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Commentaire de texte " liberté de penser" voltaire dico philosophique

Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 24/11/2007 - correction
                
Bonjour,

Dans le cadre des prestations proposées ici, je vous propose de voir comment orienter votre commentaire et construire des axes en fonction de vos premières réflexions. Vous pourrez ensuite, si vous le souhaitez, soumettre dans une autre demande de correction, votre rédaction une fois celle-ci terminée, avant de la rendre à votre professeur. Comme vous le savez, le but d’un tel commentaire est d’offrir une lecture complète, approfondie d’un extrait. Vos axes doivent donc permettre de couvrir l’ensemble du texte, qui doit aussi être cité par petits morceaux, et commenté juste après de façon précise. Il faut également associer constamment le fond et la forme : étudier les arguments bien sûr mais aussi les procédés stylistiques et tout le style, chose que vous avez bien senti ici comme en témoignent vos interrogations. Pour transcrire cette double analyse dans le choix de vos axes, vous pouvez soit prendre deux ou trois axes uniquement thématiques et développer dans chacun les considérations de forme que vous avez identifiées, soit pourquoi pas prendre un axe très orienté forme et un ou deux autres axes plus tournés vers un thème majeur. L’essentiel est que tout le texte soit couvert, que vos axes s’agencent de manière logique et progressive et qu’ils ne se recoupent pas, c’est-à-dire que des pans entiers de l’explication ne soient redits dans différents axes. Ce choix vient donc au cas par cas.

Pour l’extrait qui nous intéresse, vous l’avez bien vu, il y a d’une part le fond avec ce thème de la liberté de penser, qui est ici relié de façon forte au problème de la religion et de l’Inquisition et de la liberté de l’homme par rapport à tout cela. Mais il y a aussi comme vous le dites, une forme très spéciale dans cet article : un dialogue argumentatif avec toute une série de procédés rhétoriques bien spécifiques.

Il me semble donc de reprendre l’ensemble de vos réflexions premières et d’essayer de les articuler comme suit en tenant compte du point méthode précédent :

- dans un premier temps, premier axe, on s’intéresse à la forme de l’article : un dialogue argumentatif aux procédés rhétoriques particuliers ; cet axe permet en effet de commencer par des choses très générales : la forme globale est la première chose qui frappe à la lecture de l’article, et on peut facilement lier fond et forme, tout en se rapportant au thème de la liberté de penser. On est ici en présence d’un dialogue rhétorique : pourquoi ? Car c’est une forme accessible à tous, qui est plus marquante et plus facile à accrocher qu’un long discours théorique ; de plus, cela s’insère dans une histoire plus générale et les faits passés de cette histoire permettent de mieux les personnages, leurs façons de faire et de penser, et donc cela est plus efficace, cela fait gagner du temps. De plus, dans une histoire, on peut quelque grossir le trait, susciter l’adhésion et la compréhension plus facilement que par un long discours. Vous pouvez déjà donc montrer en quoi l’utilisation de cette forme est judicieuse pour Voltaire, et aussi symbolique : un échange verbal entre deux personnes d’avis contraire pour parler de la liberté de penser justement ! Ensuite, il faudra aller vers tous les points que vous avez commencés à évoquer : les répliques de l’un sont bien plus longues que celles de l’autre ; Médroso se contente de répliques courtes, banales, qui permettent à son interlocuteur de rebondir et de lui apporter des réponses fournies ; de plus, les répliques de Médroso sont en effet souvent tournées en ridicule, que ce soit par la forme ou par le fond des exemples et des arguments. Et Boldmind utilise lui toutes les tournures rhétoriques traditionnelles : l’argument d’autorité, le développement d’exemples et notamment d’exemples réels (comme celui de Londres), donc qui font foi de par leur véracité historique ; il pratique aussi une sorte de maïeutique à la Socrate en faisant pousser les raisonnements de son interlocuteur jusqu’au bout pour l’amener à se contredire lui-même et appuie sur ces contradictions (l’Eglise empêche les autres pensées en quelque sorte, mais si les premiers Chrétiens n’avaient eux-mêmes pas agi ainsi face à la religion qui dominait à l’époque, l’Eglise catholique n’aurait elle-même pas vu le jour : elle critique donc en quelque sorte ce qui lui a permis de devenir ce qu’elle est). Boldmind utilise également les mots clefs de ses adversaires comme « dogme » pour les renverser à son avantage etc. Vous avez donc je crois matière à nourrir ce premier axe en montrant comment la forme de ce dialogue argumentatif et tous les procédés utilisés (allez voir aussi du côté des métaphores et autres figures de style) concourent déjà à convaincre, persuader le lecteur, certes en avançant des arguments sur la thèse défendue par Voltaire, mais surtout en tournant ses adversaires en ridicule : en quelque sorte, la meilleur stratégie est ici l’attaque. C’est une tactique, qui n’exclut pas le fond, mais joue beaucoup sur la forme ; c’est en tout cas ce qui est le plus frappant à la première lecture ; ensuite, ceci expliqué, on peut aller plus dans le détail des arguments, vers le plus précis ;

