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Dissertation sur penser l'histoire chateaubriant

Philosophie > sujets expliqués - 26/05/2008 - correction
                
Bonsoir,

Je vous propose donc de voir comment bien décortiquer le sujet. Il faut commencer par comprendre précisément la phrase de citation, qui est celle d’un historien, donc une vision très interne de la façon d’écrire l’histoire, à partir d’une expérience et d’une réflexion particulières. C’est la vision de quelqu'un sur son propre travail en quelque sorte. La citation commence par une description du contexte de travail de l’historien avec je dirais « l’image de l’éponge » : il absorbe tout ce qu’il peut voir et entendre. L’historien est un témoin : il voit et entend des faits, des actes, des discours et peut ensuite retranscrire. La base de son travail c’est l’histoire au sens de la vie, ce qui se dit, ce qui se fait. L’auteur considère donc l’historien comme un personnage « de terrain » pour pouvoir absorber tout ceci, même si par exemple le terrain c’est de lire les journaux ou se faire raconter des épisodes. Voilà pour la base (pas très théorique finalement comme on pourrait le penser, avec la lecture par exemple des grands auteurs etc.). Une base très concrète, dont l’auteur aborde d’emblée, même timidement, le possible travers principal : le manque d’impartialité ; il précise en effet qu’il récolte des infos, mais « différentes versions ». Il faudra donc ensuite démêler le vrai du faux, analyser ; il a là la base pour ensuite travailler. Enfin, dans cette première phrase assez riche, il rappelle que l’historien voyage aussi pour récolter toutes ces données (c’est un homme de son siècle) et même parfois d’une certaine façon : l’exil, dont il est question ici. Il intègre cette notion particulière de l’exil pour l’instant dans le reste des voyages ; mais ces voyages sont un des moyens de récolter l’information y compris l’exil, mais si on sent bien dès là que l’exil sera aussi lui une façon toute particulière de voir les choses, en plus de récolter les informations. L’auteur prend ensuite pour exemple généralisable celui de l’historien grec antique Thucydide. Cette récolte d’informations ne sert ensuite qu’à disséquer tout ce qui a été dit, relevé, entendu. Pourtant il arrive à garder une « double vision », et c’est ce passage qui est sans doute le plus difficile à comprendre. Cette double vision c’est interne / externe en quelque sorte ; c’est à la fois la personne qui observe des choses qu’elle voit car elle est sur place, comme un voyageur qui se déplace, et a un accès direct à l’information, qu’il analyse donc plus à chaud, et la personne à qui les informations arrivent d’ailleurs, car elle est en exil, et qui a déjà forcément plus de recul. L’idée de la méthode décrite ici, c’est certes d’analyser, mais d’analyser suivant deux angles différents : un très intérieur, et l’autre plus extérieur. La méthode des deux côtés c’est donc analyser un événement, une guerre par exemple, avec l’½il des deux armées adverses. Une règle de base en quelque sorte pour arriver à dire les choses relativement objectivement c’est d’adopter successivement les deux points de vue, d’analyser les choses en se mettant à la place des uns et des autres. C’est cette méthode de base qu’évoque l’auteur ici : récolter l’information puis analyser selon les différentes visions. Thucydide a conservé cette méthode, mais en l’adaptant à sa position d’exilé. Cette position permet de voir les choses à la façon du camp qui nous accueille car on est sur place, au c½ur de l’information à récolter, et en même temps on connaît bien l’autre camp, pour y avoir vécu, l’avoir compris, suivi etc. Etre exilé, c’est donc pouvoir à la fois voir un côté, et en même temps comprendre l’autre. Expérience concrète et savoir par expérience qui permettent donc au final de peser le pour et le contre et de donner une vision concrète, « exacte » des choses, objective. Assister et comprendre les deux camps est donc possible pour l’exilé, c’est aussi une méthode d’écrire et penser l’histoire.

Cette citation vous donc un début de piste pour voir comment un historien exilé peut faire son métier, en essayant de respecter, adopter, avoir certains principes. Etre témoin des choses et en même temps bien connaître et comprendre le camp adverse, voilà ce qui permet à l’exilé d’écrire l’histoire d’une façon autre, mais correcte. Cet avis à décrypter donc, est un point de départ pour vous. Il vous montre que la situation d’exilé a forcément une influence sur la façon de voir, écrire et penser l’histoire, car notre perception, notre analyse sont du coup différentes ; c’est un début de réflexion sur la façon dont l’exil influence ce travail d’historien et il faudra bien sûr dans le devoir reprendre ces éléments qui vous sont donnés et les développer à un moment ou un autre. Le problème précis que vous devez toutefois traiter, une fois cet éclairage fait, est comment l’exil a-t-il influencé Chateaubriand dans sa façon d’écrire l’histoire.

Pour ce sujet, il faut définir précisément le cadre, les limites du sujet et les mots du sujet. Il faut surtout s’attarder sur « façonner » : cela est-il juste un problème d’influence ? quelque chose de déterminant ? est-on juste dans l’influence à la marge sur certaines choses ou sur tout ? etc. mais également sur « écrire l’histoire » : quelle histoire ? juste la « grande Histoire », nationale, politique, ou aussi l’histoire quotidienne des gens, des modes de vie etc. (il faut évidemment se poser ces questions par rapport à l’½uvre de Chateaubriand, qui concerne donc quand même un peu les deux types d’histoire, mais il faudra prendre des exemples précis pour affiner). Et que signifie « écrire l’histoire » ? : est-ce simplement relater des faits, avec quel degré d’objectivité ? les commenter, les analyser, avec deux visions justement ? etc. Ce sont tous ces points qu’il faut que vous repreniez à la lumière de l’½uvre de Chateaubriand au programme pour savoir précisément ce que veut dire « écrire l’histoire » dans son cas et que vous puissiez ensuite analyser cette façon d’écrire l’histoire et voir la part qu’à son exil là dedans : quelle influence ? quelles évolutions à cause de cela ? etc. il va donc falloir analyser la façon qu’a Chateaubriand d’écrire l’histoire et voir ce qui est dû à l’exil. Votre problématique qui est donnée par le sujet appelle donc une réponse organisée selon un plan thématique et progressif par exemple. Il faudra donc trouver des grandes parties d’explication, des grands ensembles de raisons progressifs, car comme toujours votre plan doit aller du plus global et évident au plus spécifique et précis. Il faut donc commencer par une première partie qui étudie l’influence de l’exil sur un aspect de l’écriture de l’histoire de Chateaubriand, en montrant l’influence sur tel point de l’½uvre ou tel type de choses, puis ensuite rentrer progressivement dans les détails. Demandez-vous aussi du coup ce qui aurait par exemple était différent s’il était resté tout le temps en France pour vivre les événements qu’il commente.

J’espère que le sujet à traiter et l’aide qui vous est fournie via la solution sont plus clairs maintenant pour vous, que vous voyez plus clairement ce que l’on vous demande. Il vous faut donc commencer cette analyse de l’influence de l’exil sur l’écriture de l’histoire au sein de votre ½uvre au programme, puis vous pourrez commencer à classer vos arguments pour bâtir un plan, avec des exemples précis tirés de l’½uvre. Une fois votre plan et/ou votre devoir rédigé terminés, vous pourrez nous les adresser dans une nouvelle demande de type correction et pourrez alors obtenir une correction vraiment personnalisée de votre travail.

En attendant, bon courage dans la suite de votre réflexion.
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