en une : Le lexique de français

Demande de correction de dissertation de deug ii sur la république consulaire

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   Bonjour,(...)
  Correction : Je reprends tou lire
Bonjour, je suis en deuxième année d'Histoire. J'ai fait l'un des sujets que vous m'avez conseillé sur la période Révolution et Empire.
SVP, dîtes-moi tout ce qui ne va pas et ce qu'il y aurait à améliorer pour que je puisse cartonner fin Mai.
Je vous remercie, Guillaume

Mon sujet: "De la République consulaire à l'Empire"

Sujet : De la république consulaire à l’Empire.

Intro :

Dans tous les manuels que l’on trouve, la Révolution s’arrête au coup d’Etat du 18 Brumaire, c’est à dire le 9 Novembre 1799. Ensuite, arrive en premier plan la figure lourde et imposante de Bonaparte, puis de Napoléon.
Le coup d’état du 18 Brumaire signifie donc la fin d’un monde et le début d’un autre. La fin du Directoire, avec ses généraux glorieux (dont Bonaparte (1768-1821) appartenait), d’un système politique instable, et l’arrivée d’un autre régime politique : une république consulaire.
Le terme même de ce régime est ambigu. Une « république » est un système politique où le peuple détient la souveraineté. « Consulaire » fait référence aux romains, image importante dans l’idéologie révolutionnaire. Ce régime veut donc s’inscrire dans la plus pure tradition révolutionnaire. Et pourtant – paradoxe – il est le point de départ de la dictature de Bonaparte, puis de Napoléon, le « sauveur » de la révolution française.
Du coup, il est important de se questionner sur cette contradiction, qu’exprime parfaitement la figure de « Bonaparte sauveur », puis de « Napoléon sauveur ».
D’une part, nous verrons que Bonaparte est un sauveur qui poursuit la révolution, d’autre part, un sauveur qui stabilise la révolution et enfin, un sauveur qui condamne la révolution.

On peut voir Bonaparte, puis Napoléon comme un sauveur qui continue la révolution.
Le 9 Novembre 1799, pour beaucoup d’historiens, la Révolution s’arrête. Pourtant, les guerres, bien révolutionnaires, qui ressemblent à celles de la Convention et du Directoire, se poursuivent. Le drapeau français, produit de la révolution française, flotte toujours sur les champs de bataille. Et cette guerre est toujours menée par des généraux victorieux : Moreau, Bonaparte, Desaix... tous issus de la Révolution française. L’Italie, qui avait commencé à être envahie pendant le Directoire, continue d’être conquise, grâce aux victoires comme Marengo, le 14 Juin 1800. La guerre contre l’Autriche – empire royaliste et partisan de l’Ancien Régime – se poursuit : Moreau bat les Autrichiens à Hohenlinden. La République consulaire converse donc bien une tradition de la Révolution française : celle des guerres victorieuses, qui font appel à la « Patrie » et à la « nation », les jeunes généraux victorieux, où l’armée sert de creuset social, comme par opposition à la société d’ordre...
Cette armée victorieuse crée toujours dans son sillon de nouveaux territoires : les « Républiques soeurs », toutes façonnées sur le modèle français de la république consulaire. Comme en France, certaines de ces républiques, comme c’est le cas en Allemagne ou en Italie, sont divisés en départements. Elles sont gérées par une administration civile, et la société y est « moderne » (égalité de tous devant l’impôt...). De même, elles sont désignées par le terme de « République », terme qui vise à consolider la Révolution française. Enfin, elles continuent l’idéologie révolutionnaire dans ce sens où elles représentent bien le désir d’universalité que visait la Révolution française.
Mais leur modèle, la République consulaire de France, est encore plus révolutionnaire qu’elles-mêmes. La République consulaire française est dirigée par trois consuls, non par un roi ; puis par un consul, mais ça ne sera toujours par un roi. De plus, ce consul sera élu par plébiscite, système qui fait appel au suffrage universel. Trois assemblées, toutes civiles, dominent la France : le Corps législatif (il y avait aussi un corps législatif sous la Convention), le Sénat et le Conseil d’Etat. L’égalité devant l’impôt est reconnu par tous, et le vote, même s’il est censitaire (le Directoire n’utilisait-il pas un système censitaire ?), fait participer la plus grosse partie de la population. La France reste donc bien révolutionnaire, il n’y a pas à s’y tromper. Et Bonaparte l’a bien sauvé en la poursuivant, comme l’ont montré ces différents aspects du régime.

