en une : Le raisonnement par récurrence

Dissertation

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 20/01/2008 - correction
                
Bonsoir,

Votre travail est très bien. J'ai corrigé quelques fautes, rédigé une conclusion et une ouverture que vous pourrez modifier en vous en inspirant !
A votre disposition pour pour toute question.
Bon courage.
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Dissertation (posée le 20/01/2008)
J'aimerai que vous corrigiez mon sujet de dissertation et j'aurai besoin d'aide pour la conclusion ( je ne sais pas exactement comment je dois conclure). Mon plan était imposé. Le sujet est ci-joint avec le devoir. Et si vous pouviez me conseiller sur la disposition de mes paragraphes parce que j'ai l'impression qu'ils sont trop petits et nombreux. Merci d'avance.

Sujet : « Je crois que l'art des vers est un art frivole; que si les hommes étaient convenus de les proscrire, non seulement nous ne perdrions rien mais nous gagnerions beaucoup. Forcés de parler le langage dicté par la nature, nous traiterions tous les genres en prose. » L'abbé de Pons.
Vous analyserez ce point de vue du XVIIIème siècle en vous appuyant sur les textes du corpus et ceux que vous avez étudiés.

Dés l'Antiquité, Orphée chantait dans ses textes le thème de l'amour en l'associant à la souffrance et bien évidemment à la mort après la perte d'Eurydice. La poésie était alors associée au culte de l'amour, de la femme aimée (muse). On constate que depuis cette époque, la poésie lyrique n'a jamais été abandonnée: au XVIème siècle, elle est considérée comme un des genres majeurs de l'époque. Malgré tout, au XVIIIème, celle-ci connaît un fléchissement au profit de la philosophie. Ainsi l'abbé de Pons a jugé que l'écriture, dans tous les cas, devait se faire en prose.
Mais dans quelle mesure peut-on dire avec l'abbé de Pons que l'écriture en vers doit être totalement proscrite au profit de la seule écriture en prose ?
L'explication du point de vue de l'abbé de Pons sera par conséquent traitée en premier, puis les fonctions à assigner à la poésie, en second.

Nous pouvons comprendre la position de l'abbé de Pons qui était plus préoccupé par le fonctionnement de la société que par la Beauté de la poésie. En effet, il parle de « langage dicté par la nature », il n'y a donc plus de beauté au sens premier du terme, puisqu'il s'agit du langage courant. De plus, les contraintes que les poètes s'imposent sont tellement nombreuses que finalement il serait temps de traiter « tous les genres en prose ». Ainsi la poésie nécessite une forme régulière telle les sonnets (poème de 14 vers divisé en deux quatrains et deux tercets) ou l'alexandrin régulier (12 syllabes à chaque vers). L'abbé de Pons, à travers l'adjectif « frivole », dénonce le temps consacré à la forme au dépourvu du contenu qui en devient superficiel. Avec la suprématie de l'image, les poètes calquent la forme de leur poème sur leur signification. Par exemple dans Le Spleen de Paris, Baudelaire va trouver dans la ville ses sujets d'inspiration: le citadin, la vie moderne. Ils vont même beaucoup plus loin dans cette voie, en composant des calligrammes dans lesquels les textes sont disposés de façon à représenter l'objet ou le sujet dont ils parlent. Malgré cela, l'abbé de Pons aimerait plus de textes philosophiques que poétiques. En effet, la beauté des formes poétiques l'importe peu, plus de réflexion serait la bienvenue.
Cependant, le poète fait appel à un autre des cinq sens de son lecteur: après le visuel, l'ouïe. En effet, les poètes utilisent le jeu des sonorités d'une autre façon, par exemple pour marquer la cadence comme dans une chanson. Ils utilisent aussi les répétitions ou des figures de style, pour insister sur l'idée essentielle de leur poème. Par exemple dans le poème d'Aragon, Ce que dit Elsa, grâce à l'anaphore « que ton poème soit », non seulement l'idée principale du poème est présente, mais cela facilite d'autant plus la mémorisation du texte.
Mais la poésie, ce n'est pas seulement le reflet de la réalité, c'est aussi les images surréalistes: parfois deux mots sont mis côte à côte alors que cela n'a aucun sens. Lorsque Breton a écrit « Ma femme aux pieds d'initial », qui aurait pu le comprendre ? Malheureusement le résultat de ce travail, est jugé superficiel par l'abbé de Pons lorsqu'il affirme que « non seulement nous ne perdrions rien mais nous gagnerions beaucoup ». Et pourtant, chose qu'il n'avait pas prévue, le XIXème siècle fait éclater ces contraintes : le voeu de l'abbé est, par conséquent, exaucé.

