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"révolution russe"

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La Révolution russe de 1917 a suivi quatre étapes.

Prélude : Révolution de Février.
Les autorités de Petrograd annoncent la mise en place de cartes de rationnement. L’usine d’armement Poutilov, la plus grande usine de Petrograd, met à la rue des milliers d’ouvriers. Explosion des protestations ouvrières contre la pénurie. Grèves. Ces troubles deviennent révolution quand la garnison de soldats-paysans de Petrograd refuse de tirer sur la foule, quand les députés de la Douma, qui ont refusé de se soumettre à la décision prise par le tsar de dissoudre cette institution représentative, « lâchent » la monarchie, et quand un certain nombre de dirigeants des partis révolutionnaires mettent sur pied un « soviet de députés ouvriers et soldats ».
Un accord entre celui-ci et la Douma permet la formation d’un gouvernement provisoire à majorité libérale (KD), dirigé par le prince Lvov.
Même si le processus avait été déclenché par la classe ouvrière de la capitale, l’agent révolutionaire décisif avait été le paysan en uniforme, car c’est son refus d’obéir qui avait neutralisé le gouvernement impérial. Le motif principal de la désobéissance n’était pas la solidarité avec les ouvriers mais le rejet de la guerre. Mais pour qu’il y ait révolution, il faut aussi une crise constitutionnelle symbolisée par la paralysie du pouvoir.

1. Le premier gouvernement provisoir (formé le 2 mars).
Dirigé par le prince Lvov et soutenu par le bloc progressiste de la Douma. Après la liquidation de la monarchie (Nicolas II abdique) et la garantie donnée au peuple russe des libertés démocratiques (libertés civiles, convocation d’une Assemblée constituante, abolition de la peine de mort, suppression de toute discrimination de caste, de race ou de religion, reconnaissance du droit de la Pologne et de la Finlande à l’indépendance, promesse d’autonomie pour les minorités nationales) : il n’y a plus de problème intérieur.
La première tâche est de gagner la guerre pour protéger la nouvelle démocratie russe et réaliser les buts nationaux de la Russie dans les Balkans et la région des Détroits.
Parallèlement, développement des soviets, des comités d’usine et de quartier, des milices de « gardes rouges », des comités de paysans, de cosaques, de « ménagères » dans l’ensemble des grandes villes. Les soviets sont dominés par les socialistes modérés, mencheviks et socialistes-révolutionnaires. Ainsi, dès le début, le gouvernement provisoire n’est pas un gouvernement, mais une simple administration temporaire ; sa capacité à agir est fonction de la bonne volonté du soviet de Petrograd, qui exprime la défiance des « masses » ouvrières et militaires, envers un ministère « bourgeois » et capitaliste. Les ouvriers demandent la journée de 8 heures (qu’ils obtiennent en mars), la sécurité de l’emploi, les assurances sociales, de modestes augmentations de salaire. Ils ne font guère allusion au « socialisme ». Les paysans réclament la terre à ceux qui la travaillent et que soient distribuées immédiatement les terres non cultivées des grands propriétaires. Les soldats ont satisfaction avec le « décret n°1 » du soviet de Petrograd, véritable « charte des droits du soldat », qui abolit les règles de discipline militaire les plus vexatoires de l’Ancien Régime, permettant au soldat-citoyen de s’organiser en « comités » mais exacerbant aussi les tensions entre officiers et soldats. Développement du mouvement national en Ukraine, en Finlande, chez les Baltes, les Géorgiens, les musulmans...
A partir d’avril, ils ne sont plus la force dominante.

