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Discussion: la cruauté de l'homme ne s'explique t-elle en effet que par le refus de se reconnaître dans la troublante proximité de l'autre_cet autre fût-il un animal?

Philosophie > sujets expliqués - Question simple
                
Je crois que votre problématique n'est pas assez précise, dans la mesure où elle ne s'appuie pas asse sur un paradoxe. Ici, il s'agit de constater que le texte met en valeur une interprétation contraire au sens commun de la cruauté. En effet, sous le nom de barbarie, on pense généralement que la cruauté est due à la part d'animalité de l'homme. Dès lors, on pense implicitement que la nature humaine est une nature rationnelle (intelligente) et raisonnable (morale). Or, ce que ce texte met en relief est le fait que la cruauté relève d'un mécanisme psychologique d'asservissement symbolique de l'autre qui n'est considéré ni comme radicalement différent (ce serait une approche animale de l'autre comme objet) ni comme totalement le même (cette empathie empêcherait d'être cruel). La discussion que vous allez devoir conduire doit donc s'attacher à savoir si l'animalité de l'homme peut être attribuée à un fonctionnement psychologique ou si elle relève au contraire d'une pure brutalité inintelligente et instinctive.
Dès lors, vous pouvez en première partie défendre la thèse selon laquelle l'animalité de l'homme vient de son côté exclusivement animal et qu'il lutte psychologiquement contre ce côté. Il y aurait en ce sens refus de l'animalité.
Toutefois, comme le montre le texte, et comme peut le montrer Freud dans le malaise dans la culture, il est possible d'établir un parallèle entre le processus de civilisation et le développement psychique individuel. Freud prend à témoin l’Histoire et notamment les temps de guerre pour montrer que la guerre, comme le rêve, opère un « déshabillage moral », une levée de la censure morale qui permet un retour de toutes les pulsions agressives normalement refoulées par les contraintes et les codes sociaux. Freud écrit : « L’homme n’est pas cet être débonnaire au cœur assoiffé d’amour dont on dit, qu’il se défend quand on l’attaque. Mais il porte en lui des pulsions agressives, pulsions de destruction. L’homme est tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagement, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de le martyriser, de le tuer. Homo homini lupus. ». Dès lors, on peut dire que la sociabilité dépend à la fois de la volonté d'affirmation de soi et du sentiment de culpabilité lié à cette affirmation. La naissance de la conscience collective est donc paradoxale, et ce d"autant plus que le progrès ne parvient pas à réaliser le bonheur et la pénitude de chacun. En ce sens, l'animalité de l'homme est purement culturelle.
Enfin, en troisième partie, vous pouvez vous appuyer sur la métamorphose pour montrer que Kafka est plus nuancé. La présence des deux côtés dans le même personnage montre qu'il y a deux animalités qui dialoguent et qui s'alimentent de façon réciproque. La cruauté viendrait donc de cet engendrement réciproque qui se traduit symboliquement par la volonté non de tuer l'autre (animalité animale) mais de lui faire sentir son infériorité (animalité humaine).
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