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La sagesse est elle revolutionnaire???

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"La sagesse est-elle révolutionnaire?"

A première vue associer sagesse et révolution semble contradictoire en ce sens que la sagesse se définit le plus souvent comme mesure (celle qu'impose la raison : mesurer ses désirs, ses penchants, etc.: voyez Gorgias de Platon, Aristote, Ethique à Nicaomaque, sur la tempérance, voyez la figure stoïcienne du sage qui ne cède à aucun trouble de l'âme, restant insensible, etc.) alors que la révolution se définit comme renversement d'un équilibre, débordement de forces vives, c'est donc tout sauf la mesure: il faut de la démesure pour qu'il y ait révolution qui est d'abord désordre (donc le contraire de l'ordre, notion qui peut aider à définir la justice, cf. Platon, la République).
La mesure du sage consiste donc en partie à maîtriser ses désirs, à affirmer qu'il vaut mieux changer ses désirs que songer, désirer changer l'ordre du monde (on trouve cette idée chez Descartes qui est en cela l'héritier des stoïciens). Comment donc qualifier la sagesse de révolutionnaire?
Une piste pour comprendre que cette question se justifie est de mettre en avant que la sagesse se tient dans une distance critique par rapport au monde et aux affaires du monde (refusant d'y participer car y participer c'est perdre son autonomie, ce qui est essentiel au sage), et en ce sens, la sagesse se reconnaît à la production d'idées neuves, qui ne suivent pas simplement de l'imitation de l'opinion des autres. Des idées peuvent être à l'origine de révolution (songez la façon dont les Lumières qui mettaient en avant l'idée de liberté et d'esprit critque -voyez Voltaire, Rousseau, Diderot, etc- ont précédé la révolution française). Mais avant même de considérer les conséquences politiques de l'existence du sage (cf. Socrate a été condamné par la cité à boire la ciguë, voyez l'Apologie de Socrate), il faut comprendre peut-être que la sagesse est intrinsèquement révolutionnaire en ce sens qu'elle opère un décentrement : de l'opinion vulgaire qui tient la foule dans la servitude à l'autonomie d'un sujet qui peut se prévaloir d'avoir un esprit libre (c'est-à-dire qu'il n'agit qu'en fonction de sa propre nécessité et non pas contraint d'obéir à autre que lui-même). Songez ici, pour comprendre cette idée, que la révolution est formellement ce qui opère un décentrement (d'un centre vers un autre). Voyez ainsi la révolution copernicienne augurée par Galilée (voyez pour pouvoir exploiter cet ex. scientifique comment Kant s'en sert pour expliquer son propre projet philosophique -Préface à la deuxième édition de la Critique de la Raison pure -texte essentiel), révolution scientifique qui a conduit à une révolution culturelle, politique (du monde clos à l'univers infini, de la société strictement hierarchisée à la société traversée par l'idée démocartique, de la conception du savoir comme clos et en système à une conception dynamique et critique du savoir, etc...).
Voilà quelques indications.
N'hésitez pas à demander d'autres précisions.
Bon courage

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