2. Intermède d’un socialisme modéré.
Le 4 avril, lendemain de son arrivée à Petrograd, Lénine présente ses Thèses d’avril aux bolcheviks réunis en assemblée légale. Il y proclame son hostilité inconditionnelle au « défensisme révolutionnaire », au gouvernement provisoire, à la république parlementaire. Il réclame la suppression de la police, de l’armée, de l’ensemble des fonctionnaires d’Etat, la confiscation des grandes propriétés foncières et la nationalisation de la terre, le contrôle ouvrier dans les usines. « A bas la guerre. A bas le gouvernement provisoire. Tout le pouvoir aux soviets ! ». La majorité des bolcheviks accueillent ces Thèses avec hostilité. Lénine est frappé au contraire par le fait que la révolution dite bourgeoise n’est pas contrôlée par la bourgeoisie mais par les soviets. La révolution marque le début de la phase de dissolution de l’Etat bourgeois qui précède la phase socialiste. D’où son idée, à l’opposé de celle de 1905, que les soviets jouent un rôle décisif. D’où : « Tout le pouvoir aux soviets ! ».
« Crise d’avril » : Le gouvernement veut combattre jusqu’à la victoire finale. Le ministre de la Justice, Kerenski, menace de démissionner. Plusieurs ministres démissionnent et le soviet annonce son ralliement à l’idée d’un gouvernement de coalition. Kerenski, les SR et les mencheviks forment un gouvernement. Cette fois, le but n’est pas de remporter une victoire nationale classique mais de protéger la démocratie russe contre l’autocratie allemande.
Les socialistes qui participent au gouvernement sont, pour Lénine, « conciliationnistes », c’est-à-dire collaborateurs de classe.
Après l’offensive-échec de Broussilov en juin, appuyée par Kerenski qui fait sur le front une tournée éloquente pour « remonter le moral des troupes », le gouvernement provisoire se maintient précairement au palais d’Hiver plus qu’il se maintient vraiment au pouvoir.
En même temps, les patrons s’opposent au « contrôle ouvrier » et répondent aux grèves par des fermetures d’usines. Dans les campagnes, les comités agraires s’approprient les terres inexploitées, saisissent matériel agricole et cheptel des propriétaires terriens. Ceux-ci demandent au gouvernement de mettre fin à l’anarchie. Dans le même temps, les mouvements des peuples allogènes se développent, ignorés du gouvernement.
Les 3 et 4 juillet, des régiments de Petrograd, favorables aux bolcheviks, qui craignent d’être envoyés sur le front, décident de préparer une insurrection. La direction du parti bolchevik est débordée et laisse se développer les manifestations, qui dégénèrent. Le gouvernement fait appel aux cosaques et aux troupes venues du front. L’armée disperse les manifestants. Ces « journées de juillet », qui se soldent par une cinquantaine de morts, entraînent l’arrestation de nombreux dirigeants bolcheviques et l’interdiction de leurs journaux. Lénine, qualifié d’agent du Kaiser, s’enfuit en Finlande.

3. Tentative de droite
Le généralissime Kornilov, apparaît comme l’homme du recours pour le haut commandement, les milieux patronaux, voire les Alliés, et se déclare favorable à une certaine démocratisation de l’armée. En août, affrontement Kerenski/Kornilov à la conférence d’Etat consultative (sorte d’Etats généraux), qui réunit des représentants du patronat, des syndicats, des groupes professionnels, des officiers, des Eglises et des partis (bolcheviks exceptés). Kornilov veut la dissolution des comités révolutionnaires, la fin de l’intervention de l’Etat dans les domaines économique et social, la militarisation des chemins de fer et des usines d’armement, le rétablissement de la peine de mort à l’arrière. Perspective d’un coup d’Etat militaire. Kerenski, appuyé cette fois par les bolcheviks (dont les dirigeants sont du même coup libérés) et par le soviet de Petrograd, constitue un dernier gouvernement : il rassemble un pré-Parlement (puisqu’on n’a pas eu le temps d’élire une Assemblée constituante), un Parlement de notables de gauche et du centre pour donner un peu de légitimité au régime. Les bolcheviks refusent d’y participer, dénonçant « cette nouvelle Douma ». Les KD, qui ont soutenu Kornilov, sont discrédités.

4. Prise du pouvoir par les bolcheviks.
Trostki, menchevik jusqu’en juin, devient en septembre président du Soviet de Petrograd. Malgré l’opposition de Kamenev et Zinoviev qui préconisent d’attendre, car les soviets se bolchevisent rapidement, Lenine, revenu clandestinement de Finlande à Petrograd, fait adopter le 23 octobre par le Comité central bolchevique l’ordre du jour sur la préparation de l’insurrection armée. La révolution d’Octobre est donc une insurrection armée dirigée par le Parti à travers l’appareil du soviet de Petrograd. Premier slogan des bolcheviks : la paix. S’ouvre après la prise des postes stratégiques de Petrograd le II° Congrès panrusse des soviets. Mencheviks et SR quittent la salle, dénonçant la conspiration militaire organisée par Lénine. Les bolcheviks font ratifier leur coup de force par leurs seuls alliés, les membres du petit groupe SR de gauche. Quelques heures plus tard, le II° Congrès panrusse des soviets entérine la création du nouveau gouvernement bolchevique, le Conseil des commissaires du peuple.
Ce qui s’est passé n’était rien qu’une opération policière à petite échelle montée par le Comité militaire révolutionnaire, avec quelques marins de la flotte de la Baltique et une poignée d’ouvriers de la Garde rouge pour s’emparer des centres nerveux de la capitales dans la nuit du 24 au 25 octobre. Le « prolétariat » de Petrograd et le gouvernement provisoire sont restés globalement neutres. Le Parti « avait trouvé le pouvoir au milieu de la rue et l’avait tout simplement ramassé » (Lénine).
Immédiatement, deux décrets : « sur la paix » et « sur la terre ». Malentendu du décret sur la terre. En 17, les bolcheviks se contentent de légitimer ce que de nombreux comités agraires avaient entrepris depuis l’été : l’appropriation des terres. C’est le programme SR. Il faudra attendre 10 ans pour la collectivisation forcée des campagnes.


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