Mais Bonaparte « sauveur », puis « Napoléon « sauveur » n’a-t-il pas aussi stabilisé la Révolution pendant la République consulaire ?
La période consulaire a souvent été vue par les contemporains comme une période stable. En effet, c’est là que Bonaparte, le premier des trois consuls, oeuvre pour la paix intérieure et extérieure. Le 9 Février 1801, le traité de Lunéville est signé avec l’Autriche : la France garde les acquisitions allemandes (à savoir la rive gauche du Rhin) et mieux, les Républiques Cisalpine et Ligurienne, conquêtes de la Révolution française, sont reconnues par l’Autriche. La période consulaire, c’est aussi la paix d’Amiens, signé le 25 Mars 1802, qui marque la fin de la guerre franco-anglaise. Là encore, la France entre dans une période de stabilité. Enfin, au niveau intérieur, la République consulaire marque le retour des émigrés en France et l’amnistie avec les chefs Chouans : arrêt des combats (mais Napoléon ne revient sur aucun point acquis par la Révolution française et le Directoire avait signé une paix avec les chouans). La république consulaire est bien une période de pacification, qui cherche à stabiliser, faire reconnaître la Révolution française.
Mais la période consulaire n’est pas que cela : elle est aussi une période de réformes, qui transforment la Révolution française, une période de « masses de granit ». La première de ces réformes, qui existe encore de nos jours, est l’instauration en 1800 des préfets. Dans chaque département, un préfet, nommé par le premier Consul, surveille et dirige le département. Le préfet a un rôle important et il a bousculé les rouages administratifs issus de la période révolutionnaire. L’autre masse de granit est les lycées, qui visent à façonner les fils des bourgeois (type social symbolisant à merveille la révolution) pour les transformer en élites. Il y a aussi des réformes monétaires, comme la création de la Banque de France en 1800 et la création du Franc-Germinal, monnaie qui sera stable pendant 150 ans. Comme le franc-germinal, ces différents éléments sont des réformes – mais ils sont aussi appelés à durer, du moins pour Bonaparte et ensuite Napoléon.
Enfin, la période de la République consulaire contient bien une volonté de stabilisation de la Révolution dans la mise en place du Concordat de 1802. Celui-ci, ambigu, rétablit le système ecclésiastique dont les français avaient été si souvent privés pendant la Révolution. Quelque part, il termine la Révolution, car il accepte des évêques de l’Ancien Régime, ainsi que les prêtres réfractaires. Mais il stabilise la révolution dans le sens où la vente des biens nationaux, ceux des biens du clergé, est reconnue par le pape (les fameux articles organiques). De même, les diocèses sont refondus sur les départements. Là encore, il s’agit bien d’une stabilisation de la Révolution, dans l’aspect religieux. Cependant, Bonaparte a aussi rétabli une forme de gallicanisme, que les rois de France connaissaient...

