en une : Le raisonnement par récurrence

Géo d'hypokagne

Histoire (college, lycee) > sujets expliqués - 24/11/2007 - Question simple
                
Bonjour,

Tout d’abord, vous avez bien fait de commencer par définir la notion de « coût du travail » ; vous avez peut-être en effet l’impression de ne pas beaucoup avancer ainsi, mais d’un point de vue méthode, il est en effet essentiel de commencer par définir les mots du sujet. D’où effectivement l’importance de définir la notion de frontière sur laquelle nous allons revenir. Mais ce sujet semble effectivement plus économique que géographique au premier abord (on est assez proche des théories de Ricardo sur la géographie Sud/nord, le coût du travail et le développement associé etc.). Il faudra donc sans doute regarder comment considérer ce problème du point de vue de la géographie physique, économique, politique etc.

Pour ce qui est de la définition d’une frontière, vous êtes je crois très bien parti : il faut en effet voir les différentes acceptions possibles ; les frontières seront donc différentes selon les visions et les interprétations que l’on fait du coût du travail dans ce contexte également, mais je pense que ce peut être une façon intéressante d’aborder le sujet ? Prenez par exemple les pays d’Europe de l’Est : en comparaison avec les pays de l’Ouest, il semble bien exister une frontière assez marquée d’un point de vue coût de travail ; mais comparé à la Chine et l’Asie, la différence avec l’Europe de l’Ouest est-elle si importante ? les ressemblances et les évolutions qui sont en train de prendre forme ne font-elles pas qu’à l’échelle mondiale, Europe de l’Est et de l’Ouest peuvent se confondre quelque peu malgré tout ? Le lien entre frontières et coût du travail dépend des frontières, dépend de l’échelle, du contexte. Je pense donc qu’il faut persévérer dans cette recherche de plusieurs acceptions (en allant du très évident vers le plus précis) :
- la frontière géographique, naturelle (pensez par exemple même si ça semble « bête » que certaines zones de haute montagne paient certaines personnes « chères » au vu de leur emploi, car il faut des gens acceptant d’habiter dans des zones peu accessibles etc.) ;
- la frontière historique, administrative, celle des Etats déjà (cf. exemple Etats-Unis / Mexique que vous citez à juste titre : une proximité géographique forte, au Rio Grande près par endroits et pourtant des différences fortes avec tous les phénomènes et analyses que vous connaissez ; je crois que sur un tel sujet, c’est un exemple incontournable à détailler), puis celle des regroupements (type Union Européenne, mais aussi à regarder du côté de l’ALENA, MERCOSUR voire C.E.I dans l’après-URSS ; c’est certes un exemple qui n’est plus valable, mais il peut vous donner des idées pour orienter la réflexion au passage) ;
- la frontière économique « d’inspiration géographique » Nord/Sud avec les différences de salaires, de niveau de vie, de développement etc. (en quelque sorte une frontière qui scinde le monde en deux) : on est dans l’exemple « Nike » que vous citez.

A ce stade, nous avons donc vu qu’il faut définir la notion de frontière dans toutes ses acceptions et voir comme vous avez commencé à le faire, la vision du problème que l’on peut avoir à partir de chacune d’elle, exemple à l’appui. Par exemple, pour le dernier point évoqué, la considération de cette problématique peut conduire à une analyse duale entre un Nord qui produit des produits à forte valeur ajoutée, avec des frontières géographiques quelque peu effacées, et qui donne donc à ses employés des salaires élevés, et de l’autre un Sud qui produit massivement pour peu cher, avec des frontières gommés là aussi (entre l’Inde et la Chine par exemple). Votre problématique peut donc être « comment la définition de certaines frontières (ou certaines frontières directement, à vous de voir comment vous formulez ce point par rapport aux éléments dont vous disposez) amène à considérer des frontières dans la répartition des coûts du travail ? ». Finalement, comment les frontières que l’on peut définir en géographie (au sens large : économique, politique, humain etc.) définissent-elles aussi des frontières en matière de coûts du travail ? Vous pouvez alors adopter assez facilement je crois un plan progressif, typologique finalement comme vous le dites, avec un passage en revue progressif des différentes frontières. Tout d’abord, les frontières géographiques qui peuvent déterminer des frontières en matière de coût du travail comme je le disais plus haut avec l’exemple de la montagne (cela marche aussi pour la mer et les îles par exemple et pose donc le problème des transports, des liaisons : c’est aussi l’aménagement du territoire, notion plus géographique, qui détermine certaines de ces frontières) ; puis viennent ensuite les frontières type U.E puis Nord / Sud etc. Ainsi, vous pouvez voir que quelle que soit la définition on arrive à des divisions de zones par coût du travail différentes : on peut les juger à l’aune de l’évolution du monde actuel, des avis de différents chercheurs sur la question, la complexité ou non de l’analyse qui en résulte etc. Voilà en tout cas pour une proposition d’approche.

Pour ce qui est de votre crainte sur l’éloignement de la géographie, je crois tout d’abord qu’elle est bien sûr légitime, mais vous voyez que vous pouvez aborder un peu toutes les géographies (humaine, physiques, économique etc.). Bien sûr, il y a derrière des concepts économiques mais la frontière entre matières scolaires est souvent simpliste par rapport à la situation réelle et aux cas rencontrés dans la réalité. De plus, en prépa, il est normal de commencer à « mélanger » les domaines et à croiser les apprentissages des différents cours dans vos réflexions, au contraire c’est plutôt un signe de réflexion décloisonnée et de maîtrise des apprentissages ! Pour vous rassurer, dites-vous aussi que l’U.E ou le concept Nord/Sud sont des chapitres malgré tout « classiques » des cours de géographie, donc vous avez de quoi je pense vous raccrocher au domaine de la géographie.

En résumé, je pense que vous êtes bien parti, vous vous êtes posés les bonnes questions ; il n’y a plus qu’à finir de les creuser et d’organiser les idées qui en résultent. J’espère que les éléments ci-dessus vous y aideront.

Bon courage pour votre préparation.
Documents attachés :    aucun document joint.