en une : Le lexique de français

Plan dissertation

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 15/02/2008 - Question simple
                
Bonsoir,

La première chose à faire est effectivement de définir précisément les mots du sujet pour bien le comprendre, et voir les articulations de la citation. Avant tout, il faut remettre la citation en contexte : elle est écrite par Molière, grand homme de théâtre comique et pourfendeur de la comédie de m½urs du XVIIème siècle. La première partie parle du « devoir de la comédie » : pour Molière, la comédie doit (pas peut, doit : c’est plus fort, c’est le but premier de la comédie ; il faut donc voir en quoi une pièce précise, une comédie précise, répond à cette caractéristique : comment, en quoi, par quels thèmes et outils stylistiques arrive-t-elle à « corriger les hommes en les divertissant » ?). La fonction de la comédie pour Molière est donc certes de divertir, comme toute pièce de théâtre, toute ½uvre artistique, mais au-delà de cela de corriger les hommes. Une comédie doit donc délivrer des messages forts sur des thèmes quotidiens, comme les comportements humains, pour montrer aux hommes ce qui est bien et mal et les faire évoluer, corriger leurs imperfections. Dans « Tartuffe » par exemple, Molière montre l’exemple typique de ce qu’il ne faut pas devenir en grossissant un peu le trait et agissant de telle façon que le personnage de Tartuffe est forcément condamnable pour les raisons que Molière met en lumière ; du coup, avec ces traits grossis, on ne peut que condamner Tartuffe et voir qu’il ne faut surtout pas être comme lui ; si jamais on l’est un peu, on doit donc changer : pas d’autre possibilité pour celui qui voit la pièce ou la lit, donc au final, Molière corrige bien de cette façon (une parmi d’autres) les hommes et leurs mauvaises manières de faire et de se comporter. Voilà donc pour la première partie de la citation : elle définit le rôle de la comédie, comme on définit classiquement le rôle du théâtre. Deuxième partie de la citation : « j’ai cru que dans l’emploi où je me trouve » : Molière complète ce qu’il a dit et se justifie ; il est écrivain, auteur de comédies de son état, il fait sa vie autour de ces choses, il est donc normal qu’il applique ce principe dans ses pièces (cette phrase est vraiment un pivot, un lien logique dans la citation entre la théorie générale et le cas particulier de Molière ; n’oubliez que dans une citation, surtout si elle est longue, il faut aussi aller au-delà du sens voir ce qu’il en est de la construction de la phrase : ici, on en est au pivot qui fait passer du général au particulier, sous une forme de justification). Dernière partie de la phrase : Molière commence par minimiser son rôle et la portée de la théorie générale et de son ½uvre, par modestie mais aussi pour se protéger (n’oubliez pas qu’il écrit cela dans un placet au roi, mais ne peut prétendre du coup corriger lui-même ses sujets et leur dire ce qu’il faut faire ; de plus, pour certaines pièces, comme « Tartuffe », la pièce et ses enseignements sont décriés, il doit donc minimiser les choses et rassurer le roi sur son objectif et ses actes). J’en profite pour attirer votre attention sur le contexte bien particulier de la parution de cette pièce, qu’il ne faut pas occulter : interdiction, dénonciation dans l’entourage religieux du roi etc. Enfin, il donne sa façon de faire : il montre des choses ridicules, grossies, pour qu’elles marquent les esprits et que tout le monde puisse se rendre compte de ce qu’il ne faut pas faire ou ce qui ne va pas. Il expose donc sa méthode : faire rire, tourner en ridicule pour attaquer, dénoncer les « vices de son siècle ». On en arrive donc aux vices, notion que lesquelles vous vous interrogez : de façon générale, il s’agit de tout ce qu dévie du droit chemin ; appliqué à « Tartuffe », il va effectivement s’agir des dévots et de cette fausse dévotion, pour faire simple et à un premier niveau d’analyse, des défauts des personnages comme Tartuffe : hypocrisie, fausse dévotion, détournement de la religion et mauvaise application de ses principes etc. Les « peintures ridicules » désignent en fait toutes les descriptions, tous les éléments qui tournent en ridicule ces traits de personnalité et leurs propriétaires. Tartuffe est en lui-même une peinture ridicule, de même que ses attitudes, sa façon de parler et de penser etc. Ces peintures ridicules sont les armes de Molière pour dénoncer : ses descriptions et ses personnages, ses dialogues, ses situations etc.

