Enoncé :  commentaire illusion comique de Corneille

Travail préliminaire proposé : "L' Illusion comique" de Corneille.

Pierre Corneille est un auteur dramatique français. Ces pièces les plus connus sont "le Cid" et "Horace" ( une tragédie). L'illusion comique est la 8ème pièce qu'il écrit. Cette tragi-comédie de 5 acte connu un grand succès au XVII ème siècle bien qu'elle ne respecte pas les règles du théâtre classique. Un père: Pridamant cherche son fils: Clindor, disparu depuis 1à ans; il consulte un magicien : Alcandre sur les conseils de son amie Dorante. Nous allons étudier la scène d'exposition de cette oeuvre: deux personnages sont présents : Pridamant, qui a perdu son fils, et Dorante, qui connaît le magicien . Cette scène se déroule devant la grotte du magicien.

I - Ambiguïté générique: Comique, Tragique?

1) Une scène d'exposition
Cette scène pose les deux personnages et les éléments qui justifieront la forme de l’histoire. On comprend pourquoi Pridamant se trouve là et pourquoi Dorante l’entraîne à consulter un magicien qui pourrait lui donner des nouvelles de son fils.
C’est surtout une scène informative grâce la tirade de Pridamant : elle nous renseigne sur sa recherche, se durée: 2 ans en "tant de lieu".

2) Ironie tragique
- Pridamant est responsable de son propre malheur, de cette perte.
Bien qu'il voulait "dompter" son fils , il n'a fait que le "bannir" --- > conséquence involontaire.
-Il insiste sur son attitude pour se repentir (provoqué par l’amour paternel): " Ce fils, ce cher objet de mes inquiétudes". On insiste sur l’opposition entre un fils révolté et un père conscient de ses erreurs : l'attitude abusive du père est développée dans la seconde partie: - avec des thermes comme " traitements trop rudes", "à force de
punir" et " ma sévérité".
- l’antithèse du vers 32: Il y a une correspondance
entre l’outrage et l’injuste rigueur par la même construction.
-adverbe " trop" qui marque l'excès: "Qu’ont éloigné
de moi des traitements trop rudes"
Cette opposition entre père/ fils est mise en valeur par la "licence" du fils et la "puissance" du père.

3) Sceptisme de Pridamant.
- Les chiasmes: -"J'en attend peu de chose, et brûle de le voir. J'ai de l'impatience, et je
manque d'espoir". --> Doute vis-à-vis d'Alcandre.
- " l'enfer devient muet quand il me faut répondre, Ou ne me répond
rien qu'afin de me confondre"
-- > il est désespéré car les enfers le laissent dans une ambivalence déjà visible dans le premier chiasme: les idées sont croisées mais ne lui apportent aucune réponse.
- La recherche est vaine de toutes les manières:
- énumération accumulatrice au vers 34 " Le po,.."
Elle entraîne la souffrance : " tant de peine", " tant de maux soufferts", désespoir total qui ressort dans l’expression négative "plus rien". Dorante se pose donc en confident. On commence au cœur du problème, «in media res».
II - Du réel à l’illusion

1 - Des éléments fantastiques
-La tirade de Pridamant nous apprend qu’il a déjà eu recours à la magie.
-La descente aux enfers est une référence à la mythologie ; on ne remonte pas des Enfers ; cette «descente aux Enfers» justifie la peur du père.
Il y a une opposition entre l’enfer mythologique (vers 40) et l’enfer chrétien (vers 45).
--- > procédé du syncrétisme.
-La souffrance l’a mené dans des situations dangereuses : «il a consulté», «il a vu», «déjà».

2 - Un lieu métaphorique
La grotte renvoie aux enfers qui restent silencieux. C’est une demeure mais avant tout «un affreux séjour».
- Champs lexicaux de l’obscurité: " grotte obscure","lieux sombres","commerce des ombres","funestes bords"," mille morts".
---->atmosphère mystérieuse et terrifiante.
- Le son "r" (vers 1,2 et 3) renforce l’image sombre et caverneuse de la grotte.
- Ce lieu présente une ouverture qui est une «large bouche» (v.9) et l’air y est inaccessible (v.10) ; cette description renvoie à la dévoration et à l’étouffement qui elles-mêmes sont une manifestation de la souffrance de Pridamant.
- Rien n’y est réel (« rayon d’un faux jour… éclat douteux»). La nature est soumise à l’artifice.

3 - Alcandre le metteur en scène : entre magie et dramaturgie .
- Alcandre est un personnage hors du commun, il est en marge de la société et vit en Hermite ( dans l'obscurité). Notons qu'il est présenté comme tout puissant puisqu'il a le pouvoir de faire la nuit ou le jour " La nuit qu'il entretient".
- Le mage devient le metteur en scène de la demande de Pridamant ( art…art…celui qui dirige la nature et qui est capable de produire des effets…son art à de quoi punir…»). Son rôle est de plonger les autres personnages et le spectateur dans l’illusion.
-Le lieu est inaccessible donc la scène est sombre, le décor construit, la grotte est organisée et ressemble à un théâtre dont Alcandre serait le dramaturge.
On a un jeux sur les sens:
- Alcandre qui "d'un mot renverse la nature": paroles magiques ou parole de l'acteur qui d'un mot créé l'illusion.
Le " voile épais": atmosphère terrifiante ou rideau du théâtre.
Le"mur invisible": mur magique entre les enfers et le monde réel ou limite entre comédiens et spectateurs. En effet , on ne peux pas leur parler lorsqu'ils jouent.
- C’est un personnage qui se tient à distance de ce qui viendrait le troubler ; il tient ses distances pour être le maître de ses magies illusoires.
- Toute cette théâtralité est renforcée par un champ lexical du spectateur : « n’avancez pas…un curieux désir…attendent son loisir » et par celui de l’acteur : « chaque jour il se montre…pour se divertir ».
Alcandre crée et construit l’illusion théâtrale, le tout restant en restant maître de son art.

Conclusion
Le début de cette scène de L’illusion Comique construit un premier terme du titre de la pièce (illusion) en se rapprochant de l’illusion baroque propre à cette époque.