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"peut on ne pas être soi même ?"

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"Peut-on ne pas être soi-même?"
Le sujet à première vue interroge un paradoxe: en effet, à partir du moment où l'on dit je, c'est-à-dire où l'on se réfère à soi-même de façon réflexive, cette auto-référence doit être fondée, c'est-à-dire qu'on ne peut se référer à soi-même que parce que l'on coïncide avec soi. Le problème se présente bien sous la forme d'un paradoxe : comment à la fois peut-on être un soi, et ne pas être soi-même? Comment peut-on se dissocier de soi? Mais à l'inverse, en effet, n'observe-t-on pas que l'on se surprend, que l'on ne se reconnnaît pas toujours dans certaines circonstances, etc.? Il faut ici examiner les circonstances en question, trouver des exemples pour mieux cerner ce qui est ici en jeu. Ainsi quand on est en colère, ne fait-on pas des choses que l'on n'aurait jamais cru pouvoir faire? N'est-ce pas le cas (le risque) pour toutes passions (être hors de soi, littéralement, ne plus se contrôler, avoir la tête ailleurs, etc.)? Il faut peut-être ici utiliser le concept de passion pour parvenir à expliquer le paradoxe (expliciter ce qui est contenu dans l'idée de passion : la passivité du sujet par rapport à l'action d'une cause extérieur, la démission de la raison, etc.; sur le sujet des passions, voyez Les passions par Mériam Korichi, collection Corpus, GF-Flammarion : une introduction sur le thème, un choix de textes, un index de termes commentés). Ainsi on aurait une première piste pour expliquer le paradoxe, en ceci que dans la passion le sujet peut être considéré à bon droit comme étant hors de lui-même, comme n'étant plus aux commandes. Voyez un texte de Pascal, les Pensées, pensée n° 147, classification Brunschvicg, où Pascal explique comment pour paraître au mieux aux yeux des autres on est prêt à se défaire de ses qualités propres pour en être doté d'imaginaires. Pascal écrit ainsi : "Nous serions de bon coeur poltrons pour en acquérir la réputation d'être vaillant" et conclut sur le fait que cela marque bien le néant de notre propre être.
Ici deux pistes s'ouvrent : celle qui consiste à exploiter le thème de la finitude de l'être humain (s'il y a du néant en nous, c'est que nous sommes imparfaits, inachevés, et ne pas coïncider avec soi-même, ne pas être pleinement soi-même est une conséquence de cette finitude). L'autre piste est celle qu'amène à considérer l'examen des passions : si la raison pour laquelle nous ne sommes pas nous-mêmes réside dans le fait d'être agité d'une passion, alors le fait d'être nous-mêmes, nous le devons à la raison (voyez Spinoza, Ethique, IV, Préface et dernier scolie de l'Ethique : l'insensé, celui qui est agité continûment par des passions, est absolument ignorant de lui-même). Or la question précisément à se poser est celle de savoir si l'on peut être totalement dépourvue de raison et d'équilibre psychique pour ainsi dire. Il semble que cela serait un cas limite. Il faut donc bien préciser les conditions de possibilité (PEUT-ON ne pas être soi-même) de ne pas se ressembler, de se perdre totalement (n'est-ce pas le cas de la folie que caractérise ce vocabulaire?).

Voilà quelques pistes qui vous aideront, je l'espère. Bon courage. "
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