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Dissertation

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 25/12/2007 - correction
                
Bonjour,

Dans le cadre des prestations proposées ici, je vous propose d’analyser plus précisément le sujet et de voir comment construire dans ce cadre un plan précis. Le but est de vous donner des clefs de méthode, de compréhension et de démarrage pour rédiger ensuite votre dissertation. Lorsque ceci sera fait, vous pourrez alors, si vous le souhaitez, soumettre votre travail dans une nouvelle question de demande de correction, pour obtenir un avis personnalisé sur votre copie.

Revenons sur le sujet en lui-même. L’amorce n’est pas très compliquée en soi : elle fait état des deux grandes possibilités offertes à celui qui veut argumenter pour convaincre autrui sur un sujet donné. Le but est le même, convaincre, mais les moyens peuvent différer. Soit l’on s’adresse directement à la raison des gens en leur tenant un discours très carré, argumentatif, avec thèse, arguments construits et ordonnés, exemples etc. soit on passe par une forme plus artistique, des moyens moins directs, qui souvent vont tenter de toucher d’abord le sentiment ou l’émotion, puis susciter une réflexion chez le lecteur ou le spectateur à partir de ce ressenti sur les thèmes très sérieux qui auront été abordés. Deux méthodes s’affrontent donc en quelque sorte : la méthode directe et raisonnée contre la méthode plus indirecte et qui touche tout le reste au début pour mieux aborder la raison ensuite. On vous demande donc dans ce sujet d’évaluer ces deux stratégies qui ont toutes deux le même but et au final de dire laquelle est pour vous la meilleure, pourquoi, dans quel contexte éventuellement etc. Le c½ur même du sujet n’est donc pas très difficile à comprendre, mais la longueur du sujet révèle plusieurs autres contraintes à prendre en compte, et la difficulté du sujet est donc de traiter d’un sujet somme toute assez classique dans un cadre plus délimité. Voyons en détails ces conditions :

- pour chaque forme, des exemples sont donnés mais ils ne sauraient être limitatifs ; il faut donc arriver à recenser de primer abord tout ce qui peut rentrer dans chacune des deux stratégies pour ne pas se priver d’exemples, de types d’arguments ou de domaines à aborder. D’un côté, on vous cite l’essai ou le documentaire (même télévisé) mais vous avez aussi le discours, l’article de journal, la thèse (plus scientifique en général au moins dans sa forme) etc. De l’autre, vous avez non seulement effectivement le roman, la fiction, mais aussi la poésie, bien particulière, l’apologue, que vous avez peut-être déjà étudié, tout ce qui relève du comique, y compris le théâtre, même si certaines pièces comme les tragédies, cherchent à convaincre et faire réfléchir en abordant des sujets tristes et faisant référence à la mort etc. Pour ne pas vous priver d’idées diverses, il vous faut donc faire un état des lieux précis de différentes formes, avec à chaque fois un ou deux exemple(s) qui vous parlent ; cela vous évitera de rester tout le temps dans le même type d’exemple et de vous priver de choses un peu plus originales. Rien que dans la littérature, entre le roman, la poésie, le théâtre sous ses multiples formes ou l’apologue, vous avez déjà des éléments différents et très intéressants à avancer dans votre devoir ;

