en une : Cours philo : Dieu

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Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 14/04/2008 - correction
                
dites moi si vous lavez dit recu

Mais est ce que ce meurtre allait le poursuivre toute la vie? Est ce que le passé allait l’accabler pur toujours.? Allait-il être obligé d’avouer? Cela, jamais. Il ne restait plus contre lui qu’un élément de preuve. Oui, le portrait constituait une sorte de preuve. Il le détruirait donc. Pourquoi même l’avait-il gardé si longtemps il avait pris plaisir autrefois à en observer les changements, à le regarder vieillir. Mais, depuis peu, c’en était fini de cette délectation; en revanche, ses nuits avaient été sans sommeil. Et ses villégiatures s’étaient passées dans l’épouvante, à trembler qu’un autre oeil que le sien ne vît l’affreux prodige. Ce portrait avait jeté sur ses passions un voile de mélancolie et assombri, de son sel fantôme, bien des moments de joie. Il avait été pour lui comme une conscience.
Oui, une vraie conscience. Sa destruction s’imposait.
Regardant autour de lui, Dorian vit le couteau dont il avait frappé Basil Hallward. Il l’avait nettoyé maintes fois, jusqu’à ce que la moindre tache eut disparu. L’arme luisait, nette, étincelante. Elle avait tué le peintre, elle tuerait de même l’oeuvre de son pinceau et tout ce qu’elle enfermait de mystère. Elle tuerait le passé et, quand le passé serait mort, Dorian serait délivré. Elle tuerait cette toile monstrueuse où vivait une âme, et les hideux avertissements cesseraient: il pourrait vivre en paix.
Il saisit la lame et transperça le portrait.
Un cri se fit entendre, puis un craquement. Telle fut l’horreur de ce cri d’agonie que les serviteurs s’éveillèrent d’effroi et sortirent de leurs chambres. Deux gentlemen qui traversaient le square s’arrêtèrent et levèrent les yeux vers cette belle demeure. Il s’en furent à la recherche d’un policeman qu’ils ramenèrent avec eux. Il sonna plusieurs fois. Personne ne répondit sauf une fenêtre éclairé au premier étage. La maison était entièrement plongée dans les ténèbres. Le policeman attendit un peu, puis se retira sous un portique voisin où il se tint en observation.
_« à qui est cette maison, constable.?demanda le plus vieux des gentlemen.
_à Dorian Gray, monsieur », répondit le policeman.
Les deux passants échangèrent un regard et s’éloignèrent en ricanant. L’un deux était l’oncle de Sir Henry Ashton.
A l’intérieur du logis, dans la partie réservée au service, les domestiques, à demi - vêtus , se concertaient à voix basse.
La vieille Leaf pleurait et se tordait les mains. Francis était pale comme un mort.
Au bout d’un quart d’heure environ, ayant pris avec lui le cocher et l’un des cocher et l’un valets de pied, il se décida à monter. Ils frappèrent à la porte; pas de réponse . Ils appelèrent: silence absolu. Enfin, après de vains efforts pour enfoncer la porte, ils montèrent sur le toit et, de là, descendirent sur le balcon. Les fenêtres, dont les serrures étaient vieille, cédèrent aisément
En entrant, ils virent contre le mur un splendide portrait de leur maître, tel que, la veille encore, ils l’avaient vu lui même, dans tout l’éclat de sa jeunesse exquise et de sa merveilleuse beauté. Sur le parquet, un homme en habit de soirée gisait, un couteau dans le coeur. Son visage était flétri, ridé, repoussant. Ce ne fut qu’à l’examen de ses bagues qu’ils reconnurent le mort.
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