Voici donc pour l’explication des mots et de la citation, son sens et sa construction. Cela doit d’ailleurs, après avoir amené les choses par une idée plus générale, constituer le début de votre introduction, avant l’annonce de la problématique et du plan (il faut aussi la replacer dans son contexte, et du coup ici aussi dans celui de la pièce sur laquelle on s’appuie). Ici, on vous demande d’analyser cette affirmation, c’est-à-dire de voir en quoi elle est exacte et vérifiée, mais aussi éventuellement partiellement inexacte ou incomplète. On vous demande donc de commenter précisément la citation, en donnant des arguments pour aller dans son sens bien sûr, mais aussi en montrant ses éventuelles limites ou ses imprécisions, bref donner une lecture et une compréhension globale et détaillée de cette citation, comme si vous deviez l’expliquer précisément à quelqu’un. On vous demande de plus de vous appuyer sur « Tartuffe » : vous pouvez donc évoquer la comédie en général et celle de Molière en particulier, mais la plupart de vos arguments, exemples et réflexions doivent venir de cette ½uvre. D’où votre problématique : en quoi la lecture de Tartuffe confirme-t-elle cette citation de Molière ?

Pour le plan, il n’est pas judicieux d’adopter ici un plan dialectique (oui/vrai – non/faux – synthèse), car on ne vous demande pas de discuter, d’aller à l’encontre de cet avis, d’en débattre, mais de l’expliquer en fait et l’illustrer à partir de l’½uvre sur laquelle il faut s’appuyer (il faut bien être attentif à ces termes de consignes dans les sujets). Le plus simple et le plus efficace est d’adopter un plan qui tourne autour de la citation, s’articule autour de l’articulation propre de la citation. Par exemple (mais c’est bien sûr à adapter en fonction de vos idées propres, de vos arguments et de votre propre compréhension et analyse du sujet) :
1) La comédie et « Tartuffe » en particulier : une peinture de caractères, situations etc. ridicules dans le but de dénoncer les vices du siècle (moyen particulier de s’attaquer à des points particuliers)
2) Un but plus global et partout sous-jacent : divertir … pour faire changer les hommes

Ainsi, vous renversez un peu la citation mais faites ressortir sa construction logique interne : on part d’un moyen particulier (la peinture en ridicule pour appuyer sur les vices), pour en arriver à la double fonction de la comédie : divertir et faire changer, même si la première reste un moyen d’atteindre la deuxième.

Pour répondre à vos questions, il faut surtout éviter une partie très générale, sur la comédie par exemple ; ce sera hors-sujet : il faut absolument être très près de la citation à étudier, toujours tourner autour d’elle dans la réflexion ; tout ce qu’on dit doit s’y rapporter, participer à son commentaire (cet effort sera toujours apprécié, même s’il y a quelques maladresses, par rapport à des délayages généraux, non collés à la citation). Soyez donc concret, près de la citation qui est votre c½ur de réflexion et évoquez surtout avant tout « Tartuffe », avant toute autre ½uvre, même si quelques autres exemples bien choisis ne sont pas à exclure. Pensez à citer précisément l’½uvre, des exemples précis de ce qui s’y passe. Pensez aussi encore une fois à évoquer le contexte historique et analyser la façon dont Molière amène subtilement son idée de critique auprès du roi, en minimisant ce qu’il fait, un peu caché : cela rejoint votre idée de censure, qui est effectivement bonne : il faut aussi voir comment Molière avance par moments à pas cachés, pour ne pas être censuré et trop attaqué, et donc continuer à poursuivre son ½uvre.

J’espère que le sujet et ce que l’on attend de vous est maintenant plus clair pour vous. L’essentiel est de bien poser les choses et ensuite de vous centrer sur la citation et l’½uvre « Tartuffe » ; le plan n’est ensuite qu’un moyen de mettre en avant vos idées. Construisez donc votre plan autour de ce que renvoie la citation, par exemple autour de ce double mouvement que nous avons vu entre un procédé très spécial de peinture en ridicule, tourner en dérision des situations et personnages (ce qui s’applique bien à cette pièce), puis une vision plus globale du divertissement et de la critique, et les liens entre les deux.

Une fois votre devoir rédigé, vous pourrez toujours si vous le souhaitez nous soumettre dans une question de type « correction » votre rédaction, et alors obtenir un avis personnalisé et une correction précise de ce que vous aurez fait à la suite de ce travail préliminaire.

Bon courage.
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