- ensuite, on vous demande de ne pas vous limiter à la littérature, même si celle-ci va vous fournir bon nombre d’idées, car vous avez sûrement matière dans vos cours et que l’exercice reste malgré tout une dissertation littéraire ! A priori, je vois deux autres domaines intéressants à évoquer : tout ce qui est télévisuel et qui touche au développement durable par exemple ; c’est d’actualité et les supports comme les analyses sur le sujet se multiplient. Qu’est-ce qui touche le plus les habitants de nos pays ? le discours d’Al Gore à Bali récemment ou une émission sur une grande chaîne de Nicolas Hulot ou Yann Arthus-Bertrand ? Bien sûr, il ne faut pas rentrer dans la polémique et la critique trop engagée, mais il y a là sur un tel sujet et vu l’actualité récente de quoi fournir et analyse des éléments de réflexion sur la question. Cela me semble d’autant plus facile à aborder que vous devez vous-même avoir un avis sur la question et en entendre peut-être d’autres autour de vous. Je pense que vous avez donc ici matière à aborder de vrais problèmes avec des angles originaux. Autre sujet possible en cette fin d’année électorale : la politique : clips de campagnes versus discours et meetings pendant les campagnes. Là encore, le piège est bien sûr d’être partisan. Dans ce sujet, encore une fois, on ne s’intéresse pas vraiment aux buts et aux idées mais aux moyens d’argumenter pour ensuite convaincre. Rester au départ dans le domaine littéraire, de par ce que vous avez fait les années précédentes scolairement parlant, vous évitera je pense ce possible piège. Mais ensuite, il sera intéressant d’aborder ces sujets, plus dangereux toutefois c’est vrai ; il sera alors intéressant de comparer avec la littérature etc. pour bien rester dans les faits. Là aussi, essayez de faire une courte liste d’idées, arguments et exemples, et comparez-là à la précédente ;

- enfin, il faut s’appuyer sur votre corpus de documents sur le thème de la torture ; il m’est un peu difficile d’être très précis, vu que je n’ai pas ce corpus, mais là encore, le piège est d’être dans l’analyse des idées. Bien sûr que vous devez vous y intéresser pour voir ce qui vous semble le plus efficace, mais votre réflexion doit toujours revenir sur les moyens. Par contre, cet exemple est intéressant, car a priori tout le monde condamne la torture, mais vous pouvez voir sur cet exemple particulier, comment on peut arriver à la limite à vous convaincre de la pertinence parfois de ces façons de faire ou au contraire à vous montrer que se battre contre la torture n’est pas si noble que cela etc. Exemple intéressant donc mais restez bien dans l’analyse des moyens de convaincre. Pour chaque texte, demandez-vous comment l’auteur convainc à partir de la forme utilisée et essayez de les classer selon la conviction qu’ils ont eu sur vous en identifiant ce qui a bien marché et ce qui n’a pas réussi à vous convaincre.

Voilà donc pour le cadre plus précis du sujet. Pour l’introduction, il vous faudra :

- amener le sujet (repartez par exemple de votre corpus en expliquant que l’idée de la torture est a priori rejetée par tous, mais que des gens ont essayé de défendre des positions diverses sur ce thème, avec des formes différentes et qu’il semblerait qu’au-delà des idées en elles-mêmes, la forme littéraire et la forme en général jouent beaucoup dans le processus de conviction du lecteur ou spectateur) ;
- ensuite, définissez précisément les mots du sujet (comme « argumenter », « fiction », mais ce sont ici tous des mots simples) et posez bien le sujet comme nous l’avons fait au début au début ;
- annoncer la problématique, sous forme de question, par exemple : « forme traditionnelle ou relevant de la fiction, quelle est la meilleure forme argumentative pour convaincre lecteurs et spectateurs ? » (à affiner selon vos éventuels axes d’étude complémentaires) ;
- annoncer votre plan.

Concernant votre plan, il faut surtout bien à un moment ou un autre aborder les deux manières de faire et les évaluer pour bien les comparer. A la limite, peu importe au début la réponse que vous voulez donner ; dans l’absolu, les deux sont défendables et ce qui va être jugé c’est votre capacité à le démontrer, à comparer, et ici aussi à convaincre ! Vous pouvez donc rester sans problème sur votre réponse première, mais en aucun cas, toute votre dissertation ne peut tourner autour d’une seule forme, même si vous voulez en montrer tout l’intérêt. Vous avez ici à faire à une question assez clairement posée, qui n’attend une réponse de type « oui ou non » mais presque puisque c’est un choix entre deux stratégies qui est demandé au final. Dans une dissertation, ce qui compte c’est la construction de la pensée, la clarté et la pertinence des exemples et des arguments, la capacité à traiter le sujet entièrement (donc ici pas par exemple à se concentrer sur la méthode choisie) et rien que lui. Il n’est toujours possible, loin s’en faut, de trouver un plan complètement original ; mieux vaut un plan plus classique mais bien mené, qui permette d’organiser correctement ses idées. C’est pour cela qu’ici un plan dialectique (thèse-antithèse-synthèse) ma paraît plus que possible :