Les poètes du XIXème siècle ont, en effet, écrit en prose pour renouveler l'écriture poétique. Ainsi apparaît la littérature engagée: les auteurs de ce genre font passer avant leurs préoccupations esthétiques, le besoin de convaincre. Dans cette catégorie l'on trouve des textes de formes et de natures variées qui sont destinés à être lus ou à être dits. Les discours comme ceux de Victor Hugo, sont destinés à persuader un public plus restreint mais plus puissant tel le discours du 9 Juillet 1849, Sur la misère. La notion d'engagement de l'auteur voir du poète, porte la polémique sur de nombreux sujets comme les questions humanitaires, avec par exemple, Aragon contre les Allemands, les questions politiques et même la défense de la littérature.
L'engagement n'est pas la seule fonction à assigner à la poésie. La deuxième fonction est didactique. Celle-ci est représentée par les fables (genre poétique qui remonte à l'Antiquité) de La Fontaine. Les fables sont d'abord écrites pour faire passer un message moral. Elles se présentent comme « une leçon d'histoire » que l'on peut analyser: dans « Les Animaux malades de la peste », La Fontaine nous rappelle que les « faibles » ont toujours tort:
« Selon que vous serez puissant ou misérable
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »
La fable met très souvent en scène des animaux qui de part leur caractère représentent des personnages de l'époque: dans « Les Obsèques de la Lionne », le lion, par exemple, personnifie le roi. Parfois, ce sont des humains, mais quelle que soit leur nature, le fabuliste décrit leurs vices. Ces récits sont écrits en général en vers, parfois en prose qui comprennent deux aspects essentiels: une fiction pour intéresser un lecteur souvent jeune et une morale implicite ou explicite qui se déduit de l'exemple. N'oublions que certaines de ces morales, sont aujourd'hui de véritables proverbes! Ce qui nous ramène au fait que L'abbé de Pons n'avait pas totalement tort en disant « que si les hommes étaient convenus de proscrire les vers, non seulement nous ne perdrions rien mais nous gagnerions beaucoup ».
Il y a ensuite des fonctions secondaires de la poésie telles que le fait de traiter des sujets intemporels comme l'attachement au pays natal, l'amitié et l'amour.

CONCLUSION
La poésie se nourrit de l'équivocité de ses propos et de la confusion de sens dans laquelle elle entraîne le lecteur pour mieux le faire rêver, pour mieux susciter en lui un état affectif. Mais ne parlons pas de sensibilité pour ne pas affadir le propos poétique ; il n'en demeure pas moins que la poésie conduit à la rêverie. Relisons les tercets du seizième sonnet des Regrets de du Bellay :
Las et nous cependant nous consumons notre âge Sur le bord inconnu d'un étrange rivage,
Où le malheur nous fait ces tristes vers chanter : Comme on voit quelquefois, quand la mort les appelle, Assemblés flanc à flanc parmi l'herbe nouvelle, Bien loin sur un étang trois cygnes lamenter.
L'image finale nous abandonne à nos visions et nous laisse aller où bon nous semble, où il nous plaît. Pouvons-nous en dire autant de la rigueur philoso¬phique, qui crée des concepts et non pas des images et qui, pour finir, fonde des écoles, tel le Lycée, telle l'Académie puis trouve sa place dans une structure institutionnelle ? Pourtant, nous sentons également qu'il n'est pas possible de pousser trop loin cette opposition. En effet, la poésie aussi a ses institutions, ses concours, ses lauréats et ses poètes de cour, Ronsard, par exemple, que du Bel¬lay enviait tant.
OUVERTURE DE LA CONCLUSION si vous le souhaitez
Pouvons-nous faire se rencontrer les poètes et les philosophes ? Le philosophe a depuis bien longtemps, depuis Platon, chassé le poète de la Cité pour l'administrer selon les règles de la raison et pour en faire le lieu de la rationalité triomphante. Mais, précisément, les oppositions entre poésie et philosophie semblent trop bien fonctionner et c'est à ce titre que nous sommes portés à soupçonner la solidité de leurs fondements. Un propos qui prétend à une vision philosophique ne doit-il pas par définition se couper de ces évidences, quitte éventuellement à les retrouver par la suite et à les reconstruire si elles lui paraissent fondées ?
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