- passons ensuite au fond à plus proprement parler : la première grande critique est adressée comme vous le dites à l’Eglise ; il est donc intéressant de revenir sur la critique de l’Eglise et de sa façon de voir la liberté de penser (beaucoup au début de l’extrait) : contradiction avec le contexte de son apparition évoquée dans le paragraphe précédent, l’existence de nombreuses religions qui interdisent toutes d’aller vers les autres (qu’en penser dès lors ? laquelle croire ?), le débat sur le protestantisme et la différence Europe du Sud (France, Portugal) / Europe du Nord (Angleterre, Danemark etc.) expliquée : des façons différentes de croire au même Dieu, pourquoi condamner cela ? au nom de quoi ? Il y a-t-il une bonne et une mauvaise façon de croire ? L’essentiel n’est-il pas de trouver ce dont on a besoin, même si on ajoute quelques croyances personnelles, un peu arrangées ? Vous avez aussi l’image du tyran et la référence à l’argent, qui est là pour accentuer les contradictions de l’Eglise, montrer qu’elle se détourne aussi de son objet premier et que cela joue sur sa crédibilité : ce n’est pas le débat principal mais toutes ces allusions concourent à faire pencher la balance chez le lecteur. Là aussi, avec ce que vous avez commencé à voir, il y a je crois de quoi analyser la façon de voir de l’Eglise en matière de liberté de penser, et la critique que l’on peut en faire ;

- enfin, une dernière analyse, plus subtile peut-être et moins directement annoncée et faite par Voltaire sur cette question ; il s’agit de la capacité de l’homme à « apprendre à penser » ; plus que la religion, c’est l’homme qui est ici la mesure de la chose, et il n’est jamais trop tard pour apprendre à penser et penser librement : c’est un long cheminement, qui résulte d’un apprentissage, d’une réflexion, d’une libération de tout un tas de contraintes. La liberté de penser c’est un choix en même que temps que quelque chose de « normal », inhérent à l’homme mais qu’il faut se donner la peine de développer ; mais dire que c’est un choix (cf. fin du texte) signifie aussi que certains hommes sont bien contents, se satisfont d’une situation où on leur dit quoi penser (image des galères) ; dans ce cas tant pis pour eux ! La liberté de penser, c’est aussi ne pas forcer les autres justement à être libres dans leurs pensées (on est parfois aussi dans la notion de tolérance) ; pour être logique jusqu’au bout, il faut aussi accepter que certaines personnes se complaisent à penser des choses toutes prêtes, conçues par d’autres.

Nous venons donc de voir comment construire un plan progressif, qui couvre tout le texte et allie tout le temps fond et forme. Il vous reste à mettre tout cela en forme, à bien identifier les arguments et les exemples, à voir comment organiser la rédaction pour ménager des transitions, faire un bilan en conclusion, insérer le texte de Voltaire dans vos explications etc. Bref, les habituels conseils de forme ; le commentaire est là pour donner une lecture complète et un tant soit peu personnelle et réfléchie d’un passage, mais aussi pour présenter quelque chose de structuré et élégant : la forme compte donc beaucoup dans la notation.

Sur ces dernières recommandations, je vous souhaite un excellent travail.
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