I – C’est la forme traditionnelle la plus efficace (c’est votre pensée et en plus c’est celle qui apparaît la plus évidente a priori ; dans une dissertation, on va en effet toujours du plus général et évident au plus précis et détaillé). Il vous faut alors trouver trois sous-parties pour défendre ce point de vue. Comme c’est votre idée de départ, je vous laisse voir comment organiser vos arguments sur ce point (on y retrouvera certainement le fait de s’adresser directement à l’intellect, d’avoir quelque chose de structuré qui puisse être exhaustif et permette de suivre, de voir où on veut en venir, qui reste factuel et s’appuie sur des théories démontrées, du rationnel etc.)

II - Mais peut-être que la fiction peut aussi être un bon moyen (il faudra bien sûr ménager vos transitions entre grandes parties, ici par exemple en disant que l’approche précédente est peut-être un peu trop cartésienne et ne convient pas forcément à tous les sujets et/ou toutes les personnes). Vous pourrez alors y détailler les arguments relevant du processus de persuasion dans ce cas : on touche d’abord les sentiments, c’est moins agressif, on permet aussi aux gens de rattacher des histoires plus personnelles aux thèmes évoqués, de jouer sur des processus comme le transfert ou l’identification par exemple, ; on ne dit pas non plus tout, il y a une pat d’imaginaire, de suggéré, ce qui permet à chacun d’appuyer sur les arguments qui lui paraissent le plus clair selon ses sensibilités ; certains points qui ne le touchent pas seront peut-être à peine conscientisés, mais ainsi on peut mettre beaucoup plus d’éléments, susceptibles de toucher plus de gens, sans rebuter les autres pour autant etc.

III – (après une nouvelle transition sur les limites possibles de cette méthode, justement par exemple que la trop grande part d’interprétation personnelle : est-on sûr que du coup la thèse exacte qui est défendue est bien passée, n’a pas été revue par le lecteur ? etc.). Il s’agit ici de montrer une synthèse : dans la plupart des cas, c’est la première méthode la meilleure pour tout ce qui a été dit avant et notamment la clarté et l’unicité du message délivré à tous (pas de réinterprétation personnelle par exemple). De plus, la deuxième méthode cherche en fait à faure réfléchir qu’à convaincre : on nous y donne en effet des éléments, parfois très divers, qui sont surtout là pour nous « titiller », revenir nous hanter un peu plus tard, nous obliger à nous poser des questions sur certaines choses ; certes, cela est aussi utile et salvateur, mais ne convainc pas, au sens où cela n’argument en faveur d’une thèse bien définie, dans le but d’en convaincre, d’en persuader le lecteur. On est alors beaucoup aussi souvent dans le « pathos », trop dans l’humain, et cela éloigne les faits, les éléments plus globaux, plus factuels, et emmènent vers des histoires très particulières, l’oubli des enjeux généraux, de la nécessité rationnelle de faire telle chose même si c’est moins bien pour un ou deux (possibilité d’écho à la politique ici) etc. Seuls quelques rares cas très précis, qui ne concernent alors qu’une ou deux personne(s), des champs d’action très réduits peuvent et doivent être traités sur un mode plus personnel, voir affectif.

En conclusion, vous pouvez donc montrer que la première méthode est à retenir dans beaucoup de cas pour la clarté de son message et la possibilité de convaincre vraiment, profondément, directement, sur des points précis, plutôt que de faire réfléchir. Vous pouvez à la limite ouvrir enfin sur un sujet connexe.

Vous voyez donc que sur ce sujet classique mais rendu un peu plus atypique par les précisions complémentaires, on peut même avec un plan classique, mener une vraie réflexion et l’alimenter de point précis. Avec ces bases de méthode et de réflexion, vous avez je pense de quoi finaliser votre réflexion et rédiger votre devoir. Sans oublier bien sûr les habituelles remarques de forme : qualité du style, mise en forme de paragraphes, rédaction de transition, orthographe etc. autant de points que vous connaissez bien, mais qui peuvent faire toute la différence !

Sur ces derniers conseils, je vous souhaite un bon travail.
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