Mais Bonaparte « sauveur », puis Napoléon « sauveur » n’a-t-il pas aussi condamné la Révolution française pendant la République consulaire ?
D’abord, parmi les trois consuls, Sieyès, Ducos et Bonaparte, seul un gouvernait. Bonaparte disait lui-même qu’il refusait d’être un « cochon à l’engrais ». Et c’est ce qui a attendu ses adversaires : Sieyès et Ducos. Ils ont été relayés loin du pouvoir, juste dans des postes honorifiques (pour Sieyès, la présidence du Sénat). Et ils n’ont pas été les seuls à avoir subi Napoléon, loin s’en faut ! Les assemblées ont vite dû se taire. D’ailleurs, dans l’esprit de la Constitution de l’an VIII, elles avaient été conçues juste pour être des vitrines : ainsi, le Corps législatif, 300 « muets », peut accepter ou refuser les projets de lois soumis par les consuls, mais sans pouvoir les discuter. Il y a eu aussi des épurations parlementaires : Benjamin Constant, l’une des figures de proue des Idéologues, n’a pas pu s’opposer longtemps à Napoléon : en 1802, il a sauté lors de l’épuration du Tribunat et du Corps législatif par Bonaparte. Quant à Bonaparte, selon l’article I de la Constitution de l’An VIII, il avait tous les pouvoirs. Et mieux encore, après avoir nommé deux consuls, Cambacérès et Lebrun, il décide en août 1802 de devenir consul à vie : maintenant, officiellement, il a tous les pouvoirs. La République consulaire, malgré sa désignation – et c’est bien là tout son paradoxe – est bien une dictature. Et dès lors, Bonaparte est bien un « sauveur », mais un « sauveur » dans le mauvais sens du terme.
D’ailleurs une chose qui montre bien que nous avons affaire à une dictature est le fait que le « sauveur » doit faire face aux oppositions. Car un dictateur est une personne qui se sent d’abord menacée et qui doit se protéger. Et Bonaparte n’y échappe pas. Car il a tout le pouvoir, il est en permanence en danger : le 24 Décembre 1800, l’attentat de la rue St-Nicaise, très meurtrier, manque de le tuer. Bonaparte, tout en sachant par Fouché que les royalistes sont coupables, en profite pour déporter une cinquantaine de jacobins. Il y a aussi le complot de Cadoudal en 1803, fomenté par l’Angleterre, Moreau, Pichegru et Cadoudal. Le but était de tuer le Premier Consul. Le complot fut déjoué, Bonaparte fut prévenu à temps. Il décida de répondre en tuant le Duc d’Enghien, en violant le droit international. Là encore Bonaparte a éliminé, sans le moindre scrupule, l’un de ses adversaires. Ces complots, qui menaçaient Bonaparte, ont forcé celui-ci à changer le régime : Bonaparte a sans doute décidé de devenir Consul à vie puis empereur – homme qui concentre dans ses mains tous les pouvoirs – à cause de ces complots.
Mais ces complots, pour l’essentiel jacobins ou royalistes, ne montrent pas la résignation du peuple pendant la République consulaire. Car celui-ci a peu à peu perdu son pouvoir : le suffrage est censitaire, mais il y a tellement de degrés qu’il ne vote plus vraiment. Et la réforme des collèges électoraux ne changera rien, au contraire : ceux-ci devaient élire des notabilités et leurs membres, permanents, étaient nommés par le gouvernement, non élus. Les préfets, là encore, ne sont pas élus démocratiquement, ils sont nommés par le premier consul. On peut voir un retour en arrière, avec le vague souvenir des intendants... nommés par le roi. Enfin, la figure du notable s’esquisse : comme le noble sous l’Ancien Régime, celui-ci prend plus de pouvoir que les autres. Et ici l’égalité qu’avait tant prôné la Convention, qui fut elle aussi une dictature, n’est que fuyante...

Bonaparte, puis Napoléon (il se fera appeler Napoléon à partir du Consulat à vie) est bien l’homme providentiel. Mais on peut lui faire un reproche : il est trop providentiel. Il a poursuivit la quête de la Révolution en certains points, car il en est l’héritier et il y a participé, mais il l’a aussi stabilisé, trop stabilisé même... au point qu’il l’a transformé pour créer un régime contraire à ce qu’elle prônait. Mais un régime ambigu, car il garde certaines facettes de la Révolution, dont certaines sont importantes : le cas de l’égalité de tous devant les impôts. Un régime qui porte en lui les germes et les contradictions du futur régime qui s’établira en août 1804 : l’Empire où Napoléon créera une monarchie. Paradoxe pourtant : une monarchie nationale, la nation étant un concept créé par la Révolution...
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