dis le mot « chien » à une personne qui ne connaît pas ma langue, elle sera incapable de savoir de quoi je parle. On peut donc dire que le signe linguistique est arbitraire, il n'est lié par aucune analogie à ce qu'il désigne. Cette idée est une des thèses majeures du fondateur de la linguistique moderne, Ferdinand de Saussure. Ainsi l'idée de « chien » n'a aucun rapport intérieur avec la suite de sons qui composent le mot. Autrement dit le signifiant (le signe linguistique) est immotivé à l'égard du signifié (l'idée). Une seconde idée découle de la précédente : le langage n'est pas une copie de la réalité. En effet, il faut bien comprendre que le signifié, ce n'est pas la chose, mais une idée ou un concept de celle-ci. Si le langage est par nature abstrait et conceptuel et la réalité est par nature concrète, particulière et intuitive, il faut alors opposer le langage et la réalité. Ce qui suppose que notre pensée est en prison dans les mots et dans le langage. Vivant dans le langage, nous accédons que rarement à la réalité.

Les mots créent donc une distance entre la réalité et nous de par leur nature conventionnelle et de par notre volonté d'efficacité dans nos actions. Si certes nous ne pouvons qui changer à la nature des mots, nous pouvons tout de même accorder une plus grande attention au poids que peuvent avoir les mots, ce qui nous manquons bien souvent de faire.

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Merci par avance. J'espère que vos remarques me permetteront de faire évoluer mes travaux futur.

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