en une : Le raisonnement par récurrence

Commentaire-latin

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 03/01/2008 - correction
                
Bonjour,

Suite à votre demande, voici donc quelques éléments pour vous aider sur le commentaire de ce texte. Je laisse donc l’introduction puisque vous y avez apparemment déjà bien réfléchi ; pensez simplement à toujours bien repositionner, remettre le passage dans le contexte de l’½uvre entière.

Cet extrait nous donne la vision que peut avoir le poète Virgile de l’âge d’or tel qu’il existait autrefois. Une première partie du commentaire peut donc se concentrer sur la comparaison âge d’or / nouvel âge que fait Virgile essentiellement au début du passage. Jupiter y est présenté comme le personnage pivot (cité dès le début dans « avant Jupiter » puis repris dans « c’est lui », toutes les autres indications temporelles comme « alors » étant faites par rapport à ce point de départ), charnière, autour de qui tous les changements ont décidé : décideur, acteur et coordonnateur à la fois. On remarque dans ce passage l’opposition entre les deux époques, l’une étant décrite comme très positive, l’autre tout en noir presque. Regardez le lexique du premier paragraphe par exemple : la guerre, la contrainte qui semble étouffante (« domptait », « borner », « colon ») contre la liberté (« sans contrainte », « en commun », « d’elle-même », « permis », « partager »). La suite est dans le même ton, avec utilisation de mots très fortement négativement connotés pour décrire la nouvelle époque : « pernicieux », « tomber », « cacha » etc. D’ailleurs, les seuls animaux cités sont ceux qui ont la plus image dans ce nouveau monde : loups, serpents. On a donc à première vue une opposition assez nette entre ces deux mondes, avec le dieu des dieux comme point majeur au milieu.

Puis dans une seconde partie, on peut étudier des points plus positifs de ce nouvel âge : on parle « d’arts », on reparle de « blé », de « sillons », « d’herbe ». La description s’étend au reste du monde, et plus seulement la terre, mais aussi le ciel (les étoiles). Pour les nouvelles découvertes, on ne parle plus d’imposition mais de « découverte » ou « d’imagination », plus positif, mais aussi plus humain. On voit donc ici que partant encore une fois de quelque chose qui paraît assez négatif (« créer le besoin », exprès), on aboutit malgré tout à quelque chose d’assez positif, bien que différent. Après une opposition assez nette entre les deux univers, on nous décrit donc un nouveau monde, mais qui n’est plus forcément si condamnable (on note même un progrès avéré pour des techniques spécifiques chez l’homme, ce qui est appréciable).

Et dans une troisième partie, on étudie comment Virgile nous montre que finalement le monde qui en a résulté est profondément humain : on y parle de « besoin », mais aussi de progrès, d’art, de technique, on y montre qu’avec volonté et travail, tout devient possible. L’homme s’adapte et commence à évoluer en fonction des contraintes imposées et finalement commence à mettre son emprunte sur ce monde. Le monde que finit par nous décrire Virgile est donc un monde profondément humain. Certes, comparé à l’âge d’or dans l’absolu, cela paraissait au départ plutôt négatif (voir 1°), mais on a vu que les choses étaient quand même à relativiser (2°). En fait, cette évolution a été nécessitée par la nature humaine : les premiers hommes n’avaient pas l’art et la technique et ne pouvaient pas vraiment évoluer, et surtout, à deux reprises l’auteur souligne que cette évolution a été rendue nécessaire par l’homme finalement : seul le manque, le besoin, l’obstacle, la difficulté le poussent à chercher des solutions et à prospérer, progresser (sorte de fainéantise si l’on veut ou du moins de grande passivité). Au-delà de ces deux passages qui se font écho et du lexique redevenu globalement plus positif, on remarque que c’est bien notre monde, profondément humain qui nous est décrit : plus d’idéal ou de paradis certes, mais tous les éléments qui sont référencés et trouvent une place, leur place, sorte d’harmonie, dans ce nouveau monde : l’eau, le feu, la terre notamment sont cités expressément, comme l’air avec encore une fois le ciel et les étoiles. Idem avec le fer ici aussi. Si la dernière phrase notamment insiste sur la nécessité de stimuler l’homme par le besoin, elle insiste également sur la capacité de travail (« acharnement ») dont l’homme a su faire preuve en réaction. Point encore positif finalement. La fin du texte est vraiment plus positive. Il pourra aussi être intéressant d’étudier dans cette partie, ou plus en amont, la façon dont l’opposition se traduit par les mots de liaison par exemple, au-delà des champs lexicaux en opposition.

En résumé, voilà le parcours de lecture que l’on peut adopter pour ce passage, avec liens logiques entre les parties à mettre en exergue bien sûr :

1) une forte opposition entre deux époques : l’âge d’or, tant cité et admiré, si parfait, et le nouveau monde créé par Jupiter, en quelque sorte, et qui semble si négatif à tous points de vue à côté, en comparaison ;

2) une appréciation négative qui finit par se gommer peu à peu : certains points sont négatifs certes au départ, mais finalement les deux époques sont différentes et peu comparables : ce nouvel âge a amené de nouvelles choses, de nouveaux points, des évolutions, et la comparaison est donc difficile. C’est donc certes une rupture, mais peut-être à nuancer.

3) au final, Virgile nous décrit surtout un nouveau monde devenu profondément humain, marqué par l’homme et fait en fonction de l’homme, proche de celui que nous connaissons : l’homme ne progresse parce qu’il a des besoins, mais dans ce cas alors, quelle progression !

En conclusion, on peut dire que cet extrait de Virgile nous invite certes à considérer la grandeur de l’âge d’or, mais surtout à bien nous rendre compte que le monde dans lequel nous vivons depuis est bon pour nous, au sens où il nous est adapté ; l’âge d’or par exemple brillait aussi par sa simplicité, qui ne peut aller de pair avec la complexité du genre humain. Les débuts furent difficiles, mais finalement, tout n’est pas si mal, pour dire les choses simplement.

Concernant le jour de l’oral, l’examinateur n’attendra pas un plan de commentaire composé comme vous le feriez à l’écrit, surtout sur des textes courts comme il en est souvent proposé. Il attendra que vous présentiez un commentaire structuré plus linéaire et paraphrasé, donc toute organisation est bonne à mettre en avant, du moment qu’elle rend compte d’une lecture raisonnée du texte. De plus, on vous demandera par contre d’être précis sur la forme et également sur le sens des mots et autres tournures latines, dont vous devrez être capable de rendre précisément le sens et les nuances, en commentant les usages de certaines expressions latines par rapport au contexte. Pas de panique donc si votre professeur ne vous fournit pas de commentaire ; pour chaque extrait, essayez de construire un plan, même moins fouillé sûrement, comme vous le feriez pour un commentaire. Dégagez des axes de lecture, mais ici au sens général du terme, et montrez surtout que vous avez bien saisi le sens du texte latin, ainsi que ses détails stylistiques, en citant les mots précisément en appui, faisant référence aux tournures etc. reprenez les idées principales, organisez-les et montrez en vous référant précisément au texte que vous le comprenez, le maîtrisez, m’appréhendez totalement (l’exercice de lecture au début est aussi là pour cela, c’est un bon indice de compréhension pour l’examinateur). Votre travail de préparation doit donc finalement autant porter sur la préparation des commentaires des extraits que sur la langue employée dans les textes (tournures, emplois des temps, du vocabulaire etc.).

Bonne continuation dans votre préparation à l’examen.
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